
Le chef de l'Eglise maronite Béchara Raï. Photo d'archives ANI
Le patriarche maronite Béchara Raï a exprimé dimanche sa crainte de l'élection d'un président dont la politique s'alignerait sur celle de pays qui voudraient faire du Liban "un de leur satellite", en allusion à l'influence du Hezbollah sur la politique libanaise pour le compte de l'Iran.
L'homélie du patriarche sonne comme une réponse à une prise de parole mardi du chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, dans laquelle il avait appelé le chef de l'église maronite à éviter de tomber dans "l'incitation sectaire", après que ce dernier avait évoqué des tentatives présumées visant à usurper les postes-clés qui reviennent de droit aux chrétiens, notamment maronites, en pleine vacance présidentielle .
"Les forces politiques continuent de se battre entre elles au sujet de l'élection présidentielle et s'abstiennent d'élire un nouveau chef de l'État qui résistera aux difficultés", a déclaré Mgr Raï dans son homélie de dimanche. "Notre crainte n'est pas que l'identité maronite du président et sa confession changent, mais plutôt que sa politique et ses principes changent et qu'il rejoigne la politique, l'axe et les pays qui s'efforcent jour et nuit de contrôler le pays et de le transformer en un de leur satellite", a-t-il poursuivi.
Mgr Raï a déclaré que "les efforts nationaux et internationaux n'ont pas abouti à de réels progrès vers l'élection d'un nouveau président".
Jeudi dernier, la 11ème session électorale présidentielle du Parlement a échoué une fois de plus à élire un nouveau président. Certains députés contestataires, dont Melhem Khalaf et Najat Aoun, sont restés à l'intérieur du Parlement après la fin de la session et ont annoncé le début d'un sit-in, auquel d'autres se sont joints par la suite, déclarant qu'ils étaient prêts à rester jusqu'à l'élection d'un nouveau chef de l'État. Le sit-in était toujours en cours dimanche.
Le patriarche a en outre qualifié le débat sur les réunions du gouvernement sortant de "distraction de l'opinion publique".
Deux sessions du Conseil des ministres, toutes deux boycottées par des ministres proches du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), ont eu lieu jusqu'à présent depuis la fin du mandat de l'ancien président Michel Aoun le 31 octobre. Le cabinet est démissionnaire depuis les élections législatives de mai 2022.
Les réunions ont été programmées à l'ombre d'un désaccord entre le CPL - allié politique du Hezbollah - et le Premier ministre sortant Nagib Mikati sur la question de savoir si le cabinet peut se réunir pendant une vacance présidentielle.
"Nous avons dit (...) que ce gouvernement est démissionnaire et que sa tâche est d'expédier les affaires courantes", a déclaré Béchara Raï. "Il est de son devoir de trouver un accord sur l'interprétation de la conduite des affaires, afin de ne pas créer de problèmes (...) Son travail se limite à préserver un niveau minimal de gestion des affaires urgentes des citoyens et à empêcher la chute définitive de l'État, d'autant plus que la farce des sessions pour élire un président est toujours en cours, et que la décision de les tenir conformément à la constitution est violée."
Le droit de vote à l'ONU
Le dignitaire maronite a par ailleurs dénoncé la perte par le Liban de son droit de vote à l'Assemblée générale des Nations unies, accusant "les députés et les ministres de la nation" d'être responsables de ce "nouveau stigmate" qui marque le pays.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonió Guterres, a publié jeudi une déclaration soulignant que le Venezuela, le Soudan du Sud et le Liban sont en retard dans leurs contributions au budget de fonctionnement de l'ONU. Par conséquent, ils font partie des six pays - sur un total de 193 nations membres - qui ont perdu leur droit de vote à l'Assemblée générale.
"Vous, députés et ministres de la nation, êtes responsables de ce nouveau stigmate qui frappe le Liban en raison de vos performances inacceptables, à savoir la perte par le pays de son droit de vote à l'Assemblée générale des Nations unies [...] en raison du non-paiement par l'État de ses contributions s'élevant à au moins 2 millions de dollars", a déclaré le patriarche. "Votre responsabilité s'aggrave du fait que le Liban est un pays fondateur des Nations unies et qu'il a participé à l'élaboration de sa charte, et de la charte des droits de l'homme." "N'avez-vous pas honte, occupants du Parlement et du cabinet, devant les Nations unies et ses réalisations en faveur du Liban ?" a demandé le chef de l'Église maronite.
Audi et le réveil des consciences
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audi a ironisé et dénoncé "un autre épisode du feuilleton de l'élection présidentielle", dans lequel les députés "n'ont malheureusement pas rempli leur devoir".
Dans son homélie dominicale, le prélat a affirmé "avoir espéré un moment que leurs esprits indolents se réveillent, et que de nombreux députés participeront au sit-in de leurs collègues à l'intérieur du Parlement en réclamant la tenue d'une session ouverte jusqu'à l'élection d'un président. N'est-ce pas là leur premier devoir ?", a-t-il questionné.
Le patriarche maronite Béchara Raï a exprimé dimanche sa crainte de l'élection d'un président dont la politique s'alignerait sur celle de pays qui voudraient faire du Liban "un de leur satellite", en allusion à l'influence du Hezbollah sur la politique libanaise pour le compte de l'Iran. L'homélie du patriarche sonne comme une réponse à une prise de parole mardi du chef du parti chiite,...
commentaires (9)
Quelle chance...!...nous avons deux distractions hebdomadaires offertes gracieusement par des "responsables" = l'une politique multicolore et l'autre en versets d'inspiration divine/s...au pluriel...!...représentés par des atours somptueux ou turbans noirs... - Irène Saïd
Irene Said
09 h 48, le 23 janvier 2023