Rêveuse et excitée Mad’moiselle
Touche les étoiles, papa a des ailes
Papa est fort et vaillant, il lui bâtit un toit
Solide et ferme pour protéger le chez-soi
Il envoie sa fille dans la meilleure école
C’est qu’il faut bien que sa fillette décolle.
Elle a seize ans : la fraîcheur des pommes
Dans ses joues, l’éclat du jour dans les yeux,
Elle est d’un air rêveur, parfois capricieux
Elle rêve d’avenir, d’études et d’hommes.
À seize ans, on est fait que pour ça :
Rêver, bosser et parfois sortir,
Sans se soucier d’un facile avenir,
Papa est à l’aide, papa est bien là.
Dans un univers parallèle où les écoles
Ont presque des toits, les élèves, presque une fourniture,
On rêve, et on rêve surtout qu’on décolle
Même si l’on a faim, on est presque sans nourriture.
Et puis il y a l’autre fille dont le sort est tragique.
Son père est impuissant ou inconscient
Dans les deux cas, il est fort pathétique
Il oublie de réparer, même de bâtir, en souriant,
Une maison, une école, un pays prêt à l’éclosion ;
Il est toujours là, à ne rien faire, il est sans vision.
Sa fille a seize ans : la fraîcheur des pommes
Dans ses joues, l’éclat du jour dans les yeux,
Elle est d’un air rêveur, parfois capricieux
Elle rêve d’avenir, d’études et d’hommes.
À seize ans, on est fait que pour ça :
Rêver, bosser et parfois sortir,
Même si elle se soucie d’un difficile avenir
Car papa est absent, papa n’est jamais là.
L’écolière qui vibrait d’énergie, de rire, de potentiel
Vibre désormais sous le toit effondré, elle rejoint le ciel
Plus de rire dans le couloir, le pupitre à jamais vide
La vie s’éteint, les rêves s’écrasent, le pays se vide.
Au lieu du père, on en a une dizaine au nom de la diversité !
Et la fille coule dans son bain de sang, le bourgeon est dévoré
Par leurs cruelles mâchoires vampiriques, par leur négligence
Ils tuent ici le rêve de l’éclosion, la pureté, l’innocence.
Serrée ici par le Sinueux Serpent qui imbibe
Ses veines maudites, la sans-État étouffe et médite.
Le serpent Buée, Absence, Barricades, Abandon
La dévore vivante, l’ironie est dans le nom.
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