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Nos Lecteurs ont la Parole

Autorité et pouvoir dans les écoles du Liban

L’école est-elle un État en miniature ? Dans certaines de nos écoles, les trois formes d’autorité décrites par Max Weber sont contestées. L’autorité légale, rationnelle et formelle, perd sa légitimité sociale avec pour conséquence une crise de l’autorité.

D’abord, l’élève est considéré comme un client et non comme apprenant. L’esprit de clientélisme où l’apprenant est considéré comme « roi » et « client » permet à l’école de survivre, mais pose un défi pour les enseignants qui font face à un élève qui a le droit de tout faire.

Ensuite, l’application des normes de la psychologie, à tort et à travers, diminue l’autorité de l’enseignant dans les classes. Pour que l’élève accède au savoir, il lui faut contrôler ses pulsions, accepter une discipline qui permet la réflexion et l’entrée dans le travail, s’engager dans une démarche active s’inscrivant dans la durée et demandant un sens de l’effort.

La société de consommation et la mauvaise éducation à la maison où l’enfant accède à tous les plaisirs, sans effort et apparemment sans limite, imprègnent en profondeur les comportements individuels. Les parents n’ont plus de pouvoir sur leurs enfants. L’enseignant est victime de cette éducation s’il n’est pas protégé par une charte ayant valeur d’une loi.

De même, certains psychologues mal informés en la matière considèrent l’enfant comme tout-puissant, et l’adulte comme inconsistant, faible, ignorant. Un tel contexte rend la tâche éducative dans les écoles très complexe en l’absence d’une loi qui tienne en compte les changements au niveau de la société.

L’enseignant devrait être pour sûr un psychologue au niveau de ses réactions avec l’élève. Mais l’absence de normes qui faciliteraient sa tâche affaiblit son rôle qui se veut d'abord passeur de culture, passeur de langue, de logique, suivant la spécialisation qu’il se doit de divulguer.

L’autorité statutaire et fonctionnelle des enseignants est aussi fragilisée par le contexte de la situation politique et économique du Liban. En l’absence d’État, en l’absence d’application de la loi pour toute sorte d’infractions, en l’absence de formation qui explique aux élèves ce qu’est un État, comment peut-on vivre dans un pays régi par des lois qui s’appliquent à tout le monde sans distinction ? Un désordre fragilise la situation dans des écoles si elles ne sont pas bien dirigées par un directeur compétent. Il s’agit de restituer l’autorité en s’accordant sur une définition de la situation qui explicite droits et obligations réciproques entre enseignants et apprenants tout en fixant les limites.

Tout commence par une charte qui respecte les droits de l’élève et du professeur. Chacun a des droits et des devoirs envers l’autre. Tout comme une société a besoin de normes pour durer, ainsi va pour l’école qui est un petit État. L’absence d’État avec ses attributs régaliens dans notre pays affecte tous les secteurs vivants : médical, éducatif, économique… C’est la loi de la jungle, la loi du plus fort.

Finalement, l’école est un établissement qui constitue un État en lui-même. La loi est applicable à toutes les personnes travaillant au sein de cet établissement. En l’absence de charte qui indique le chemin à suivre et qui sert de référence normative pour tous et non un document dans un tiroir et pour la vitrine, l’école deviendrait une ferme. Voilà pourquoi la direction devrait être rigoureuse en divulguant et appliquant fermement la loi à tout le personnel éducatif : enseignants, étudiants, responsables de la propreté…

Les programmes de l’enseignement préuniversitaire au Liban devraient comporter des exigences explicites en vue de l’acculturation pédagogique de l’État au Liban.

 Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

L’école est-elle un État en miniature ? Dans certaines de nos écoles, les trois formes d’autorité décrites par Max Weber sont contestées. L’autorité légale, rationnelle et formelle, perd sa légitimité sociale avec pour conséquence une crise de l’autorité.
D’abord, l’élève est considéré comme un client et non comme apprenant. L’esprit de clientélisme où...
commentaires (1)

Ici en Europe les enfants sont indisciplinés mal élevés, ça commence à la maison avec les parents et les instituteurs ne peuvent rien faire , je les plains

Eleni Caridopoulou

18 h 46, le 14 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • Ici en Europe les enfants sont indisciplinés mal élevés, ça commence à la maison avec les parents et les instituteurs ne peuvent rien faire , je les plains

    Eleni Caridopoulou

    18 h 46, le 14 décembre 2022

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