
Le président du Parlement Nabih Berry supervise le dépouillement d'un vote, le 18 octobre 2022. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais
Le Parlement libanais s'est réuni mardi pour élire de nouvelles commissions, de nouveaux membres de son bureau et pour voter un certain nombre de lois, y compris une version amendée d'une loi de levée du secret bancaire que le président Michel Aoun avait renvoyée au Parlement.
Durant la première partie de la session, liée à l'obligation constitutionnelle d'élire les membres du bureau du Parlement et les différents membres des commissions en octobre de chaque année, aucun changement important n'a été enregistré. Au niveau des commissions, la composition de la majorité de ces groupes de travail est restée identique à ce qu'elle était depuis le 31 mai, à une exception notable près : le député issu de la contestation Ibrahim Mneimné, seul député contestataire dans la commission des Finances et du Budget, a été remplacé par Adnan Traboulsi (Ahbache, Beyrouth II). La commission des Finances doit plancher sur un grand nombre de réformes attendues par le Fonds monétaire international pour débloquer une aide financière de 3 milliards de dollars.
En début de séance, le député de Baabda Hadi Abou el-Hosn (druze, Parti socialiste progressiste) a été réélu à l'un des deux postes de secrétaire du Parlement, avec 85 voix. Face à lui, le député de la contestation Marc Daou s'est incliné avec 30 voix. Le député du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) de Baabda Alain Aoun a, lui, été réélu d'office au deuxième poste de secrétaire.
En ce qui concerne les membres du bureau de la Chambre, le député grec-catholique Michel Moussa (Amal, Liban-Sud II) a été réélu d'office, tout comme son collègue Karim Kabbara, député sunnite de de Tripoli. Pour le troisième poste à pourvoir, Hagop Pakradounian (Tachnag, Mont-Liban II), qui était déjà membre du bureau depuis le 31 mai 2022, l'a emporté avec 85 voix face à Paula Yaacoubian, députée de la contestation (Beyrouth-I), qui a récolté 23 voix. Sept votes blancs ont été décomptés.
"Rompre l'accord"
Au cours de la réunion, le président du Parlement, Nabih Berry, a accusé les députés issus de la contestation de "rompre l'accord conclu" en appelant à des élections pour la composition des commissions parlementaires au lieu de s'entendre sur des noms au préalable, a rapporté le bureau de presse de M. Berry. Réagissant à cette déclaration, le député des Forces du Changement Marc Daou a déclaré à L'Orient Today que le bloc négociait avant la session sur des députés qui seraient nommés dans les différentes commissions, "cependant, il (Nabih Berry, ndlr) ne voulait nous donner qu'un député dans chaque commission tout en accordant aux autres blocs leur représentation normale," ce que le groupe a refusé.
Dans un tweet, le chef des Kataëb Samy Gemayel (Mont-Liban II) a, lui, critiqué "les accords préalables inacceptables conclus pour la formation des commissions". Ces accords "entre grands groupes excluent des députés qui pourraient travailler dans les commissions dans leur domaine réel d'expertise", a-t-il dit.
Secret bancaire
Après ces élections constitutionnelles, le Parlement doit discuter, lors de sa séance du soir qui doit commencer à 17h, de différents projets de loi, dont un concernant le secret bancaire. Une loi sur le secret bancaire avait été approuvée en juin mais a été renvoyée au Parlement par M. Aoun pour apporter certaines modifications sur la période à laquelle elle s'applique, "afin qu'elle couvre au moins la période pendant laquelle la crise [économique actuelle] a été causée".
Le FMI avait critiqué la version approuvée de la loi sur le secret bancaire, qui est l'une des principales exigences de l'institution internationale pour débloquer une aide financière de 3 milliards de dollars. Si le Parlement approuve la loi aujourd'hui, elle entrera en vigueur même si M. Aoun refuse de la signer.
Le Parlement doit également voter sur un prêt de 150 millions de dollars de la Banque mondiale pour financer les importations de blé, qu'il avait également approuvé en juillet, mais qui a été renvoyé en raison de détails techniques puis approuvé par la Commission des Finances en août.
Dans une interview en août à L'Orient-Le Jour, le ministre sortant de l'Économie et du Commerce, Amine Salam, avait déclaré : "La commission voulait des clarifications sur le mécanisme de coordination avec la Banque mondiale et sur la méthode de paiement. Ce mode de paiement a été précisé par le ministère de l'Économie. Le Liban remboursera la Banque mondiale par l'intermédiaire de la Banque du Liban sur une période de 18 ans". À l'époque, M. Salam avait exprimé sa satisfaction quant à l'accord, soulignant le fait qu'il permettrait au Liban d'assurer ses besoins en blé pendant "neuf mois".
commentaires (4)
It is outrageous and totally unacceptable that none of the members of 13 MP progressive caucus was elected to the important committees. Ibrahim Mneimneh was expelled from the finance and budget and replaced by an ally of Hezbollah. This is not a footnote, OLJ.
Mireille Kang
21 h 42, le 18 octobre 2022