
Des partisans du Hezbollah écoutent un discours télévisé retransmis en direct du chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, le 19 janvier 2023 à Beyrouth. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a réitéré une fois de plus jeudi les caractéristiques du président de la République libanaise qu'il souhaiterait voir élu. Le Liban est sans chef d’État depuis le 31 octobre dernier, date de la fin du mandat de Michel Aoun, allié du parti chiite.
Le leader chiite a dans ce contexte plaidé pour un président "qui ne se soumet pas aux menaces américaines", réaffirmant qu'il existe un "blocus américain" qui expliquerait, selon lui, l'impasse politique mais aussi la crise économique, financière et sociale dont souffre le Liban depuis 2019.
"Nous ne cherchons pas un président de la République pour seulement faire passer les six prochaines années, car ces années seront déterminantes. Nous ne pouvons pas nous contenter de l’élection de n’importe quel chef de l’État. Nous voulons un président et avec lui un gouvernement, afin de pouvoir sauver le pays", a insisté le secrétaire général du parti pro-iranien, dans son deuxième discours télévisé de la semaine, à l'occasion du 30e anniversaire d'un centre de recherches affilié au Hezbollah.
"Un président qui ne s’envole pas du palais de Baabda"
"J’ai plaidé, lors de ma réunion avec Gebran Bassil, en faveur d'un président qui ne s’envole pas à tire d'aile du palais de Baabda, si les Américains lui soufflent dessus. Nous voulons un président qui ne se soumet pas aux menaces américaines", a dit Hassan Nasrallah avant d'ajouter : "Les gens doivent être patients. Si vous voulez un président quelconque pour les six prochaines années, cela est facile. Mais nous voulons un chef de l’État doté d'un certain calibre".
Depuis septembre, onze séances parlementaires ont eu lieu pour élire un nouveau président, sans succès face au manque de consensus politique entre les différents partis. Chaque séance parlementaire est levée après un premier tour de vote, après le départ de députés du Hezbollah, du mouvement Amal et du Courant patriotique libre (CPL), ce qui fait sauter le quorum requis par le président de la Chambre Nabih Berry, de 86 députés sur 128. Au cours des onze dernières séances, le parti chiite et la majorité de ses alliés ont voté blanc.
La dernière séance s'est tenue quelques heures avant le discours de Hassan Nasrallah, et s'est également soldée par un échec.
Les deux alliés chrétiens du Hezbollah, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et celui du CPL, Gebran Bassil, sont tous les deux considérés comme des "présidentiables" naturels, de par leur position de chefs de file maronites, et le parti chiite ne cache pas sa préférence pour Sleiman Frangié. Cette position a provoqué des tensions avec Gebran Bassil et son camp. Le chef du CPL est sanctionné par Washington qui l'accuse de corruption.
Mardi soir, Hassan Nasrallah avait répondu implicitement à des propos tenus dimanche par le patriarche maronite Béchara Raï sur des tentatives présumées visant à usurper les postes-clés qui reviennent de droit aux chrétiens, notamment maronites, en pleine vacance présidentielle. Le chef du parti chiite avait dit comprendre "que certaines personnalités religieuses exercent une pression politique, morale et médiatique sur les forces politiques représentées au Parlement afin d'accélérer l'élection présidentielle", mais que cela ne devait pas virer à "l'incitation sectaire".
Blocus américain
Au cours de son discours, Hassan Nasrallah a mené une nouvelle charge contre les États-Unis, accusant Washington d'imposer un "blocus" au Liban, afin d'empêcher, selon lui, l'arrivée d'aides internationales à Beyrouth.
"Il y a un blocus américain. Il y a une interdiction américaine concernant les aides au Liban. Il y a une interdiction (américaine) de régler le problème des déplacés syriens (...). Le blocus américain frappe aussi le Yémen et la Palestine. Et maintenant le Liban", a estimé Hassan Nasrallah.
Pour le chef du Hezbollah, "l’Iran, l’Irak, le Liban, tous membres de l’axe de la Résistance, font face aujourd’hui à des difficultés. Car dans la région ici, il est interdit d’avoir des États forts, même s’ils ont conclu des accords avec Israël. Tous ces États doivent rester faibles".
Il a dans ce contexte appelé une nouvelle fois le Liban à "se tourner vers l'Est", en évoquant notamment la Chine comme investisseur potentiel.
En septembre, l’Iran avait déclaré qu’il prévoyait d’expédier gratuitement du carburant au Liban pour l’aider à faire face à la pénurie d’électricité. Une proposition réitérée la semaine dernière par le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, lors d'une visite à Beyrouth. Toutefois, rien ne s'est encore concrétisé. Le secrétaire général du Hezbollah avait exhorté à plusieurs reprises le gouvernement libanais de se tourner vers Téhéran pour obtenir du carburant afin d’atténuer sa crise énergétique. Cependant, les sanctions américaines et internationales contre l’Iran ont rendu ce processus difficile. Mardi, Nasrallah avait dans ce contexte appelé les partis et responsables proches de Washington à demander des exemptions de sanctions à l'administration US.
Pétrole "onshore"
Le chef du parti chiite a enfin plaidé pour un "suivi rigoureux" de l'accord historique conclu le 27 octobre avec Israël sur le tracé de la frontière maritime en vue d'exploiter les ressources gazière et pétrolières offshore. Il a dans ce contexte appelé à rouvrir le dossier de l'exploitation du pétrole "onshore".
Il n'a pas évoqué cependant l'épineux dossier de l'enquête sur l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, alors que l'investigation est dans l'impasse depuis plusieurs mois, face aux ingérences politiques de tous bords, notamment de la part du Hezbollah.
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a réitéré une fois de plus jeudi les caractéristiques du président de la République libanaise qu'il souhaiterait voir élu. Le Liban est sans chef d’État depuis le 31 octobre dernier, date de la fin du mandat de Michel Aoun, allié du parti chiite.Le leader chiite a dans ce contexte plaidé pour un président "qui ne se soumet pas...
commentaires (21)
Il évoque "calibre", un vocabulaire de chasseur, comme s'il envoyait un clin d'œil à Frangieh qui est un amateur de chasse ! Elle est bonne, non?
Céleste
23 h 23, le 20 janvier 2023