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Nos Lecteurs ont la Parole

Les patrons inéthiques, la perte des compétences et la faillite des sociétés

Il y a des patrons éthiques et il y a des patrons inéthiques. Comment voir la différence ? Nous tenterons de l’expliquer. Ne nous leurrons pas, toute l’économie libanaise est basée sur les dollars américains cash ou fresh, tous les prix sont dollarisés et ajustés au taux de change du jour entre le dollar et la livre libanaise. Sauf les salaires maintenus par certains patrons à leurs niveaux d’avant-crise, malgré la dévaluation de la monnaie nationale et l’ajustement quotidien des prix des produits et services. Ainsi, des salaires qui à l’origine valaient quelque 1 000 dollars par mois se retrouvent, après la dévaluation de la livre libanaise de 90 %, à presque 100 dollars par mois, ce qui suffit à peine à payer l’essence pour la voiture. Parfois, ça devient même perdant de travailler au Liban car le salarié paye plus en essence que ce qu’il reçoit en rémunération.

Les hausses de salaire, quand elles existent, n’arrivent pas à compenser la chute de la valeur de la monnaie dans laquelle elles sont émises. La demande globale des produits diminue faute de moyens d’acheter et fait baisser tous les volumes de vente, poussant à la faillite des entreprises ainsi que toute l’économie.

Karl Marx disait : « Les capitalistes scient la branche sur laquelle ils sont assis. » Je nuancerais cette phrase en disant maintenant : « Les patrons inéthiques scient la branche sur laquelle ils sont assis » et « les patrons éthiques ne la scient en rien, mais pâtissent du comportement inéthique des autres patrons qui, en maintenant des salaires bas, pensent gagner alors qu’ils font baisser la demande globale et poussent à la faillite de l’économie ».

Nous sommes alors devant un fait : les employés compétents démissionnent et quittent l’entreprise où ils travaillent ainsi que le pays pour aller travailler à l’étranger où d’autres patrons reconnaîtront mieux que les patrons libanais leurs compétences et les embaucheront à leur juste valeur.

C’est ainsi que le Liban se vide de ses meilleurs éléments qui se font remplacer par des personnes qui souvent n’ont pas le choix et qui n’ont pas l’expérience des anciens ni leurs capacités. La qualité des ressources humaines diminue et contribue à amoindrir la qualité des produits fabriqués par cette nouvelle force de travail. Du fait de la détérioration de la qualité des produits fabriqués, les clients diminuent et le volume d’affaires chute jusqu’à aboutir à la fermeture de la boîte.

Ainsi, tout le processus de destruction de l’économie libanaise réside dans ces patrons inéthiques qui préfèrent, plutôt que d’être justes envers leurs employés, les payer en monnaie de singe pendant qu’eux facturent en dollars fresh, gagnant la différence de valeur des salaires. On estime à peine à 20 % les patrons qui payent en équivalent dollars leurs employés à un juste niveau.

Dans les années 80, avec l’hyperinflation qui avait eu lieu, une des solutions que beaucoup de sociétés avaient adoptée était de faire la moyenne mensuelle du taux de change du marché libre entre le dollar et la livre libanaise, et de payer les salaires en fonction. Une autre façon de faire serait de déterminer un pourcentage du chiffre d’affaires et de payer les salariés en fonction de ce pourcentage, ce qui inciterait les employés à faire leur possible pour s’effforcer d’obtenir la qualité requise.

Les employés compétents amènent la richesse à la boîte. Ils valent de l’or. Ne pas les repérer, c’est avoir une mauvaise gestion des ressources humaines.

Aux États-Unis, l’évaluation des personnes ne se fait pas uniquement du haut vers le bas, mais en croix : du haut vers le bas, du bas vers le haut, de gauche vers la droite et de droite vers la gauche avec les personnes qui traitent généralement ensemble soit dans la même équipe, soit dans des équipes différentes, peu importe. Cela permet de détecter une anormalité qui se répète par les appréciations diverses et filtre les évaluations fausses ou erronées.

Il est clair que tôt ou tard, les mécanismes d’incompétence et d’injustice des patrons inéthiques viendront détruire leurs sociétés et les mettront en faillite. C’est en grande partie à cause d’eux que le PIB de l’économie libanaise ne fait que baisser (presque de la moitié par rapport à l’avant-crise).

Seule l’éthique permet le maintien de la vie d’une boîte comme d’une société, comme d’un pays. Seule l’éthique construit la richesse, et le manque d’éthique la détruit, avec tout l’environnement social et national

Le manque d’éthique ne serait-il pas une corruption spirituelle aboutissant à la destruction et la mort ? Ne démontre-t-il pas que l’intérêt financier « avant tout » éliminant toute éthique n’est pas le seul critère du maintien de la vie d’un pays ou d’une société ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Il y a des patrons éthiques et il y a des patrons inéthiques. Comment voir la différence ? Nous tenterons de l’expliquer. Ne nous leurrons pas, toute l’économie libanaise est basée sur les dollars américains cash ou fresh, tous les prix sont dollarisés et ajustés au taux de change du jour entre le dollar et la livre libanaise. Sauf les salaires maintenus par certains...

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