Rêveuse et excitée Mad’moiselle
Touche les étoiles, papa a des ailes,
Papa ne fume jamais devant elle,
Il protège ses poumons et sa cervelle,
Il fume rarement, ou en cachette,
Un gros cigare que sa jeune copine aime
Quand elle joue avec lui à la cadette.
Dans son bureau, ça dépend du thème.
Mais la jeune copine étouffe
Quand elle pense à son propre père qui bouffe
Des cigarettes en dizaines devant elle
Sans qu’il se soucie de la santé de sa prunelle.
Elle pensait que la fumée n’émane que des cigarettes
Mais c’est ainsi que le volcan lance ses premières roquettes.
Elle se promenait sur le muet cratère pour des années,
Respirant la fumée et la froideur carboniques,
Ne voyant point le fougueux enfer sous-cutané,
L’abri « doux et protecteur » s’avère le plus toxique.
Elle était bien forte, cette Walkyrie, quand soudain
L’explosion éclata. Au lieu de Wotan, elle trouva Vulcain.
La prise de conscience, comme le réacteur de Tchernobyl,
Éclata et brûla sa face. Devant la terreur, elle reste immobile,
Une étouffante gifle d’acier, de plomb et de soufre détone :
La peau fond, les liquides coulent, les muscles charbonnent.
Déformé, le corps est repassé par le fer volcanique.
Plus de corps solide, seulement des fissures organiques.
Des muqueuses et des larmes de sang qui sortent des poumons,
Des poumons qui sortent de la cage brisée, de la bouche
Tellement on a serré le cœur qu’il explose dès qu’on le touche.
Tenter de respirer devient douleur avec des bribes de poumon,
Tel le graphite nucléaire, son corps avec l’oxygène brûle davantage.
Le vent sec et métallique l’étouffe, pas de mort, mais agonie sauvage.
Elle s’effondre tels les silos blancs, les côtes osseuses, les cigarettes,
Le criminel regarde, la fumée ne freine pas, il a des allumettes !
Et la fille brûle toujours, mais le cruel effondrement hésite.
La chute donc continue, l’agonie s’accentue, mais pas de faillite
Ni vapeur, ni acide, ni lave ne lavent souffrance et négligence.
La cruauté au summum, elle, en bas du bas, fond dans l’impuissance
Serrée ici par le Sinueux Serpent qui imbibe
Ses veines maudites, la brûlée étouffe et médite.
Le serpent Buée, Absence, Barricade, Abandon
La dévore vivante, l’ironie est dans le nom.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.
commentaires (0)
Commenter