
Des partisans du Hezbollah suivant un discours télévisé du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, hier, dans la banlieue sud de Beyrouth. Anwar Amro/AFP
Son apparition télévisée ne pouvait plus tarder. Bien que prévu pour vendredi dernier, le discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du haut commandant militaire iranien le général Kassem Soleimani, s’est imposé hier après la série de spéculations médiatiques sur l’état de santé du leader chiite. Coupant court aux rumeurs, le leader chiite est apparu plutôt en bonne forme en dépit d’une légère gêne respiratoire audible tout au long d’un discours de près d’une heure. Au menu : le parcours « héroïque » de Kassem Soleimani dans la région ainsi que ses multiples « réalisations et victoires », mais aussi la question de l’élection du président au Liban, une échéance qui devrait, selon le chef du Hezb, être écartée des développements ou paris régionaux quels qu’ils soient, tant il est vrai que la décision reste éminemment libanaise. « Ceux qui attendent que les pourparlers (entre les États-Unis et l’Iran) sur le nucléaire se débloquent vont attendre des dizaines d’années avant qu’un président ne soit élu au Liban », a-t-il ironisé.
« Guerre psychologique »
Alors qu’il était censé prononcer un discours vendredi soir pour évoquer les développements politiques et locaux, Hassan Nasrallah a dû annuler son intervention, pour des raisons de santé. Une annonce qui a provoqué l’emballement des médias notamment israéliens et ceux des pays du Golfe, qui ont annoncé hâtivement une « aggravation » de son état, certains allant même jusqu’à évoquer un AVC. En Israël, le Jerusalem Post a ainsi rapporté qu’il avait été « transporté d’urgence aux soins intensifs après avoir subi une attaque », citant des « sources » en Arabie saoudite et au Liban. Alors que le communiqué du parti avait indiqué vendredi soir qu’il avait contracté « une grippe » et qu’il recevait le « traitement approprié », Hassan Nasrallah a toutefois précisé hier dans son discours qu’il souffrait, depuis plus de trente ans, de trachéites. Selon certains observateurs, cette affection chronique serait la résultante de sa vie sous terre – pour des raisons sécuritaires – privé de soleil. S’il n’est pas apparu complètement affaibli, Hassan Nasrallah n’a toutefois pas pu dissimuler une certaine gêne respiratoire s’apparentant à de l’asthme. « L’ennemi israélien a fait la promotion de la dégradation de sa santé dans le but de démêler le vrai du faux », commente une source proche du parti. « Cela fait partie de la guerre psychologique qu’il mène contre le Hezb. Ce n’est pas la première fois », ajoute la source.
« Les fausses allégations selon lesquelles le chef du Hezbollah souffre d’une attaque cérébrale et qu’il ne s’agit pas d’une simple grippe, comme nous l’avons dit dans notre déclaration de vendredi, relèvent de la propagande israélienne », avait déjà affirmé lundi une porte-parole du Hezbollah à L’Orient Today.
« Nous n’obligeons personne à rester malgré lui »
Si son intervention a été majoritairement consacrée à la mémoire de Soleimani, le chef du Hezb a tenu, durant le dernier quart d’heure, à évoquer brièvement la situation locale. S’adressant à tous ceux qui misent, selon lui, sur un forcing externe en vue de débloquer l’élection d’un président, bloquée depuis des mois, il a indiqué qu’ils feraient mieux d’y renoncer, l’élection étant une affaire purement locale qui, éventuellement, pourrait être avalisée par la suite par les acteurs internationaux. « C’est ce qui s’est produit en 2016 (lors de l’élection de Michel Aoun), a-t-il dit. La décision a été prise au Liban, puis a obtenu un assentiment externe. » Ni les pourparlers de Vienne sur le nucléaire – l’Iran a délégué au Hezbollah le pouvoir décisionnel au Liban, a rappelé le secrétaire général – et encore moins les négociations entre Riyad et Téhéran ne pourront agir sur le terrain libanais, a-t-il insisté. Le chef du Hezbollah a toutefois salué les initiatives de dialogue entre les parties. « Certaines réunions bilatérales qui ont eu lieu la semaine dernière au Liban ont été bonnes en l’absence d’un dialogue inclusif comme demandé par (le président du Parlement) Nabih Berry », a-t-il déclaré.
L’appel au dialogue à la mi-décembre de M. Berry est tombé à l’eau face à la réticence des principales formations chrétiennes. Samedi, le président de la Chambre a déclaré qu’il pourrait ne plus appeler les députés à un dialogue pour débloquer l’élection d’un nouveau chef de l’État. « La situation du pays est différente aujourd’hui (en comparaison avec 2016), elle met la pression sur toutes les parties, a encore dit Hassan Nasrallah. La responsabilité des forces politiques libanaises et des blocs parlementaires est plus grande que jamais. »Évoquant par ailleurs le conflit qui oppose le Hezb au Courant patriotique libre depuis quelque temps, sur fond de présidentielle, Hassan Nasrallah a réitéré une nouvelle fois son attachement à l’entente qui lie les deux formations depuis 2006, à condition que le CPL soit dans le même état d’esprit. « Nous ne lui lâcherons la main que s’il en décide lui-même autrement », a-t-il dit. « Nous n’obligeons personne à rester malgré lui dans une relation », a toutefois insisté Hassan Nasrallah.
La relation du CPL avec le parti chiite s’est distendue depuis que ce dernier a soutenu, de manière quasi irrévocable, la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, une personnalité honnie par le chef du CPL, Gebran Bassil. « Nous tenons à la relation (avec notre allié), a assuré le leader chiite. Nous tenons à communiquer avec le CPL et il y aura des réunions prochainement. » Et de lancer : « Si certains de nos alliés nous critiquent publiquement, nous ne le faisons pas et préférons le faire en interne. » Reprenant des propos qu’il avait déjà tenus en novembre, le chef du Hezbollah a aussi rappelé ne pas vouloir d’« un président qui protège la résistance », mais d’un président « qui ne poignarde pas la résistance dans le dos ». « La résistance au Liban n’a pas besoin de protection », a-t-il martelé.
Il répondait ainsi aux récents propos exprimés par M. Bassil qui, lors d’un entretien télévisé, avait affirmé qu’il ne revient pas à l’État de protéger la résistance, mais l’inverse. Cela signifie, a poursuivi Nasrallah, un président qui n’entraîne pas le pays dans une guerre civile, un président qui opte pour le dialogue et qui aide le Liban à faire face aux menaces. Une manière de laisser la porte ouverte à un choix qui ne se réduit pas à Sleiman Frangié.
Son apparition télévisée ne pouvait plus tarder. Bien que prévu pour vendredi dernier, le discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du haut commandant militaire iranien le général Kassem Soleimani, s’est imposé hier après la série de spéculations médiatiques sur l’état de santé du leader chiite....
commentaires (10)
Enfin, M Nasrollallah se decide a accepter un president "Made in Lebanon" apres avoir acte pour l'elections de plusieurs presidents successifs "Made in Syria" et "Made in Iran". Ah ! Pardon. Je n'ai rien compris ????
Michel Trad
23 h 41, le 04 janvier 2023