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Économie - Énergie

Électricité : Le Liban reçoit 30 000 tonnes de fuel pour un service a minima

La dernière livraison de fuel irakien prévue par l’ancien accord se fera finalement en deux fois.

Électricité : Le Liban reçoit 30 000 tonnes de fuel pour un service a minima

La centrale électrique de Zouk Mosbeh. Photo João Sousa

Le Liban vient de recevoir une partie du carburant destiné aux centrales d’Électricité du Liban qui devait initialement lui être livré en août en vertu d’un accord conclu avec l’Irak en juillet 2021 et qui représente aujourd’hui sa seule source de carburant.

Portant sur une quantité de 30 000 tonnes de gasoil, cette cargaison est supposée assurer près de 3 heures de courant par jour, selon des propos du ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad à la chaîne al-Mayadeen, mercredi soir.

Cette livraison est donc vitale pour un Liban sous l’emprise de l’une des pires crises économiques des 150 dernières années, selon la Banque mondiale, et alors que l’établissement public EDL arrive à peine à fournir aujourd’hui ne serait-ce qu’une heure de courant par jour, compte tenu de son incapacité à acheter le carburant dont il a besoin.

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Le timing de cette livraison est d’autant plus important que le pays témoigne depuis plus de trois semaines d’une multiplication des cas de choléra, qui refait son apparition pour la première fois dans le pays depuis 1993. Concentrés dans les régions situées dans le Liban-Nord et dans la Békaa, ces cas seraient principalement causés par l’utilisation d’eau contaminée dans l’irrigation et le lavage des fruits et légumes. Cette contamination serait en partie due aux problèmes d’approvisionnement en électricité des offices des eaux.

Dans ce cadre, Walid Fayad a précisé que « la priorité (en ce qui concerne l’approvisionnement) sera donnée aux infrastructures publiques et aux installations hydrauliques pour aider à lutter contre le choléra ».

L’accord avec l’Irak

L’accord initial avec l’Irak portait sur une quantité d’un million de tonnes de fuel, réparties sur une durée de 12 mois, que le Liban pourrait échanger contre d’autres types de carburants compatibles avec ses centrales. Or si la livraison d’août était supposée signaler la fin de cet accord, une source ministérielle indique à L’Orient-Le Jour que celle-ci a été « divisée en deux : une première partie qui consiste en 80 000 tonnes de fuel irakien en échange de laquelle le Liban reçoit 30 000 tonnes de gasoil et une seconde de 100 000 tonnes de fuel irakien qui n’a toujours pas été échangée ».

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Fournies par la société d’État irakienne SOMO (State Oil Marketing Organization), ces quantités sont à chaque fois récupérées et échangées par une entreprise sélectionnée suite à un appel d’offres auquel peuvent participer ces cinq sociétés présélectionnées : les émiraties Coral Energy DMCC et ENOC, l’omanaise OQ, la grecque Elinoil et la koweïtienne IPG (Independent Petroleum Group). Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministère de l’Énergie précise que c’est la société omanaise OQ qui a remporté l’appel d’offres cette fois, seule l’émiratie Coral Energy DMCC s’étant présentée face à elle. En parallèle, le ministère a aussi annoncé le lancement du prochain appel d’offres, supposé porter sur le reste des quantités prévues.À noter que les mécanismes et les termes de cet accord ont été prolongés d’un an, de sorte à assurer au Liban un nouvel approvisionnement équivalent à un million de tonnes de fuel irakien.

Égypte, Jordanie et Iran

Parallèlement à cet accord avec l’Irak, le Liban envisageait d’augmenter sa production d’électricité à travers plusieurs mécanismes partiellement mis en place : l’importation de gaz d’Égypte, l’acheminement de courant électrique de Jordanie et l’échange de fuel en provenance d’Iran, selon un mécanisme identique à celui mis en place entre Beyrouth et Bagdad.

