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Campus - RENCONTRE

L’ESA : l’excellence internationale accessible au plus grand nombre

Cette année, l’école supérieure des affaires célèbre son 27e anniversaire. Entretien avec Maxence Duault, directeur général, pour revenir sur les étapes qui ont marqué l’histoire de la première école de commerce créée au Liban.

L’ESA : l’excellence internationale accessible au plus grand nombre

Maxence Duault, directeur général de l’ESA. Photo ESA

Quel bilan tirez-vous des 27 ans d’existence de l’ESA ?

Le principal bilan que je tire de ces 27 années d’existence de l’ESA est la pertinence de notre modèle, en particulier au Liban. Par « pertinence de ce modèle », j’entends la capacité de l’ESA à attirer des professeurs et des diplômes internationaux au Liban. Cette pertinence existait déjà lors de sa création dans les années 90, alors que le Liban se reconstruisait après la guerre civile et que nous devions lutter contre la fuite des cerveaux, des cadres et des dirigeants qui partaient faire des Executive MBA à l’étranger et qui ne revenaient parfois pas, faute d’offres similaires ici. Je tiens à rappeler que nous sommes la toute première école de commerce créée au Liban et la première à délivrer des MBA pour les cadres dirigeants. Aujourd’hui, 27 ans plus tard, cette pertinence est malheureusement toujours d’actualité, car il est encore nécessaire de proposer l’excellence académique et l’expérience internationale aux personnes qui ne souhaitent pas partir ou qui ne peuvent pas partir. C’est ce que je retiens principalement de ces 27 années.

Comment décririez-vous l’ESA en chiffres ?

En termes d’impact, l’ESA compte plus de 500 étudiants inscrits dans des programmes diplômants, près de 900 personnes qui suivent des programmes courts en Executive Education au Liban et dans la région, ainsi qu’un réseau de plus de 5 000 anciens étudiants. L’école a également organisé un nombre record de 160 événements l’année dernière, accueillant 8 000 personnes pour des conférences de haut niveau, des petits déjeuners de management et d’autres événements.

Quelles sont les réalisations dont l’ESA est particulièrement fière ?

Nous sommes fiers de tout ce que nous faisons, mais je voudrais me concentrer sur trois programmes en particulier : le Bachelor, les MBA et l’incubateur.

En ce qui concerne le Bachelor, nous avons un partenariat avec l’ESSEC Business School qui offre un double diplôme avec un programme classé numéro 1 en France. Nous sommes extrêmement fiers de ce programme car il permet aux étudiants de rester à Beyrouth tout en bénéficiant d’un enseignement exceptionnel dispensé par des professeurs de renom. De plus, les diplômés ont la possibilité de poursuivre leurs études dans les meilleures écoles de commerce du monde, telles que la London School of Economics, HEC Paris, ESCP Business School, Instituto de Empresa, Esade ou encore McGill. Ce programme permet donc aux étudiants de rester au Liban ou de partir à l’étranger en étant parfaitement préparés.

Deuxièmement, nous sommes particulièrement fiers de nos MBA en partenariat avec l’ESCP Business School. Ce sont des programmes double diplôme qui permettent aux cadres et dirigeants de bénéficier d’un enseignement de qualité mondiale tout en restant au Liban. Les diplômés de ces programmes ont eu des carrières exceptionnelles au Liban, à l’étranger et dans la région. Nous sommes donc très fiers d’accompagner ces leaders de demain.

Le dernier point dont nous sommes fiers est notre incubateur, Smart ESA, qui a aidé plus de 200 entrepreneurs à créer plusieurs douzaines de start-up et près de 80 projets en cinq ans. Bien que la plupart des start-up ne se trouvent plus au Liban, nous sommes heureux de pouvoir les aider à maintenir des liens avec le pays et de les aider à structurer des emplois ici. Nous comprenons que les formalités administratives et bancaires sont compliquées pour les jeunes start-up au Liban, ce qui les pousse souvent à établir leur siège social ailleurs. Cependant, nous sommes fiers de pouvoir former, accompagner et offrir l’excellence ici au Liban et de permettre aux entrepreneurs libanais de réussir dans un contexte difficile.

Qu’est-ce qui distingue l’ESA des autres écoles de commerce au Liban et dans la région ?

Pour moi, les diplômes délivrés par l’ESA sont les meilleurs au Liban. Aujourd’hui, il n’y a pas d’équivalent car la crise a accentué les différences avec les autres écoles de commerce. En effet, ces dernières sont, du point de vue de la qualité pédagogique, confrontées à des difficultés plus ou moins importantes, notamment en raison du départ de nombreux professeurs, y compris dans les universités américaines. En revanche, l’ESA a renforcé son corps professoral pendant la crise pour maintenir son excellence et parce que son modèle le permettait. Nous avons été réaccrédités par l’Association of MBAs pour la durée maximale de cinq ans en juin et avons également obtenu une nouvelle accréditation, BGA (Business Graduate Association), qui couvre l’ensemble de nos programmes. La crise a donc accentué l’écart entre l’ESA, qui peut maintenir un niveau international à Beyrouth grâce à son modèle, et les autres universités qui doivent survivre à la crise et ont été malheureusement impactées au niveau qualitatif.

