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Politique - Présidentielle au Liban

Bassil : "Nous sommes contraints au dialogue"

Le chef du CPL affirme être "un candidat logique et naturel" à la présidence de la République et critique le Premier ministre, le gouverneur de la BDL... et le Hezbollah.

Bassil :

Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil lors de notre podcast "Aux urnes citoyens !", face à notre rédacteur en chef Anthony Samrani. Photo OLJ

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a reconnu dimanche être "contraint au dialogue" au sujet de la présidentielle au Liban, qui piétine depuis des mois, alors que le pays est sans chef d'Etat depuis la fin du mandat du fondateur du CPL, l'ex-président Michel Aoun. L'appel de M. Bassil survient alors qu'il est plus que jamais isolé sur la scène politique, ses liens s'étant détériorés avec son allié le Hezbollah, notamment depuis que celui-ci a officialisé son soutien à Sleiman Frangié pour la présidentielle.

Dans un long discours prononcé lors du huitième Congrès national du CPL dimanche, le chef du parti a, comme à son habitude, fait feu de tout bois : attaques incendiaires contre le Premier ministre sortant Nagib Mikati et sa décision de reporter le passage à l'heure d'été, appel au retour des réfugiés syriens dans leur pays, et critiques contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, tout en taclant le Hezbollah.

Le dialogue ou la violence

"Aujourd'hui, les questions sont existentielles et les choix déterminent le destin, celui de la République et de sa pérennité. L'effondrement s'accélère et nous oblige à trouver des solutions, pas juste à décrire les problèmes", a lancé Gebran Bassil. "Nous possédons la force de proposition, mais seuls nous n'avons pas la solution. Toute proposition peut être individuelle, mais la solution est collective", a-t-il poursuivi avant d'insister sur son appel au dialogue :  "Le Liban, son entité, son Etat, son modèle et son message sont en danger, nous sommes tous en danger si nous continuons à nous confronter les uns et les autres et à refuser le dialogue comme voie de sauvetage", a-t-il estimé.

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"Il n'y a pas de majorité parlementaire à un seul camp au Liban, et il n'y en aura jamais. Nous sommes contraints au dialogue et devons nous mettre d'accord, il faut arrêter de nous trahir les uns et les autres car le consensus est la seule solution", a reconnu le chef du CPL devant ses partisans. "L'alternative au dialogue, c'est la violence. Et même la violence se résout par le dialogue. Sauf si quelqu'un pense pouvoir en découdre avec l'autre", a-t-il dit, avant de s'adresser à l'ensemble des autres forces politiques, sans les nommer : "Construisons par le dialogue un modèle économique nouveau, entendons-nous sur la modernisation du système et la protection de la souveraineté du Liban dans les bouleversements actuels de la région et du monde."

Lors de la révolte populaire d'octobre 2019, Gebran Bassil était l'une des figures politiques les plus honnies par la rue, ses détracteurs l'accusant de corruption, tout comme les Etats-Unis qui l'ont sanctionné dans ce même cadre. M. Bassil se défend de toutes ces accusations.

"Ils veulent un président qui recule l'heure..."

Concernant la présidentielle, le chef du CPL a affirmé sous les applaudissements des sympathisants : "Je suis un candidat logique et naturel, en tant que chef du CPL à la tête du plus grand groupe parlementaire. Je ne me suis pas porté candidat pour ne pas être la cause de la vacance". Et de critiquer "une campagne lancée contre nous" par le reste des forces politiques qui "ont fait des paris ratés sur la division et l'émiettement de notre parti".

"La classe dirigeante a tenté pendant six ans de bloquer le président fort (Michel Aoun, parti le 31 octobre dernier) et de rassembler les gens contre lui. Ils ont tout fait pour le faire tomber et n'ont pas réussi !", a clamé le gendre de l'ex-chef de l'Etat. "Aujourd'hui ils veulent ramener le président faible, qui soit entre leurs mains", a-t-il dit, sans préciser à qui il faisait référence.

Eclairage

La traversée du désert de Gebran Bassil

M. Bassil en a profité pour ironiser sur le report du passage à l'heure d'été, qui continue de créer la polémique au Liban depuis une décision prise jeudi par le Premier ministre sortant Nagib Mikati. "Ils veulent un président qui recule l'heure du pays, plutôt que d'avancer vers l'heure de la réforme. Je leur dis : l'heure est venue, même si vous nous la ramenez en arrière !", a-t-il lancé.

