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Économie - Gaz offshore

Eni, TotalEnergies et QatarEnergy mettent le cap sur le bloc n° 9 de la ZEE libanaise

Le forage d’un premier puits d’exploration devrait commencer avant fin septembre.

Eni, TotalEnergies et QatarEnergy mettent le cap sur le bloc n° 9 de la ZEE libanaise

Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati (c), supervisant la signature d'un accord avec le Qatar dans le cadre de l'exploitation du gaz offshore libanais avec le Français TotalEnergies et l'Italien ENI. Photo Mohammad Yassine

Via sa société d’État QatarEnergy, Doha est entré officiellement dimanche comme partenaire avec le français TotalEnergies et l’italien Eni dans le consortium qui doit démarrer l’exploration d’hydrocarbures dans les blocs n° 4 et n° 9 de la Zone économique exclusive libanaise (ZEE), au large des côtes. L’officialisation de cette recomposition du consortium consécutive au départ du russe Novatek survient trois mois après la signature d’un accord historique entre le Liban et Israël pour la délimitation de leur frontière maritime.

Un navire attendu en février

La cérémonie de signature s’est tenue au Grand Sérail, siège de la présidence du gouvernement, quelques heures après une signature symbolique au siège du ministère libanais de l’Énergie entre les sociétés concernées. Le ministre sortant Walid Fayad, le ministre d’État qatari pour l’Énergie et directeur exécutif de QatarEnergies Saad ben Charida el-Kaabi, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné et celui d’Eni Claudio Descalzi se sont d’abord réunis au ministère, où ils ont pris la pose en apposant leurs signatures sur une carte représentant le Liban et sa ZEE. Ils se sont ensuite rendus au Grand Sérail où ils ont été accueillis par le Premier ministre Nagib Mikati, qui a assisté à la signature à proprement parler des accords, suivie d’une conférence de presse. L’ambassadrice de France Anne Grillo, celle d’Italie Nicoletta Bombardiere, et l’ambassadeur du Qatar au Liban Ali ben Hamad al-Marri étaient également présents.

De responsables de TotalEnergies, QatarEnergies, ENI, et du ministère libanais de l'Énergie, le 29 janvier 2023 au siège du ministère lors de la signature d'un accord pour l'exploitation du gaz offshore libanais. Photo Philippe Hage Boutros

« Pour un Français comme moi, cet accord est très symbolique », a pour sa part affirmé Patrick Pouyanné, faisant référence à l’histoire commune entre le Liban et la France. Au cours de son intervention, il a indiqué qu’un navire d’exploration était attendu début février pour lancer les études d’impact environnemental dont les résultats sont attendus au milieu de l’année, tandis que le forage du puits d’exploration doit commencer avant la fin septembre, pour des résultats définitifs qui devraient tomber fin 2023, début 2024 et être annoncés dans la foulée.

« C’est un accord important pour le Liban mais aussi au regard du contexte (international) marqué par la crise énergétique », a pour sa part souligné le patron d’ENI, Claudio Descalzi. « Le Qatar est toujours engagé à soutenir un avenir meilleur pour le Liban », a assuré le responsable qatari au Grand Sérail, qui a évoqué un round d’exploration « prometteur ». Le ministre Fayad a de son côté exprimé l’espoir que « les découvertes à venir permettront au Liban d’atteindre ses objectifs stratégiques et financiers », dans le contexte de crise que traverse le pays depuis 2019. Dans une déclaration relayée par l’Agence nationale d’information, le Premier ministre a, lui, considéré que « l’entrée de QatarEnergy (...) constitue un événement important et exceptionnel » pour le secteur des hydrocarbures offshore au Liban.

QatarEnergy à 30 %

Les zones offshore de la Méditerranée orientale et du Levant ont donné lieu à d’importantes découvertes de gaz au cours de la dernière décennie. L’intérêt qu’elles suscitent s’est accru depuis que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a perturbé les flux. Dans les années 2010, le Liban a ainsi divisé sa ZEE en mer en dix blocs. Le bloc n° 9, où se trouve le champ de Cana, faisait partie de la zone contestée avec Israël avant l’accord d’octobre, afin d’inviter les majors pétrolières et gazières à en explorer les fonds pour confirmer leur potentiel en hydrocarbures.