En ce qui concerne la région, nous sommes de plus en plus présents aux Émirats arabes unis, au Qatar et à Oman. Nous constatons que les grands groupes régionaux sollicitent de plus en plus notre accompagnement dans leur transformation. Nos activités de conseil aux entreprises figurent parmi les activités qui nous ont permis de survivre à la crise. En effet, elles ont permis de croître d’environ 40 % nos activités en Executive Education, c’est-à-dire les formations sur mesure non diplômantes, en particulier dans la région. Comme une entreprise peut s’adapter en exportant ses produits, nous avons d’une certaine manière exporté nos formations, ce qui nous a permis de sauver Beyrouth.

Qu’avez-vous fait durant la crise pour préserver la qualité de vos programmes ?

Notre première volonté pendant la crise a été de préserver la qualité de nos programmes. Avant même de penser au contenu pédagogique, les professeurs étaient ma priorité. Il n’y a pas de bons programmes, d’universités de qualité ou de diplômes performants s’il n’y a pas de bons professeurs ou s’il n’y a plus de professeurs du tout. L’une des particularités de l’ESA est que dès le début de la crise, une décision forte a été prise qui consistait à continuer à payer les professeurs en « fresh money » et à organiser la transformation de l’école autour de cette priorité. La plus grande victoire pédagogique de l’école, à mon sens, est de n’avoir perdu aucun de ses professeurs durant les années de crise, tout en continuant à proposer des diplômes qui, je dirais même, sont devenus meilleurs car nous avons réadapté les contenus pour répondre aux besoins du moment. Aujourd’hui, dans chacun de nos programmes, nous avons intensifié tous les contenus liés à la transformation digitale et proposé de plus en plus de cours axés sur la gestion de la crise et tout ce qui permet de développer des compétences d’adaptation de l’étudiant, notamment la pensée critique et la résolution de problèmes. Tout cela permet finalement aux cadres dirigeants de s’adapter aux changements rapides de leur environnement. Je tiens à souligner que ce postulat de base ne concerne pas uniquement les Libanais. Nous sommes désormais dans un monde VUCA (volatil, incertain, complexe et ambigu en anglais), un constat que nous avions déjà fait depuis plusieurs années. C’est pourquoi nous avons réadapté la compétence première d’un cadre, d’un dirigeant ou d’un futur leader, c’est-à-dire sa capacité à s’adapter à un environnement international extrêmement volatile et complexe.

Quels sont les principaux atouts des diplômés de l’ESA ?

C’est vraiment leur capacité d’adaptation qui passe à la fois par des compétences techniques que nous travaillons beaucoup, à savoir les « hard skills », les compétences du manager, telles que les compétences financières, les compétences en matière d’organisation, de ressources humaines, de marketing et de communication. Mais il y a également une dimension de « soft skills », car savoir s’adapter à l’autre, c’est également être capable d’interaction. Certaines études de Harvard parlent de l’empathie comme l’une des clés du grand leader, car cela implique la capacité de comprendre l’autre et de s’adapter à lui. Je crois que c’est une clé assez importante dans tous les domaines, comme la communication efficace, la gestion d’équipe, la tenue de réunions, la prise de parole en public, etc. Toutes ces compétences sont des compétences-clés car elles permettent de s’adapter et de guider des équipes malgré la crise.

Pour mémoire

L’ESA Business School classée à la 5e place mondiale par le « Financial Times »

Le troisième niveau pour nous est de travailler en sus des compétences techniques et sociales, sur le critical thinking (pensée critique) et le problem solving (résolution de problèmes). Ce sont des capacités de lecture du monde qui nous entoure, qui incluent la lecture de l’actualité, de la situation géopolitique, des situations économiques, de la macroéconomie et l’intelligence financière. Tout cela doit être associé aux enjeux actuels liés à la donnée, à la data, à la transformation digitale et à l’intelligence artificielle. Chaque programme a été adapté en fonction de ces enjeux, en rajoutant des modules. Nous avons une pratique pédagogique à l’ESA qui fait que chaque programme est revisité et modifié chaque année. Nous avons un comité pédagogique avec des directeurs scientifiques internationaux qui infusent ces programmes des meilleures pratiques internationales. Cela nous permet d’améliorer chaque année, de rajouter des modules, de changer des professeurs pour pouvoir s’adapter aux besoins du marché.

De quelle manière les diplômés de l’ESA contribuent-ils à l’économie locale ?