"Nous voulons un président qui soit le fruit d'une entente, soutenu clairement en toutes circonstances. Pas comme ce qui s'est passé avec Michel Aoun. Il est temps de sortir du refus et d'aller vers l'entente", a-t-il répété en insistant à plusieurs reprises sur son appel au dialogue.

"Ils veulent la Résistance d'abord et le pays ensuite ; nous voulons l'inverse"

Abordant ses relations avec le Hezbollah, qui se sont récemment détériorées, le chef du CPL a affirmé  que ce parti lui a "répété qu'il lui est impossible de proposer un nom ou d'accepter la candidature de quelqu'un que je ne cautionnerais pas. Quand je leur ai demandé s'ils pouvaient réunir 65 voix pour Sleiman Frangié sans nous, ils se sont vexés !", a-t-il lancé.

Analyse

Le Hezbollah rattrapé par son ombre

"Ils veulent la Résistance d'abord et l'Etat ensuite, qui la protège. Nous voulons l'inverse, d'abord un Etat puis une Résistance qui le protège. Pour nous, ces deux demandes sont réalisables si on se met d'accord sur un président", a estimé le chef du CPL. Il a également défendu une position du Liban "avec les meilleures relations avec les pays du monde et notamment ceux du monde arabe, en particulier le Golfe". Avant de tempérer : "Mais nous refusons tout ce qui menace notre existence. On ne veut pas que l'orientation vers l'Est constitue une vexation de l'Ouest, ni que l'orientation vers l'Ouest soit une agression de l'Est".

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, appelle régulièrement le Liban à s'orienter vers l'Est, notamment vers la Chine, pour le sortir de la crise.

Mikati, Salamé et appel à la rue

Comme à son habitude, le député de Batroun a émaillé son discours de critiques incendiaires contre le chef du cabinet sortant Nagib Mikati, faisant référence à la récente polémique suscitée par le Premier ministre sortant qui avait affirmé que les chrétiens étaient seulement 19,5% de la population du Liban.

M. Bassil a également demandé "l'annulation du décret de naturalisation n°94 (qui accorde la nationalité libanaise à certains étrangers, ndlr) et d'appliquer la la loi sur le recouvrement de la nationalité, d'interdire aux Syriens qui ne sont pas des déplacés d'entrer au Liban, et d'obtenir le retour des déplacés syriens chez eux chez eux".

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Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé a également fait les frais des critiques du chef du CPL. "Que ceux qui nous disent corrompus publient leurs comptes comme je l'ai fait moi-même. Qu'ils fassent une loi de transparence sur le secret bancaire, qu'ils poursuivent Riad Salamé !", a-t-il déclaré. "Les crimes du gouverneur sont nombreux, et ses circulaires volent tous les jours et ouvertement les épargnes des déposants, par de nombreux taux de change du dollar", a-t-il soutenu, alors que la monnaie nationale continue de s'effondrer face au billet vert.

M. Salamé est poursuivi au Liban et dans plusieurs pays européens pour soupçons de corruption. Honni par une partie des Libanais et de la classe politique, le patron de la BDL, en poste depuis 1993, se défend régulièrement contre ces accusations.

Haranguant ses sympathisants, Gebran Bassil a conclu son discours par une envolée : "Préparez-vous à descendre dans la rue !", a-t-il répété, sans préciser de date ni de mobilisation concrète.

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a reconnu dimanche être "contraint au dialogue" au sujet de la présidentielle au Liban, qui piétine depuis des mois, alors que le pays est sans chef d'Etat depuis la fin du mandat du fondateur du CPL, l'ex-président Michel Aoun. L'appel de M. Bassil survient alors qu'il est plus que jamais isolé sur la scène politique, ses...

commentaires (13)

Fini , les dialogues, les monologues et sournoiseries interminables ! Il est grand temps de s’unir aux FL et autres forces libanaises libres sans tergiverser ni discuter pour sortir de cet enfer.