Un consortium composé du français TotalEnergies (40 %), de l’Italien Eni (40 %) et du Russe Novatek (20 %) avait remporté en 2018 les premières licences d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures offshore émises par le Liban pour deux des 10 blocs de la ZEE, dont le bloc n° 9, qui est situé sur la zone que le pays disputait avec Israël. Le consortium disposait ainsi de la licence d’exploration initiale pour le bloc n° 9, mais l’accord avait été restructuré après le retrait de Novatek en août 2022 en raison des tensions géopolitiques nées du conflit russo-ukrainien. Ses parts avaient ainsi été transférées à l’État libanais en septembre dernier, qui les a ensuite transférées à TotalEnergies.Des informations faisant état de l’intérêt du Qatar à remplacer Novatek circulaient dès octobre. Selon une source diplomatique, une des conditions fixées par QatarEnergy pour devenir membre du consortium était de récupérer 30 % des parts. TotalÉnergies et ENI ont donc concédé à céder chacun 5 % de leurs parts respectives, aux 20 % de Novatek récupérées par leur nouveau partenaire.

Pour mémoire

Gaz offshore au Liban : le consortium mené par Total devrait bien intégrer le Qatar

Le processus d’exploration du bloc n° 4 via un premier puits foré en 2020 n’ayant pas permis de confirmer la présence de gaz dans des quantités suffisantes pour lancer l’exploitation – pendant la conférence de de presse, Patrick Pouyanné a évoqué des résultats « décevants » –, les efforts du consortium recomposé se focaliseront désormais sur le bloc n° 9, dont l’exploration était justement bloquée par le conflit sur les frontières maritimes opposant Beyrouth à Tel-Aviv. Rien n’interdit cependant que d’autres travaux d’exploration soient lancés plus tard dans le bloc n° 4.

La situation s’est donc débloquée en octobre dernier suite à l’accord conclu via la médiation américaine, saluée par le ministre et les dirigeants des compagnies pétrolières lors de la conférence de presse. Mais l’État hébreu, qui a déjà commencé l’extraction du gaz et en livre à ses voisins jordanien et égyptien, n’est pas resté les bras croisés de son côté de la frontière. En octobre, l’entreprise Energean qui est mandatée par Israël a ainsi commencé à pomper du gaz vers son installation flottante de production dans le champ gazier offshore de Karish, dans le cadre des procédures de test de flux inversés approuvées par le gouvernement israélien. Quelques semaines plus tard, alors que l’accord venait d’être signé, la même société a notamment confirmé le potentiel d’un autre puits côté israélien situé non loin du bloc n° 9 libanais, entre autres annonces. Autre signe que le potentiel de l’Est méditerranéen semble très prometteur, TotalEnergies et Eni ont également fait une nouvelle découverte de gaz offshore en décembre dernier, mais cette fois au large des côtes chypriotes.

Prospect à confirmer

L’objectif immédiat pour le Liban consiste à confirmer le potentiel du bloc n° 9, où se situent trois puits potentiels, selon des informations qui circulent au ministère de l’Énergie. En octobre dernier, dans le sillage de l’accord frontalier entre le Liban et Israël, TotalEnergies avait ainsi conclu un accord avec le gouvernement libanais le même mois pour exploiter le projet gazier du bloc n° 9 de la ZEE libanaise à partir de 2023. En novembre, TotalEnergies et Eni ont ensuite signé un accord-cadre avec Israël pour lancer la prospection en vue d’explorer un « prospect déjà identifié qui pourrait s’étendre à la fois dans le bloc n° 9 et dans les eaux israéliennes au sud de la frontière maritime récemment établie », selon ce que le groupe français avait déclaré à l’époque.Le gisement potentiel de Cana a été mis en évidence par des analyses sismiques de la roche et devra être confirmé par une campagne d’exploration.

