Dans la petite rue René Boulanger, à deux pas du théâtre de la Renaissance, une façade jaune vif attire le regard, ornée de la crête orange du fameux coq emblématique d’une marque familière, Malak al-Tawouk. À l’intérieur, le décor est le même qu’au Liban, à la fois simple et chaleureux. « Nous travaillons en famille dans nos restaurants, avec mes parents et mon frère Timour, explique Tristan Mekkaoui. En 2021, nous avons ouvert un Malak al-Tawouk dans le 15e arrondissement de Paris, qui propose essentiellement de la vente à emporter, et depuis quelques semaines, nous en avons un autre à la Défense. » « C’est notre chef, Abed, formé au siège de l’enseigne, à Tabarja, qui prépare le poulet et les sauces dans la cuisine de la rue René Boulanger », poursuit celui qui se souvient encore d’avoir beaucoup fréquenté Malak al-Tawouk quand il rentrait de soirée, pendant les étés qu’il passait au Liban. « Nos clients sont très curieux de découvrir ce que nous proposons. La communauté libanaise à Paris est importante, et le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Et surtout, les gens reviennent…
Notre carte est conforme à celle du Liban, mais nous y avons ajouté deux sandwiches végétariens car nous avons beaucoup de demandes véganes. Le seul sandwich de la carte libanaise qui n’existe pas à Paris est le “Crunchy”. Par ailleurs, nous proposons un dessert unique, la mouhallabieh, et des glaces à la pistache, à la rose et à la achta », ajoute le jeune homme, rejoint par Tarek Mekkaoui, son père, qui précise : « Nous nous fournissons chez un glacier artisanal d’origine arménienne, Hamov. Il confectionne ses produits à la demande. Pour la achta, nous demandons des pistaches à l’intérieur, et de la fleur d’oranger pour l’onctuosité. La glace à la pistache suit la méthode de préparation syrienne. Mais le produit qui est le plus demandé reste le taouk », constate celui qui a acheté la franchise de Malak al-Tawouk pour la France avec son épouse, Magali Mekkaoui. Le succès du célèbre sandwich est renforcé par la qualité des matières premières à Paris. « Ce qui fait la différence, aussi, c’est la marinade. La recette, concoctée par les propriétaires, les frères Saadé, est secrète », poursuit Tristan Mekkaoui en souriant.
« Ils retrouvent une partie du Liban en venant chez nous »
Tarek Mekkaoui est originaire de Ras Beyrouth et sa famille entretient une histoire ancienne avec la France. « Mon grand-père et mon père étaient armateurs, nous sommes des commerçants dans l’âme et nous avons obtenu une licence d’exploitation au port de Beyrouth de la France, à l’époque du mandat. J’habite en France depuis plus de trente ans et ma femme est bourguignonne. En ouvrant Malak al-Tawouk en 2020, nous avons pris un énorme risque, mais nous étions sûrs que les gens seraient au rendez-vous. Et puis notre pays est très proche de la France, j’avais envie d’y implanter une enseigne libanaise », raconte le propriétaire avec ferveur.
« Le premier Malak al-Tawouk a été inauguré par les Saadé en 1996, à Tabarja, à la place d’un traiteur charcutier transformé en sandwicherie proposant du poulet à la crème d’ail. Huit ans plus tard, ils ont ouvert un deuxième restaurant à Sin el-Fil, puis ils ont attribué des franchises. Le développement a commencé à être conséquent en 2016, avec une cinquantaine d’établissements au Liban aujourd’hui, d’autres en Égypte, en Jordanie, à Dubaï… Nous avons mis deux ans et demi à tout mettre au point avant d’ouvrir à Paris », confie-t-il, insistant sur la conformité du menu avec celui du Liban. « Nos produits de base sont français, mais les épices de la marinade viennent exclusivement du Liban. Ce qui est essentiel pour notre enseigne, c’est que sa clientèle touche toutes les catégories sociales, les plus aisées comme les plus modestes, les jeunes, les vieux… C’est de la vraie street-food libanaise, et c’est bon ! » poursuit le restaurateur, dont l’établissement ne désemplit pas, avec une clientèle extrêmement variée, des touristes asiatiques et leurs bagages volumineux, des familles avec enfants, des étudiants, tous accueillis avec le sourire.
« Ce qui est le plus apprécié, c’est la vraie crème d’ail, le poulet tendre, mariné différemment, et la salade de chou. Notre style n’est pas guindé, le client ne choisit pas ses ingrédients au fur et à mesure, il goûte au sandwich dans sa totalité : nos clients libanais nous disent qu’ils retrouvent une partie du Liban en venant chez nous, même si on a changé certains noms en gardant la recette intacte », précise le restaurateur, qui reconnaît que la conjoncture actuelle est un peu difficile à Paris. « Depuis la guerre en Ukraine, les prix des matières premières, dures ou liquides, ont beaucoup augmenté ; on subit environ 30 % d’augmentation. Nous n’avons pas changé nos prix, mais la rentabilité est entamée. La vague de froid de cet hiver n’a pas aidé, mais je ne suis pas inquiet. Nos clients sont fidèles… »
Cap sur le monde
Malak al-Tawouk, qui vient d’ouvrir également à Bagdad, verra prochainement le jour au Canada et en Côte d’Ivoire, des ouvertures opérées par la filiale mère au Liban. Sur les 10 ans à venir, de nombreuses extensions sont prévues dans le monde. « Même au Liban, dès que la situation sera favorable, je suis sûr que l’enseigne va continuer à se développer, certainement avec des petites unités de production qui permettent de manger rapidement de la nourriture de qualité. À Paris, nous avons des projets pour enrichir notre carte, proposer la semaine du burger, nous adapter à différents événements, préparer des nuggets à base de taouk… Et puis nous allons ouvrir d’autres restaurants à Paris… Le prochain sera dans le 17e arrondissement. Nous avons beaucoup de demandes en province, notamment à Lyon, Bordeaux, Marseille. Nous sommes en discussion pour ces projets », confie Tarek Mekkaoui, déterminé. « Je suis heureux d’avoir pris cette marque libanaise à Paris, et le système de franchise nous protège, il assure une certaine ancienneté, ce qui est appréciable, car monter une affaire à Paris prend des années. Y être implanté est une excellente vitrine pour la marque, qui assoit ainsi sa renommée. Si un label marche ici, on peut l’exporter partout dans le monde, c’est le passage obligé de la réussite », conclut Tarek Mekkaoui, avant de retourner auprès de ses clients, bien installés devant leurs plateaux copieux.
C'est désolant d'un côté mais d'un autre, ce n'est pas plus mal que ces commerces étendent leurs marchés et s'exportent. C'est bon signe ( même si c'est forcé pour survivre) . En effet, ayant testé chez eux.(Malek al Tawouk) Un vrai délice. Pour la glace, nous avons Bachir et sa Echta. Pour le Chiche tawouk ; ce restaurant dont parle l'article. Maintenant, vivement qu'un magasin connu de Falafel du liban s'installe aussi en France. Le falafel étant très populaire (par toutes les communautés). Yalla, nous vous attendons :) Bon courage aussi.
15 h 43, le 19 janvier 2023