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Nos Lecteurs ont la Parole

Le suicide et l’assassinat fascinent

En décembre 2022, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec suggérait aux bibliothèques et aux écoles de refuser aux jeunes l’accès au dernier livre de François Blais qui s’est suicidé avant la parution, même si le roman jeunesse en question, Le garçon aux pieds à l’envers, ne concerne en rien le suicide.

Bien que le sujet soit délicat (plusieurs études ont démontré qu’une médiatisation des cas de suicide peut avoir un effet de contagion par imitation du geste), en viendra-t-on un jour à suggérer de ne pas lire les œuvres de tous les suicidés de la Terre ?

Avec le « wokisme », on ne sait jamais.

Le suicide fascine et les éditeurs le savent. Prenez Le Petit Larousse illustré dans lequel Pierre Drieu la Rochelle, Ernest Hemingway, Claude Jutra, Vladimir Maïakovski et Henry de Montherlant, notamment, ont droit à le courte phrase de chacun d’eux : « Il se suicida. » Quand l’espace est restreint, comme dans ce type de dico, ce renseignement est-il vraiment indispensable ?

Jutra souffrait de la maladie

d’Alzheimer, mais cela n’est pas précisé. Rien non plus sur les raisons du suicide de Stefan Zweig. Or, voici ce qu’on peut lire en ligne : « Avec l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, Zweig perd de plus en plus espoir (…) Hanté par l’inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l’asthme sévère de Lotte et moralement détruit par cette guerre, il décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. »

Heureusement, Le Petit Larousse en dit davantage sur les suicides de Romain Gary, Primo Levi, Mishima Yukio, Néron, Sénèque le Philosophe, Vincent Van Gogh et Gérard de Nerval : « Menant une vie bohème, atteint de graves troubles psychiques, (Nerval) endosse les habits du mythe et trouve refuge dans l’écriture. (…) Il tente de fuir le réel dans l’ailleurs et le rêve, avant de se pendre dans une ruelle parisienne. »

Les assassinats fascinent tout autant que les suicides. Qui se souviendrait aujourd’hui de l’acteur John Wilkes Booth s’il n’avait pas assassiné le président Abraham Lincoln ? Et de Marc Lépine (né Gamil Gharbi) s’il n’avait pas assassiné 14 Québécoises à l’École polytechnique de Montréal ? Beaucoup de médiocres aspirent à rejoindre le club pour devenir célèbres. En viendra-t-on un jour à interdire les livres qui en parlent pour couper l’herbe sous leurs pieds ?

Montréal-Québec

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

En décembre 2022, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec suggérait aux bibliothèques et aux écoles de refuser aux jeunes l’accès au dernier livre de François Blais qui s’est suicidé avant la parution, même si le roman jeunesse en question, Le garçon aux pieds à l’envers, ne concerne en rien le suicide.Bien que le sujet soit délicat (plusieurs études ont...

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