Pour nous, l’impact sur les entreprises, en particulier la création d’emplois, est crucial. Avant la crise, des études avaient montré que les talents formés à l’ESA avaient créé des milliers d’emplois dans la région. Aujourd’hui, il est plus difficile d’avoir des données précises sur l’impact, mais je sais que la formation dispensée à l’ESA continue de jouer un rôle important dans la création d’emplois et de richesses. Nous accompagnons de nombreuses entreprises grâce à des programmes sur mesure, notamment en Executive Education. Pendant la crise, nous avons aidé les PME à travers des programmes de transformation digitale et de gestion de crise, contribuant ainsi à sauver des entreprises et à reconstruire leur modèle d’affaires. Nous travaillons également avec de grands groupes de la région en matière de culture d’entreprise, y compris à l’international.

Nous constatons également un impact direct sur les étudiants en termes d’insertion professionnelle. Sur le Bachelor et le master international en management, les taux d’insertion professionnelle sont d’environ 95 %, ce qui est remarquable, même par rapport à la France, où la majorité des diplômés obtiennent des emplois de qualité, y compris à l’étranger.

L’objectif de l’ESA est de promouvoir la méritocratie et de permettre à tous les Libanais de bénéficier de ces programmes internationaux de haut niveau. Photo tirée du site web de l’ESA

Quels sont les principaux défis auxquels l’ESA est confrontée ?

Le principal obstacle que nous devons surmonter pour les années à venir est financier. La crise a malheureusement touché tous ceux et celles qui devaient étudier à l’ESA. Notre priorité est de maintenir l’excellence et la qualité de nos programmes, tout en permettant à un maximum de Libanais d’en bénéficier. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une aide financière. Il est important de souligner que l’ESA n’a reçu aucune aide directe pendant la crise et que nous avons dû nous débrouiller seuls. Nous avons récemment lancé une campagne de collecte de fonds pour nos futurs étudiants, afin de leur offrir des bourses et de maintenir des frais de scolarité raisonnables. Notre objectif est de garder les frais de scolarité inférieurs à ceux de 2019, peut-être de l’ordre de 70 à 80 % de leur montant précédent, pour des programmes qui coûteraient bien plus cher à l’étranger. Nous encourageons également les étudiants à postuler tôt en offrant des avantages financiers.

Notre second objectif est de fournir davantage de bourses. En 2017, seulement 10 bourses étaient attribuées. Nous en offrons actuellement 200 pour 500 étudiants, et notre objectif pour la rentrée 2023-2024 est d’en offrir 250. Attribuées sur la base de critères sociaux et d’entretiens, les bourses peuvent couvrir jusqu’à 80 % des frais de scolarité. Notre objectif est de promouvoir la méritocratie et de permettre à tous les Libanais de bénéficier de ces programmes internationaux exceptionnels.

Quels sont les axes de votre plan stratégique pour les années à venir ?

L’ESA travaille sur un double plan, avec un plan en six points pour faire face à la crise et transformer l’école pour survivre, et un plan d’orientation stratégique à l’horizon 2027 axé sur la notoriété de l’école et la mise en avant de ses talents et de ses réseaux. L’objectif est de se déployer et de mieux faire connaître l’institution.

Actuellement, l’ESA travaille à renforcer sa présence dans la région avec des actions ponctuelles de formation continue pour montrer la qualité de ses programmes. L’école est plus connue pour la qualité de ses programmes que pour des budgets de communication importants. L’objectif est de permettre à un maximum de Libanais de bénéficier de programmes d’excellence, notamment en levant des fonds pour offrir des bourses et maintenir des tarifs de scolarité raisonnables.

Un mot de la fin ?

Pour l’ESA, ce qui importe le plus, ce sont les Libanais et leur avenir. Bien que née de l’amitié entre la France et le Liban, notre école reste profondément libanaise.

Ce à quoi je tiens le plus aujourd’hui ? C’est de contribuer à la préservation des talents libanais, car je suis convaincu que peu importe la situation, le Liban doit conserver ses talents. Sans eux, il n’y aurait pas de Liban. Nous avons donc un rôle essentiel à jouer pour que le pays conserve sa richesse et sa production principale.

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Quel bilan tirez-vous des 27 ans d’existence de l’ESA ? Le principal bilan que je tire de ces 27 années d’existence de l’ESA est la pertinence de notre modèle, en particulier au Liban. Par « pertinence de ce modèle », j’entends la capacité de l’ESA à attirer des professeurs et des diplômes internationaux au Liban. Cette pertinence existait déjà lors de...

commentaires (1)

Bravo! Felicitations a l'ESA et ses leaders, Professeurs et eleves! Une fierte pour le Liban, la France et toute la region!

Sabri

05 h 04, le 22 avril 2023

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Commentaires (1)

  • Bravo! Felicitations a l'ESA et ses leaders, Professeurs et eleves! Une fierte pour le Liban, la France et toute la region!

    Sabri

    05 h 04, le 22 avril 2023

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