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Sport - Football

Benzema, le vrai successeur de Zidane

Il en rêvait depuis l’enfance et le voilà enfin couronné. Karim Benzema est devenu le cinquième footballeur français à soulever le Ballon d’or lundi soir à Paris, au terme d’une cérémonie émouvante qui s’est déroulée devant les yeux de ses proches et de ses idoles : Zidane et Ronaldo.

Benzema, le vrai successeur de Zidane

Karim Benzema aux côtés de Zinédine Zidane lors de son discours de remerciements en clôture de la cérémonie du Ballon d’or 2022. Benoît Tessier/Reuters

À jamais le premier. Karim Benzema, tel sera le nom du premier footballeur français à être auréolé d’un Ballon d’or au XXIe siècle. L’attente fut longue, voire lassante pendant plus d’une décennie de mano a mano entre Messi et Ronaldo (de quoi lui faire perdre de son sel par moments), mais 24 ans plus tard la précieuse pelote revient enfin à la maison.

En devenant le 66e lauréat de la plus prestigieuse des distinctions individuelles, attribuée par France Football depuis 1956, Karim Benzema entre officiellement au panthéon du football français. Il s’installe aux côtés de Raymond Kopa, Michel Platini, Jean-Pierre Papin et surtout de Zinédine Zidane, son prédécesseur le plus proche et le plus semblable.

« Petit frère »

Présent lundi soir au théâtre du Châtelet, « Zizou » peut décrire mieux que quiconque le chemin parcouru par ce jeune Lyonnais qui débarquait sur le perron de la Maison Blanche du haut de ses 19 ans. Lors de ses cinq saisons passées aux commandes du Real Madrid, au terme desquelles ils ont glané ensemble la bagatelle de onze trophées, il l’a vu devenir un joueur à la palette de plus en plus complète et a surtout eu le temps de nouer une relation toute particulière avec celui qu’il désigne ouvertement comme son « petit frère ».

En étant invité à lui remettre le trophée qu’il avait lui-même soulevé en 1998, il l’inscrit noir sur blanc dans sa propre lignée et semble suggérer que les deux Madrilènes d’adoption pourraient bien être « nés sous la même étoile » tant leurs trajectoires respectives sont serties de similitudes.

Originaires de villages presque voisins en Kabylie, ils sont également deux enfants des quartiers populaires, élevés loin du strass et des paillettes auxquels ils sont aujourd’hui habitués lors des cérémonies de remise des Ballons d’or. L’un à la Castellane, en périphérie de Marseille, l’autre à Bron, dans la banlieue lyonnaise, Zidane et Benzema ont dribblé et trébuché sur les mêmes terrains de bitume avant de fouler la pelouse de Santiago Bernabeu.

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Tutoyant les sommets sous le maillot merengue, le destin qu’ils ont connu sous celui des Bleus interpelle aussi pour son tracé bien plus sinueux. Fait de hauts et de (très) bas, leurs aventures ont loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Si ses deux coups de boule contre le Brésil ont fait descendre la France entière dans la rue un soir de juillet 1998, la dernière image que l’on retient de Zidane en équipe de France restera à jamais celui envoyé dans le thorax de Marco Materrazzi, faisant ainsi basculer la finale de la Coupe du monde 2006 en faveur des Italiens. Un geste fâcheux dont on parle encore des années plus tard, tout comme cette fameuse affaire de la « sextape », dans laquelle Benzema avait été mis en examen. Bien que finalement blanchi par la justice française, il avait contraint Didier Deschamps de l’écarter de la sélection pendant cinq longues années, devenant ainsi la tête de turc d’une partie de l’opinion, toujours prompte à le ramener à ses origines.

L’attaquant parfait

Mais au-delà de ces épisodes tumultueux et d’un mauvais sens partagé de la communication (l’actuel sélectionneur des Bleus avait longtemps gardé en travers de la gorge cette accusation à demi-mot de Benzema d’avoir « cédé à une partie raciste de la France » en ne le retenant pas dans sa liste pour l’Euro 2016), Karim et Zinédine se ressemblent enfin par l’humilité et l’exemplarité dont ils ont toujours fait preuve sur un terrain de football.