Ces deux premières démarches sont aujourd’hui uniquement tributaires de l’obtention d’un prêt de la BM d’environ 300 millions de dollars, suite à la finalisation de tous les autres prérequis. Ces derniers comptaient notamment les travaux de réparation et d’entretien sur le gazoduc arabe (reliant le Liban à l’Égypte en passant par la Syrie et la Jordanie) et le réseau électrique (reliant le Liban, la Syrie et la Jordanie), ainsi que l’obtention de garanties d’exemptions aux sanctions imposées par les États-Unis dans le cadre de la loi César contre toute personne ou entité faisant affaires avec le régime syrien.

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Or, selon Ferid Belhaj, vice-président de la BM pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, l’obtention du financement requis par le Liban dépend aujourd’hui de trois conditions : la hausse des tarifs perçus par EDL et figés depuis 1994, la mise en place d’une autorité de régulation indépendante et la complétion d’un audit des comptes d’EDL. Parmi celles-ci, seule la première a été mise en place et sera appliquée conjointement à la hausse de l’approvisionnement d’EDL. En l’occurrence, le kilowattheure (kWh) d’EDL coûtera 10 cents pour les 100 premiers kWh consommés chaque mois et 27 cents le kWh pour chaque unité au-dessus de ce seuil.

S’agissant du fuel iranien, Walid Fayad avait indiqué le 26 septembre que son ministère s’apprêtait à coopérer avec les autorités iraniennes pour définir les types de carburants qui devront être livrés, précisant que les premières livraisons dans ce cadre sont attendues « dans les prochains jours ou les prochaines semaines », l’Iran souhaitant « tendre rapidement une main de secours » au Liban.

Ces déclarations faisaient suite à la visite d’une délégation libanaise en Iran, après que la République islamique a indiqué vouloir faire don de 600 000 tonnes de carburant au Liban pendant une période de cinq mois, soit 120 000 tonnes par mois. Tout comme l’accord avec l’Irak, ces quantités doivent servir de monnaie d’échange dans le cadre d’un troc impliquant des sociétés tierces. Si « les aspects techniques ont été finalisés », selon une source ministérielle, il semblerait que la dimension « politique » du dossier n’a toujours pas porté ses fruits.

Une dernière piste

En l’absence de concrétisation des démarches menées avec l’Égypte, la Jordanie, ou encore l’Iran, et compte tenu de la maigre amélioration qu’apporte à lui seul l’accord avec l’Irak, le Liban se trouve aujourd’hui obligé d’étudier de nouvelles options pour augmenter les heures d’approvisionnement en électricité d’EDL.

Dernière piste évoquée : l’obtention d’un prêt auprès d’institutions de financement. Annoncée par Walid Fayad le 24 octobre, cette option suppose que le Liban obtienne un prêt dont le remboursement est « différé de 5 à 6 mois », de sorte à permettre à EDL de collecter les factures pour rembourser les sommes dues.

Selon le ministre sortant, ce mécanisme permettra à EDL de lancer des appels d’offres pour l’achat de carburant qui permettra d’assurer entre 8 à 10 heures de courant par jour et cela pendant 6 mois, pour une enveloppe de 100 à 150 millions de dollars par mois. L’une des sources évoquées pour un tel financement est la Banque du Liban. Si le ministre sortant avait indiqué avoir obtenu des assurances à ce niveau auprès du Premier ministre désigné Nagib Mikati, qui lui a demandé d’explorer cette piste, une seconde source ministérielle, contactée par L’Orient-Le Jour, a précisé que les discussions sont déjà en cours entre le ministère et la BDL.

Le Liban vient de recevoir une partie du carburant destiné aux centrales d’Électricité du Liban qui devait initialement lui être livré en août en vertu d’un accord conclu avec l’Irak en juillet 2021 et qui représente aujourd’hui sa seule source de carburant. Portant sur une quantité de 30 000 tonnes de gasoil, cette cargaison est supposée assurer près de 3 heures de courant...

commentaires (1)

En résumé, du bricolage à la petite semaine ! On attendra longtemps encore un approvisionnement normal en électricité, pour le plus grand bonheur des fournisseurs privés de générateurs...

otayek rene

09 h 03, le 28 octobre 2022

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Commentaires (1)

  • En résumé, du bricolage à la petite semaine ! On attendra longtemps encore un approvisionnement normal en électricité, pour le plus grand bonheur des fournisseurs privés de générateurs...

    otayek rene

    09 h 03, le 28 octobre 2022

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