À terme, Israël sera rémunéré par la firme exploitant Cana « pour ses droits sur d’éventuels gisements », selon le texte de l’accord, le gouvernement israélien estimant sa part à environ 17 %. Dans ce contexte, l’intérêt de l’entrée du Qatar dans le consortium « apporte une garantie politique », a expliqué l’expert en énergie Naji Abi Aad à l’AFP, évoquant notamment les liens du Qatar avec les pays occidentaux et même avec Israël.Les analystes s’accordent à dire cependant qu’il faudra plusieurs années à Beyrouth avant d’entrer dans la phase d’exploitation en cas de découverte commerciale. Patrick Pouyanné a d’ailleurs appelé les Libanais à être patients et Walid Fayad a rappelé qu’il était encore trop tôt pour évoquer le volet relatif à l’exploitation et à la production. « Le problème est qu’il faut une infrastructure pour exporter le gaz, actuellement inexistante. Et si le gaz est utilisé pour la consommation locale du Liban », où les centrales sont quasiment à l’arrêt en raison de la crise économique, « il faudra construire un pipeline côtier pour alimenter ces centrales », a estimé Naji Abi Aad.

Le Liban a encore 8 blocs de sa ZEE à mettre en jeu, ce qu’il a fait dans le cadre d’un second round d’attribution de licences lancé en avril 2019 et réinitialisé fin 2021, sans encore trouver preneur.

Via sa société d’État QatarEnergy, Doha est entré officiellement dimanche comme partenaire avec le français TotalEnergies et l’italien Eni dans le consortium qui doit démarrer l’exploration d’hydrocarbures dans les blocs n° 4 et n° 9 de la Zone économique exclusive libanaise (ZEE), au large des côtes. L’officialisation de cette recomposition du consortium consécutive au...

commentaires (6)

Vaut mieux que le Gaz ne soit jamais extrait , le temps de revoir tous les contrats, rétablir la part équitable du trésor libanais, et foutre en prison les bandits qui ont bradé ses droits , à leur profit et celui de leurs associés!

LeRougeEtLeNoir

14 h 14, le 30 janvier 2023

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Vaut mieux que le Gaz ne soit jamais extrait , le temps de revoir tous les contrats, rétablir la part équitable du trésor libanais, et foutre en prison les bandits qui ont bradé ses droits , à leur profit et celui de leurs associés!

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 14, le 30 janvier 2023

  • Les benefices de ces forages devrait servir en premiers ( et une loi devrait etre voté pour cela ) a rembourser les epargnants spoliés ( sans aucune impunité pour ceux qui ont detournés ces fonds ) et en second lieu a créer un fond souverain pour les generations futures ( comme la norvege ) preserver le liban et son environnement des defis qui l'attendent .

    nabil samir

    12 h 56, le 30 janvier 2023

  • Yalla, des dollars et des devises pour alimenter direct les bassiji iraniens... Ne rêvez pas, vous n'en verrez même pas la couleur tellement de mains avides doivent toucher avant le peuple et ces comptes bloqués

    Aboumatta

    12 h 44, le 30 janvier 2023

  • Alors que les pays occidentaux dénoncent le système politico financier mafieux qui pille le pays, ces mêmes pays, la France en tête, continuent à faire des affaires sous l'égide du gouvernement libanais démissionnaire. Écoeurant et hypocrite...... Le Liban continue d' être un hub pour les affaires et les trafics du monde entier !

    Jean-Michel

    04 h 03, le 30 janvier 2023

  • Yalla partageons aussi les bénéfices avec Qatar! Un pays qui soutient le Hezbollah! La famille des voleurs s'agrandit!

    Marwan Takchi

    20 h 16, le 29 janvier 2023

  • Tant qu'il y a du gaz, de l'or, et autour de 7 milliards de dollars annuels envoyés par les expatriés, qu'est ce qui fait que la monnaie nationale continue sa chute vertigineuse ? C'est un pays de mafieux, de voleurs, de traîtres à la solde de pays étrangers. Rien qu'un nouveau mandat pour remettre les choses en ordre. C'est la seule solution quand des voyous et des criminels s'imposent comme autorité illégale.

    Esber

    15 h 26, le 29 janvier 2023

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