"Désormais, j'ai peur dans mon propre village". Nada, qui a toujours vécu à Beit Chebab, raconte à l'Orient-Le jour son réveil à 3h du matin dans la nuit de vendredi à samedi par "des coups de feu qui ont duré une demi-heure". À l'origine des tirs dans cette localité du Metn (Mont-Liban), des accrochages armés entre membres de branches rivales du Parti social national syrien (PSNS), autour d'un local convoité par les deux factions.
L'incident n'a pas fait de blessé, selon le président de la municipalité de Beit Chebab, Elias Achkar. Mais le flou plane autour des circonstances exactes de ces affrontements qui impliquent des partisans de l'ex-ministre Assaad Hardane, qui avait été reconduit à la tête du PSNS en 2016 puis s'était retiré après une forte vague de contestation, et son président actuel, Rabih Banat. Depuis que M. Hardane a renoncé à son poste, ses relations avec le parti se sont tendues.
"Mafia organisée" contre "bande d'usurpateurs"
Le site officiel du PSNS s'est empressé de réagir dans un communiqué publié samedi. "Un bureau du Parti en cours de rénovation a fait l'objet de deux tentatives de saccage et d'invasion, par des groupes armés affiliés à une personnalité dont les mains sont tachées du sang des innocents et de l'argent du Trésor de l'Etat, et que le Parti avait écartée", indique le texte.
Personnalité "écartée" par le parti : comprenez Assaad Hardane, confirme à L'Orient-Le Jour un ancien porte-parole du PSNS qui souhaite conserver l'anonymat. "Le bâtiment appartient aux affiliés de M. Banat, et ceux qui l'ont attaqué sont des hommes de Hardane. C'est bien connu", affirme-t-il.
L'Orient-Le Jour a tenté de contacter Assaad Hardane, sans succès.
En février 2021, une poignée de miliciens armés pro-Hardane avaient occupé une permanence du parti à Batroun (Liban-Nord), provoquant des tensions dans la ville.
Le communiqué du PSNS soutient que des individus armés "ont tenté d'occuper le bâtiment en tirant des coups de feu pendant un temps assez long, de façon hostile et barbare, à la manière des terroristes et des mafieux. Mais ils ont échoué et sont partis sans obtenir ce qu'ils voulaient", poursuit le texte, qui dénonce "une mafia organisée (...) une bande qui se comporte selon une logique illégale et anti-étatique" et exhorte les appareils sécuritaire et judiciaire à sanctionner les responsables "d'une main de fer".
Mais Maan Hamiyé, qui se présente comme le "responsable des médias" du PSNS et revendique son affiliation à M. Hardane, défend une toute autre version publiée sur un autre site qui se réclame du parti. Ce second texte dénonce "une bande d'usurpateurs armés qui a envahi un bâtiment à Beit Chebab qui appartient au PSNS, loué sous contrat à un particulier. Ils ont kidnappé et torturé le locataire puis l'ont jeté dans la rue, après lui avoir volé son téléphone, ses papiers et son contrat de location" détaille-t-il. Il garantit qu'une plainte sera déposée et fustige une "tentative de masquer la vérité pour transformer le lieu en repaire de cette clique", une allusion à la branche officielle du parti.
"Nous appelons les Metniotes à ne pas céder aux plans de cette bande armée, qui exécute un agenda douteux pour fausser l'image du PSNS dans les yeux et les consciences des habitants de Beit Chebab" poursuit le texte. "Nous représentons le PSNS officiel, légal, celui est reconnu et habilité par l'Etat", renchérit M. Hamiyé, contacté par L'OLJ. "Le Parti est divisé, et ces gens tentent de mettre en place un repaire de mafieux", dénonce-t-il.
Commentaire de Samy Gemayel, la municipalité "neutre"
Le président de la municipalité de Beit Chebab, Elias Achkar, indique à L'OLJ que "l'armée est arrivée et les a rapidement calmés", ajoutant que personne n'a été blessé. "Ils se tirent dessus entre eux, je ne veux pas me mêler de ces histoires", souffle-t-il d'un ton las, avant d'affirmer vouloir "rester neutre". "La seule chose que je sais, c'est que le propriétaire des lieux n'est pas lié au PSNS et que cet endroit ne leur revient pas de droit", confie-t-il toutefois. Également contactée, l'armée indique n'avoir aucune information sur cet incident.
إشتباكات ليل أمس في بيت شباب بين أطراف من الحزب السوري القومي غير مقبولة وندعو القوى الأمنية إلى منع تكرار هذه الممارسات من قبل حزب لا يعرف سوى العنف والإجرام حتى في شؤونه الداخلية.
— Samy Gemayel (@samygemayel) April 22, 2023
الى اهالي بيت شباب نحن الى جانبكم وسنقوم بكل ما يلزم لتكونوا آمنين في بلدتكم العزيزة.
Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a publié un tweet samedi, affirmant que "les affrontements à Beit Chebab sont inacceptables. Nous appelons les forces de sécurité à empêcher que ces exactions se répètent, faites par un parti qui ne connaît que la violence et le crime, y compris dans ses affaires internes", poursuit-il. Avant de finir par cette phrase : "Aux habitants de Beit Chebab, nous sommes à vos côtés et nous ferons tout notre possible pour que vous soyez en sécurité chez vous". Des propos auxquels le communiqué du site non-officiel du PSNS affilié à Assaad Hardane a répondu, étrillant "ces Kataëb meurtriers" dans son texte, alors qu'une rivalité historique oppose les Kataëb au PSNS.
Le parti des « Losers »…. Des voyous à la solde de n’importe qui et n’importe où.
07 h 52, le 25 avril 2023