Malgré leur immense talent, ils n’ont jamais fait passer leur ego devant l’intérêt du collectif, au point de rester dans l’ombre pour faire briller les autres. Nul doute que Cristiano Ronaldo doit beaucoup à son coéquipier modèle qui a longtemps accepté de le servir dans les meilleures conditions et de lui laisser les rênes d’une animation offensive dont il comprend mieux les rouages mieux que quiconque.

En plus de définitivement tourner la page de l’ère où le Portugais et son rival argentin attiraient toute la lumière, ce Ballon d’or 2022 vient récompenser un joueur au profil et à l’esthétique rares. Aussi technique qu’un grand numéro 10, mais devenu aussi adroit devant le but que les plus redoutables numéro 9, « KB9 » a acquis, à l’aube de ses 35 ans, toute la panoplie de l’attaquant « parfait ». Celui dont rêve n’importe quel entraîneur, tant il facilite le jeu de ses coéquipiers sans pour autant entraver sa capacité à finir des actions dont il est souvent l’initiateur.

Une saison de tous les records

Sa récente transformation lui a fait prendre une tout autre dimension. S’il ne peut pas (encore) se targuer d’avoir mis deux buts en finale de Coupe du monde, il en a tout de même inscrit une quinzaine dans ce qui restera comme l’une des campagnes européennes les plus mémorables.

Meilleur buteur (et second meilleur passeur) d’une Liga remportée par le Real, Benzema a surtout emmené Madrid sur le toit du continent. Fort de 10 réalisations lors des matchs à élimination directe (un record), il a renversé quasi à lui seul le PSG de Mbappé, Messi et Neymar, Chelsea, Manchester City puis Liverpool en finale en juin dernier. Enchaînant les triplés, les panenkas et les buts spectaculaires inscrits dans des positions parfois improbables, il a été l’immense artisan de la 14e Ligue des champions soulevée par le club merengue, sa 5e à titre personnel depuis son arrivée en 2009.

Au terme d’une saison à 44 buts et 16 passes décisives, il est également devenu le huitième joueur du Real Madrid à recevoir cette prestigieuse récompense, club dont il est désormais le second joueur le plus capé de son histoire (615 matchs disputés), ainsi que son second meilleur buteur, en lieu et place de la légende Raúl, avec 328 buts. Peu importe si les 450 pions de Crisitiano semblent encore lointains, Benzema n’a jamais été obsédé par les distinctions et les records individuels.

Bien qu’il fut en train de réaliser un « rêve de gosse », l’avant-centre n’a pas manqué de dédier son prix à « tous ses coéquipiers en club et en équipe de France ». Après s’être fendu de quelques mots en espagnol à l’égard de Ronaldo (le Brésilien), « son idole » affiché sur les quatre murs de sa chambre d’adolescent, le meilleur joueur de l’année 2022 a conclu son discours en soulevant ce qu’il a appelé de ses mots « le Ballon d’or du peuple ».

L’histoire de ce prix, qu’il reçoit au crépuscule de sa carrière, raconte en creux qu’importe la rudesse de l’hiver, le printemps qui suit peut être radieux. Son immense saison n’a d’ailleurs peut-être pas encore tenu toutes ses promesses. Loin d’être rassasié de la Ligue des nations glanée avec les Bleus en septembre 2021, Benzema n’a pas tardé à évoquer son prochain objectif : « Gagner la Coupe du monde au Qatar. » Une compétition aux allures d’ultime défi pour l’ancien paria du football français et qui a l’opportunité d’en devenir l’un de ses plus glorieux porte-drapeaux.

À jamais le premier. Karim Benzema, tel sera le nom du premier footballeur français à être auréolé d’un Ballon d’or au XXIe siècle. L’attente fut longue, voire lassante pendant plus d’une décennie de mano a mano entre Messi et Ronaldo (de quoi lui faire perdre de son sel par moments), mais 24 ans plus tard la précieuse pelote revient enfin à la maison.En devenant le 66e lauréat...
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