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Politique - Décryptage

Abdollahian à Beyrouth : des rencontres multiples et quatre sujets évoqués


Au lendemain du communiqué conjoint saoudo-égyptien dans lequel les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont rejeté « les tentatives de pays régionaux d’intervenir dans les affaires internes des pays arabes », le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a entamé une visite officielle à Beyrouth, vendredi dernier. De l’avis des responsables, cette visite a constitué une surprise, car les rendez-vous n’ont été sollicités qu’au dernier moment. Certes, le ministre iranien n’a pas rajouté le Liban sur son emploi du temps après avoir pris connaissance du communiqué saoudo-égyptien, mais le fait de faire une escale à Beyrouth avant de se rendre à Damas puis à Moscou constitue un message sur la place du dossier libanais dans l’approche iranienne. Selon des sources libanaises qui ont suivi de près les détails de la visite du ministre iranien à Beyrouth, les rencontres de ce dernier avec le président de la Chambre, avec le président du Conseil démissionnaire et avec son homologue libanais étaient essentiellement protocolaires et symboliques, alors que les discussions les plus sérieuses ont eu lieu avec le secrétaire général du Hezbollah, avec des représentants des factions palestiniennes et avec un groupe de personnalités proches du parti chiite.

Selon les sources précitées, quatre sujets ont été principalement évoqués dans un ordre et une importance différents, selon les interlocuteurs.

Avec les responsables libanais, il a été ainsi essentiellement question de l’offre iranienne d’aider le Liban dans le dossier de l’énergie, d’abord en lui envoyant du fuel adapté aux centrales libanaises et ensuite en proposant de construire de nouvelles centrales dans un délai assez court qui permettrait de résoudre sur le long terme les problèmes énergétiques des Libanais au lieu de recourir en permanence à des solutions provisoires et aléatoires. Cette proposition, le ministre l’avait déjà faite lors de sa précédente visite au Liban en mars 2022. Elle a été aussi relayée à plusieurs reprises par l’ambassadeur iranien à Beyrouth et reprise par Hassan Nasrallah dans plusieurs de ses discours. Elle a été parfois ignorée par les responsables et parfois prise en compte avant de se noyer dans les dédales administratifs et dans les questions relatives à la possibilité d’entraîner des sanctions américaines. Récemment, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a révélé qu’il avait personnellement sollicité l’aide d’un grand bureau d’avocats américain à ce sujet, et la réponse n’était pas évidente, le processus des sanctions aux États-Unis étant assez complexe. Le ministre Abdollahian a donc réitéré son offre tout en connaissant bien les enjeux internes et externes libanais. Le seul élément nouveau, c’est que la situation au Liban en matière d’électricité ne cesse de s’aggraver, sans aucune solution de fond visible.

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Toujours selon les sources précitées, le chef de la diplomatie iranienne a également évoqué avec les responsables libanais et avec ses autres interlocuteurs les relations de son pays avec le royaume saoudien. À ce sujet, il s’est montré rassurant, affirmant que les relations entre les deux pays sont en train de s’améliorer et qu’il est question désormais de rouvrir les ambassades respectives et de désigner des ambassadeurs. Ces propos font écho à une autre déclaration faite par le président de la commission parlementaire de la Sûreté nationale et des Relations extérieures en Iran, Charyar Haïdari, qui avait affirmé il y a quelques jours que les préparatifs pour conclure un accord avec les Saoudiens sur la réouverture des ambassades sont à leur phase finale. Si ces bonnes intentions se concrétisent, il s’agirait d’un développement important pour la région, mais aussi pour le Liban en particulier, qui subit toujours d’une façon ou d’une autre les contrecoups des turbulences régionales, notamment entre l’Iran et les États du Golfe.

Le troisième sujet abordé par le ministre iranien des Affaires étrangères lors de ses discussions, c’est la situation interne dans son pays. À ce sujet, Abdollahian a déclaré que les troubles ont été circonscrits et que le régime iranien a surmonté la crise.

