Place de l’Étoile, acte II. Cinq mois après la première séance législative du Parlement élu en mai dernier, les députés de la contestation ont une nouvelle fois raté leur chance de faire leur entrée dans le bureau de la Chambre, organe qui définit l’ordre du jour des séances plénières. Ils ont surtout échoué à faire partie des commissions parlementaires jugées les plus importantes, dont la Chambre a renouvelé la composition hier. S’ils ont réussi à contraindre le chef du législatif, Nabih Berry, à élire les membres de ces commissions au lieu de concocter des ententes à la libanaise, ils ont eux-mêmes fait les frais de leur démarche.Outre cette défaite électorale, le bloc des treize a perdu hier un de ses membres, Michel Doueihy (Zghorta), qui a claqué la porte du groupe, en raison des divergences qui ont éclaté au grand jour. « Je suis désormais définitivement en dehors du bloc des treize (députés dits) du changement dans sa formule actuelle », a-t-il annoncé après la séance sur Twitter. « Je suis favorable à la transformation du bloc en une réunion consultative mensuelle (...) avec une marge de liberté totale pour tous les députés sur toutes les questions », a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « Ce qui s’est passé depuis la session du 31 mai (lorsque le nouveau Parlement s’est réuni pour la première fois) et l’expérience du bloc, en particulier, doit prendre fin par respect pour les Libanais et le peuple qui nous a élus et par respect pour la politique. » Le député critiquait ainsi implicitement la démarche de ses collègues lors de l’élection du vice-président de la Chambre. Ces derniers avaient voté blanc lors du premier tour, avant de rejoindre les partis de l’opposition et voter pour le candidat Ghassan Skaff au second tour. Mais c’est finalement Élias Bou Saab, député proche du camp aouniste, qui a été élu à ce poste. L’OLJ n’a pas pu joindre M. Doueihy pour un commentaire.
Les commissions
Pour en revenir à la réunion d’hier et à l’occasion du début de la session parlementaire d’octobre (qui s’ouvre le premier mardi suivant le 15 octobre), le Parlement a tenu une séance pour renouveler la composition des commissions parlementaires, chargées d’examiner les projets et propositions de loi avant de les déférer devant l’Assemblée pour adoption, d’où l’importance pour les protagonistes d’en faire partie.
Grosso modo, aucun changement significatif n’a été apporté à ces commissions, à l’exception de celle des Finances et du Budget. Fort du fait que la thaoura représente près de 10 % de la Chambre (treize députés sur 128), Mark Daou, député de la contestation, s’est lancé dans la compétition pour élargir la représentation de son groupe au sein de cette commission. Il a toutefois perdu la bataille, au même titre que son collègue beyrouthin Ibrahim Mneimné qui a été remplacé par Adnane Traboulsi (Ahbache, prosyrien).
De son côté, Halimé Kaakour s’est portée candidate à l’un des sièges de la commission de l’Administration et de la Justice. Mais dans une réédition du scénario de mai dernier, quand Melhem Khalaf avait échoué à faire son entrée au sein de cette commission, Mme Kaakour a perdu cette bataille, après n’avoir obtenu que 18 voix. La composition de la commission n’a donc pas changé. Idem pour les autres commissions dont les membres ont été réélus d’office.
La démarche des députés de la contestation a clairement irrité le président de la Chambre. Dans une intervention durant la séance, il les a accusés de « rompre l’accord conclu en amont de la séance en appelant au vote au lieu de s’entendre sur des noms au préalable ». Réagissant à cette déclaration, Mark Daou a déclaré à notre collègue de L’Orient Today Waël Taleb que son groupe négociait avant la session les noms des députés qui seraient nommés dans les différentes commissions. « Cependant, il (Nabih Berry) ne voulait nous donner qu’un député dans chaque commission tout en accordant aux autres blocs leur représentation normale », ce que le groupe a refusé, a-t-il expliqué.De même, le chef des Kataëb Samy Gemayel a critiqué « les accords préalables inacceptables conclus pour la formation des commissions ». Ces accords « entre grands groupes excluent des députés qui pourraient travailler dans les commissions liées à leur domaine d’expertise », a-t-il dit lors de la séance, en donnant l’exemple du bâtonnier Melhem Khalaf qui n’a pas réussi à faire partie de la commission de la Justice.
Le bureau de la Chambre
En début de séance, la Chambre s’est attelée à élire – plutôt à renouveler – les cinq membres de son bureau. Là aussi, les députés de la contestation ont subi deux défaites. Mark Daou, qui briguait un des deux postes de secrétaire – réservés à un druze et un maronite -, s’est incliné devant son collègue joumblattiste Hadi Aboul-Hosn. Ce dernier a été reconduit à son poste grâce à 85 voix contre 30 seulement pour M. Daou. Alain Aoun, député du Courant patriotique libre, a, lui, été réélu d’office au second poste de secrétaire.
Pour sa part, le député Michel Moussa (bloc berryste, grec-catholique) a été réélu d’office, tout comme son collègue sunnite Karim Kabbara (indépendant, Tripoli), comme membres du bureau de la Chambre. Hagop Pakradounian (Tachnag, Metn), qui était déjà membre du bureau, l’a de son côté emporté avec 85 voix face à Paula Yacoubian, députée de la contestation, qui a récolté 23 voix. Sept votes blancs ont été décomptés.
commentaires (7)
13 sur 120 c’est peu pour changer a grand pas mais considérons les comme un grain de sénevé ou aussi un grain de sable dans les rouages. Les 2 ont une impacte. Peu importe il ne faut pas perdre espoir. Ça va lentement mais on y arrivera.
Staub Grace
13 h 20, le 19 octobre 2022