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Politique - Présidentielle

Pour l’opposition, place au plan B ?

Michel Moawad assure à « L’OLJ » qu’il demeure dans la course pour Baabda et appelle « les indécis » à prendre une position claire.

Pour l’opposition, place au plan B ?

Michel Moawad lors de son entrée à l’une des séances parlementaires électorales en novembre dernier. Photo Mohammad Yassine

Face au vote blanc imposé par le Hezbollah à ses alliés, un candidat en chair et en os capable de rallier un nombre non négligeable de votes. C’est cette équation que les composantes de l’opposition ont imposée au parti chiite depuis le début des séances parlementaires dédiées à l’élection d’un nouveau président. Les Forces libanaises, les Kataëb, le Parti socialiste progressiste et plusieurs députés indépendants (dont certains relevant de la contestation) ont soutenu la candidature de Michel Moawad, député de Zghorta, connu pour ses positions hostiles au parti chiite et au maintien de son arsenal. Ils ont fait sa campagne et ont tenté de convaincre les réticents de rejoindre cette bataille. Mais la percée espérée n’a toujours pas été opérée. Car, dix séances plus tard, le candidat zghortiote est toujours à la peine. S’il peut naturellement compter sur l’appui de ses soutiens traditionnels, M. Moawad n’arrive toujours pas à rallier à sa cause de nouvelles figures, notamment dans les rangs des députés sunnites ex-haririens, ce qui rend difficile une amélioration de son score qui oscille – jusqu’ici – entre 43 et 49 voix.

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Faut-il donc désormais opter pour un plan B qui puisse unifier les opposants pour espérer remporter la bataille ? La question est d’autant plus légitime que le Hezbollah s’est clairement opposé, par la bouche de son député Hassan Fadlallah, à l’option Moawad, y voyant un « candidat de défi » à l’heure où le parti chiite plaide pour un dialogue élargi autour du futur président de la République. Bien que consciente de la position catégorique du parti de Hassan Nasrallah, mais aussi des limites de la bataille dans un Parlement à majorité étriquée, l’opposition ne songe toutefois pas à lâcher le député réformiste du Nord, du moins à ce stade. « Nous continuerons de soutenir Michel Moawad. Mais actuellement, les discussions portent sur la nouvelle approche à adopter dans la prochaine phase parce qu’il est temps d’en finir avec la futile comédie des séances électorales », affirme pour L’Orient-Le Jour Élias Hankache, député Kataëb du Metn, sachant que le leader du parti Samy Gemayel avait critiqué, à la mi-novembre, les séances électorales qui se suivent et se ressemblent, laissant entendre que le boycott des réunions était envisageable. Pour le moment, Élias Hankache ne tranche pas ce point, se contentant de dire que sa formation est « en contact permanent » avec le reste des opposants, de même qu’avec Michel Moawad.

Un candidat consensuel ? Oui, mais…
Même son de cloche du côté de Meerab. Les FL, dont le leader Samir Geagea était le premier à proposer le nom du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun en tant que candidat à la présidence, excluent tout abandon de Michel Moawad dans un avenir proche. « Nous sommes toujours attachés à notre candidat souverainiste et capable de lancer les réformes », affirme Ghayath Yazbeck, député FL de Batroun. « Face au Hezbollah qui tente de nous imposer l’élection d’un président à l’image de Michel Aoun, nous présentons une alternative souverainiste, sérieuse et dotée d’un programme. C’est là le jeu de la démocratie », dit-il dans une allusion au chef des Marada Sleiman Frangié, le favori du Hezbollah. Ghayath Yazbeck n’exclut cependant pas la possibilité pour son parti d’opter pour un candidat dit consensuel, mais pas n’importe lequel. « Nous pourrions nous entendre si le camp adverse se rapprochait de nous en proposant un candidat qui a les mêmes caractéristiques que Michel Moawad », explique le parlementaire.

