Le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a critiqué l'attentisme des dirigeants libanais face à la crise politique que traverse le pays, leur reprochant de compter sur une future intervention de la communauté internationale.
"Tout le monde attend que le mot de passe vienne de l'étranger, mais il n'est pas encore arrivé", a twitté Joumblatt, alors que le Liban, en pleine crise économique inédite, se trouve sans président depuis fin octobre depuis le départ de Michel Aoun du palais de Baabda et que le gouvernement sortant de Nagib Mikati est uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes.
Le message du leader druze a été publié deux jours après que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé les partis politiques libanais à ne pas attendre une intervention étrangère pour résoudre la crise politique et alors que des représentants de la France, des États-Unis, du Qatar et de l'Arabie saoudite devraient se réunir à Paris à la mi-janvier pour discuter de la crise libanaise. Le 23 décembre, alors qu'il revenait d'une conférence régionale sur l'Irak organisée en Jordanie, le président français Emmanuel Macron avait indiqué qu'il allait "travailler dans les prochaines semaines sur un format similaire avec le Liban".
Depuis septembre 2022, dix séances parlementaires ont été organisées pour l'élection présidentielle, sans résultat, faute de consensus entre les principales forces politiques. Alors qu'il avait appelé à plusieurs reprises au dialogue pour parvenir à une solution, le président de la Chambre, Nabih Berry, a semblé jeter l'éponge fin décembre, face au refus de certains partis, notamment le CPL et les Forces libanaises, de participer à une telle initiative. Depuis le 15 décembre, M. Berry n'a pas convoqué de nouvelle séance électorale.
Le chef du PSP a encore accusé les "grandes forces (politiques)" d’empêcher "toute réunion ministérielle permettant de traiter les affaires de la population".
Début décembre, une réunion du Conseil des ministres a provoqué la colère du Courant patriotique libre, parti fondé par Michel Aoun, qui accuse le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, de vouloir s'arroger des prérogatives présidentielles. A la suite de cela, des ministres du gouvernement sortant se sont réunis à plusieurs reprises pour trouver un "mécanisme" permettant de continuer la gestion des affaires du pays, sans toutefois parvenir jusqu'à présent à une solution.
M. Joumblatt a par ailleurs pointé du doigt le recours en invalidation du budget de l'Etat pour 2022, présenté par des députés issus de la contestation, devant le Conseil constitutionnel, dénonçant une "farce absolue".
Le budget 2022 avait été publié en novembre, plus de sept semaines après son adoption par le Parlement, et à seulement quelques semaines de la fin de l'année. Comme de nombreux observateurs le craignaient, ce nouveau budget a introduit des mesures fiscales rétroactives. La loi de finances a depuis fait l'objet d'un recours, que le Conseil constitutionnel pourrait trancher ce jeudi.
Joumblat s'indigne que certains attendent le mot d'ordre de l'etranger ? Mais c'est bien en se montrant incapables d'elire un president que nous nous rendons volontairement tributaires de l'etranger....
22 h 40, le 05 janvier 2023