Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a prévenu lundi, à la veille du 79ème anniversaire de l'indépendance du Liban, que la troupe "ne permettra aucune atteinte à la paix civile", alors que le pays traverse la pire crise économique de son histoire depuis la guerre civile (1975-1990) à laquelle s'ajoute une crise politique.
Depuis le 1er novembre, le Liban est entré dans une vacance politique inédite au niveau de l'Exécutif, sans président et avec un gouvernement d'expédition des affaires courantes. Cette situation fait craindre des dérapages sécuritaires selon plusieurs observateurs, l'armée et les forces de sécurité étant elles-mêmes touchées de plein fouet par la crise.
Le général Aoun a également rappelé le "succès" de l'accord récemment conclu avec Israël sous l'égide des États-Unis au sujet de la frontière maritime entre les deux pays. Néanmoins, il a exhorté les autorités à assurer "la protection et le suivi" de cet accord, fruit de longues négociations.
Demain mardi 22 novembre, le Liban célébrera le 79ème anniversaire de son indépendance, en l'absence d'un président de la République et d'un Premier ministre de plein exercice. Le cabinet sortant de Nagib Mikati est en effet chargé de l'expédition des affaires courantes depuis mai dernier.
Face à cette situation, le défilé militaire qui se tient généralement le 22 novembre a été annulé, a déclaré lundi un porte-parole de l'armée à L'Orient Today.
Situation sécuritaire et tensions politiques
"Avec l'entrée du pays en vacance présidentielle et la montée des tensions politiques, protéger la sécurité et la stabilité reste notre priorité", a affirmé l'officier supérieur dans son ordre du jour lundi à la troupe. Dans des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), le chef de l'armée a ensuite prévenu : "Nous ne permettrons aucune atteinte à la paix civile, ni aucune perturbation, quels qu'en soient les objectifs. Notre mission était de protéger le Liban, son peuple et sa terre, et le restera", a-t-il ajouté.
Début novembre, le général Aoun, dont le nom est évoqué comme candidat potentiel à la présidence, avait déjà alerté contre le risque de troubles sécuritaires au Liban dans un contexte de vacance. Cette situation "pourrait mener à des tentatives d'exploiter la situation pour porter atteinte à la sécurité", avait-il dit.
Frontière maritime
Le commandant en chef de l'armée s'est également exprimé sur le dossier de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël, un accord historique ayant été conclu à ce sujet le 27 octobre dernier. "Le succès du dossier du tracé de la frontière représente un message d'espoir pour notre pays, et une étape importante sur la voie de la sortie de crise à travers l'investissement dans une partie des ressources naturelles", a affirmé Joseph Aoun. "Ce succès nécessite la protection et le suivi par les institutions de l'État, dans ce qui sert l'intérêt de la nation et des Libanais", a-t-il souligné.
L'accord sur la frontière maritime doit permettre d'exploiter le gaz et le pétrole offshore au large du Liban. Mais la crise économique et la vacance totale de l'Exécutif semblent compliquer ce processus, alors qu'Israël s'est déjà lancé dans le forage et l'exploitation de ses ressources.
commentaires (13)
L'assassinat de Hariri et de tous les autres n'est pas une atteinte à la vie civile?
yves choueifaty
07 h 22, le 24 novembre 2022