Wow

14 h 36, le 27 mars 2023

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Fini , les dialogues, les monologues et sournoiseries interminables ! Il est grand temps de s’unir aux FL et autres forces libanaises libres sans tergiverser ni discuter pour sortir de cet enfer.

    Wow

    14 h 36, le 27 mars 2023

  • Il ne faut continuer à nous trahir les uns les autres dit il? Il n’y a que quelques uns qui ont trahi tout le monde à commencer par le peuple et continuent de le faire pour achever le pays en espérant rester dans n’importe placard de l’état pour croire qu’ils existent encore. Suivez mon regard. Ses discours fleuves viennent confirmer nos soupçons quant à ses remords et son envie de rejoindre les patriotes. Ils sonnent faux et comportent des messages adressés à ses maîtres pour les convaincre de le reprendre pour continuer sa mission de sape à laquelle il n’a jamais renoncé. Fourbe et hypocrite comme il est, il n’y a que les demeurés qui croient à son statut de repenti.

    Sissi zayyat

    13 h 29, le 27 mars 2023

  • - JUSTICE ET DEMOCRATIE, - INCONNUES EN CE JOURNAL, - QUI SE TARGUE, AVEC MYOPIE, - DE FAIRE LA GUERRE AU MAL, - QUI PUNIT AVEC EXTREME, - TOUTE AFFRANCHIE EXPRESSION. - QUAND IL APPLIQUE DE MEME, - LA CENSURE POUR SANCTION. - IL NE RESTE QU,A DICTER, - SON AVIS A L,ABONNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 17, le 27 mars 2023

  • Il faut que la république s’effondre sur la tête de ses dirigeants. Il n’y a pas d’autres moyens de s’en débarrasser.. On comptera les dégâts plus tard. Moins que de maintenir le statu quo en tous cas !

    LeRougeEtLeNoir

    21 h 39, le 26 mars 2023

  • Il déclare: reconnaître être "contraint au dialogue" au sujet de la présidentielle au Liban.. Pourtant dans un passé récent il était allié avec l’actuel candidat à la présidence Moawad, qu’attend il pour franchir le pas ? En outre il demande à Salamé de publier publiquement ses comptes comme il l’a fait lui même… Il n’en est rien de tout cela , sauf peut-être un document certifié publié par une ONG ( initiative Gherbal) qui mentionne 55 biens immobiliers qu’il détiendrait….

    C…

    20 h 24, le 26 mars 2023

  • Il ratisse large le père Bassil, et ne manque pas d'idées (et de formules à l'emporte-pièce) pour revenir sur le devant de la scène. Cela suffira-t-il ?

    Ca va mieux en le disant

    19 h 57, le 26 mars 2023

  • Réellement écœurant !

    TrucMuche

    18 h 32, le 26 mars 2023

  • Populisme de basse-cour

    Lunarossa

    18 h 30, le 26 mars 2023

  • Eh oui ! Il fallait s'y attendre. Bassil rejoint Berri dans son appel au "dialogue". Bon sang ne saurait mentir...... (Rej3et Halime ala 3adeta al adimeh".

    Michel Trad

    18 h 17, le 26 mars 2023

  • J'ai envie de manger un steak ce soir. Pas vous ?

    Georges Calache

    17 h 40, le 26 mars 2023

  • Sachez qu’il n’y aura pas de solutions avec des hommes comme vous au pouvoir. Vous êtes la cause de tous nos problèmes. Dégagez tous, c’est la seule solution à nos problèmes.

    Achkar Carlos

    16 h 57, le 26 mars 2023

  • "Ils veulent un président qui recule l'heure du pays, plutôt que d'avancer vers l'heure de la réforme." Ha ha ha ha! Si tu deviens president (Calife a la place du calife octagenaire) Iznogood, sanctionne, serveur de table des barbus, le pays reculera d'un siecle et non d'une heure.......Deja vous avez fait reculer le pays de decennies durant votre 'regne fort' (pour etre juste la, avec l'aide des autres politiciens et partis arrieres et corrompus, ainsi que vos allies les mercenaires armes: vous avez fait un 'team work' vers la destruction et decomposition de la pseudo-nation.....Degages du chemin et de la politique,........

    Sabri

    16 h 56, le 26 mars 2023

  • Enlève "traints au dialogue"...

    Gros Gnon

    16 h 08, le 26 mars 2023

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