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Enfin, le dernier sujet abordé, surtout dans ses entretiens avec le secrétaire général du Hezbollah et avec les représentants des factions palestiniennes, a porté sur les risques d’une attaque israélienne contre des installations iraniennes ou contre n’importe quel membre de ce qu’il appelle « l’axe de la résistance ». L’idée de départ est qu’en raison de la multiplication et de l’aggravation des problèmes internes en Israël et des difficultés rencontrées par l’actuel gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu, les responsables israéliens pourraient décider de faire une fuite en avant et de lancer une attaque militaire contre l’un des membres de « l’axe de la résistance » pour resserrer les rangs internes face à une menace extérieure. Un tel procédé avait déjà été utilisé notamment par Shimon Peres contre le Liban en 1996 dans le cadre de l’opération dite « Raisins de la colère ». En principe, depuis le développement de la force dite dissuasive du Hezbollah, les Israéliens ne songent plus à lancer une attaque contre le Liban, mais s’il faut en croire les dernières déclarations de nombreux responsables israéliens, militaires ou politiques, une attaque pourrait être lancée contre l’Iran ou ailleurs, afin de mélanger les cartes actuelles et de pousser les Américains, davantage concentrés actuellement sur l’Europe, la Russie et la Chine, à s’intéresser plus profondément à la région. Dans l’un de ses derniers discours, Hassan Nasrallah avait minimisé la possibilité d’une attaque israélienne, disant qu’après avoir critiqué l’accord sur l’exploitation des ressources maritimes pétrolières et gazières, Netanyahu a promis de le respecter, et son attention se concentre désormais sur l’intérieur israélien et sur les Palestiniens. Toutefois, cette approche pourrait changer et la situation actuelle exige donc une grande vigilance, selon le ministre iranien.

Au lendemain du communiqué conjoint saoudo-égyptien dans lequel les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont rejeté « les tentatives de pays régionaux d’intervenir dans les affaires internes des pays arabes », le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a entamé une visite officielle à Beyrouth, vendredi dernier. De l’avis des...

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De grâce, arrêtez vos âneries

Lecteur excédé par la censure

10 h 24, le 18 janvier 2023

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Commentaires (5)

  • De grâce, arrêtez vos âneries

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 24, le 18 janvier 2023

  • "alors que les discussions les plus sérieuses ont eu lieu avec le secrétaire général du Hezbollah, avec des représentants des factions palestiniennes et avec un groupe de personnalités proches du parti chiite..."... confirmation du dicton que la vérité sort de la bouche des enfants... prez du pale-et-ment, prez du conseil démi, et autres bagatelles ne sont que blagues chétives. Les sérieux, sont ceux qui tiennent notre avenir et l'avenir du pays entier sous leurs bottes. Un avenir inverse, style moyen âge.

    Wlek Sanferlou

    14 h 23, le 17 janvier 2023

  • Mr. Abdollahian qui rentre chez lui ou halass

    Eleni Caridopoulou

    04 h 46, le 17 janvier 2023

  • Quand on pense avoir atteint le sommet du savoir, nous voilà de nouveau foudroyés d’apprendre que les responsables israéliens se proposent de faire la guerre et d’attaquer l’Iran “ou ailleurs” (quels brouillons ces gens) dans le but hautement stratégique de “mélanger les cartes” et de pousser ces distraits d’américains a tout de même s’intéresser “plus profondément” à la région. On ressort toujours plus intelligents de ces ‘décryptages’…

    Mago1

    03 h 00, le 17 janvier 2023

  • Il faudrait peut-etre expliquer a M Abdollahian que le Liban n'est concerne en rien si Israel lance une attaque contre l'Iran. Ne serais-ce que pour lui rappeler qu'en 2006, quand Israel a attaque le Liban, l'Iran des Mollahs et son allie le boucher de Damas se sont contentes d'observer et d'essayer de tirer les marrons du feu.

    Michel Trad

    01 h 00, le 17 janvier 2023

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