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Mais tous les regards demeurent braqués sur le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, qui fait craindre un revirement de dernière minute. Car, tout en apportant son appui à M. Moawad, le leader druze laisse la porte entrouverte à une entente élargie autour du futur président de la République. Un accord qui serait le fruit d’un dialogue, comme le veut le président de la Chambre Nabih Berry, allié le plus constant du zaïm de Moukhtara. C’est d’ailleurs sous ce prisme qu’il faudrait placer la réunion entre le leader druze et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui dit s’activer pour défricher le terrain devant un accord autour d’un candidat dont le nom n’est pas encore mis sur le tapis et qui serait probablement celui de Jihad Azour, ex-ministre des Finances et directeur du département Moyen-Orient au sein du Fonds monétaire international. « Il y a les apparences et il y a les constantes », commente Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf. Comprendre : l’entretien Bassil-Joumblatt ne modifie en rien la position du PSP derrière Michel Moawad. « Il faut que le futur président ose mettre la question de la souveraineté et des armes du Hezbollah sur la table une bonne fois pour toutes et mettre sur les rails le processus de réformes », ajoute le parlementaire, assurant que « le plan B n’a même pas encore été discuté ».

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Ces assurances sont naturellement à même de conforter Michel Moawad dans sa position. « Je gère la bataille en coordonnant avec toutes les forces de l’opposition », confirme le candidat à L’OLJ, laissant entendre que ses soutiens lui laisseront le soin d’orchestrer son probable retrait de la compétition si une entente autour d’une autre candidature venait à être conclue. « Pour le moment, je maintiens ma candidature qui vise d’abord à équilibrer le rapport de force face au Hezbollah », souligne M. Moawad, appelant « les députés toujours indécis à prendre une position claire pour parvenir à la mise en place d’un programme politique en bonne et due forme ». Un appel clairement lancé en direction des députés sunnites ex-haririens qui votent pour « le nouveau Liban » au lieu de voter « pour un candidat qui ne remportera pas la bataille », selon les termes de l’un d’eux.

L’option Salah Honein
Entre-temps, les noms de plusieurs présidentiables qui pourraient être avalisés par les opposants circulent dans les coulisses, dont ceux de Jihad Azour et Salah Honein, ex-député qui s’est officiellement lancé dans la course pour Baabda il y a quelques semaines. Selon nos informations, des contacts seraient actuellement en cours entre le candidat et certains représentants de partis opposants et des parlementaires de la contestation. Une bonne partie de ces derniers continuera, toutefois, de voter pour l’universitaire Issam Khalifé, confie à L’OLJ Paula Yacoubian, députée de Beyrouth, le nom de M. Honein ne faisant pas l’unanimité dans les milieux de la thaoura. Des contacts seraient d’ailleurs en cours avec certains de ces députés pour les convaincre de voter Moawad, comme le font déjà Najate Saliba, Mark Daou et Waddah Sadek.

Face au vote blanc imposé par le Hezbollah à ses alliés, un candidat en chair et en os capable de rallier un nombre non négligeable de votes. C’est cette équation que les composantes de l’opposition ont imposée au parti chiite depuis le début des séances parlementaires dédiées à l’élection d’un nouveau président. Les Forces libanaises, les Kataëb, le Parti socialiste...

commentaires (1)

Peut importe le nom du candidat, s'il est souverainiste, il ne pourra obtenir l'aval du trio Amal-Hezbollah-CPL et se trouvera donc dans la même position que le député zghortiote. Pourquoi donc certains opposants refusent-ils de voter pour Moawad. Si tous se mettaient d'accord, il obtiendrait facilement la majorité simple des VOTANTS requise par la Constitution. Bien sûr, alors, commencerait la bataille avec Berry qui, lui, exige la majorité des députés, mais il me semble que la Constitution, fort justement appelée "Loi fondamentale" l'emporte sur les caprices du président de l'Assemblée.

Yves Prevost

07 h 21, le 31 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • Peut importe le nom du candidat, s'il est souverainiste, il ne pourra obtenir l'aval du trio Amal-Hezbollah-CPL et se trouvera donc dans la même position que le député zghortiote. Pourquoi donc certains opposants refusent-ils de voter pour Moawad. Si tous se mettaient d'accord, il obtiendrait facilement la majorité simple des VOTANTS requise par la Constitution. Bien sûr, alors, commencerait la bataille avec Berry qui, lui, exige la majorité des députés, mais il me semble que la Constitution, fort justement appelée "Loi fondamentale" l'emporte sur les caprices du président de l'Assemblée.

    Yves Prevost

    07 h 21, le 31 décembre 2022

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