Amnesty International a appelé vendredi les autorités libanaises à revenir sur leur décision d'organiser des "retours volontaires" de réfugiés syriens, qui doivent reprendre la semaine prochaine selon Beyrouth.
"Les autorités libanaises intensifient les soi-disant retours volontaires (..), alors qu'il est clair que les réfugiés syriens au Liban ne sont pas en mesure de prendre une décision en toute liberté" à ce sujet, estime Diana Semaan, directrice adjointe par intérim d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.
"En facilitant ces retours, les autorités libanaises exposent sciemment les réfugiés syriens au risque de subir des abus et des persécutions odieuses à leur retour en Syrie", prévient-elle.
Le président libanais Michel Aoun a annoncé mercredi que "le retour des déplacés syriens dans leur pays" commencerait la semaine prochaine.
Le Liban dit accueillir plus d'1,5 million de réfugiés syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, dont plus de 830.000 inscrits auprès de l'ONU. Le pays traverse depuis 2019 une crise économique sans précédent, l'une des pires dans l'histoire du monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. Cette crise a brusquement plongé de nombreux Libanais dans la pauvreté, exacerbant le ressentiment du public face à la présence continue de réfugiés syriens dans le pays.
Les autorités libanaises avaient déjà organisé depuis 2017 des opérations de "rapatriement volontaire" qui ont permis le retour d'environ 400.000 personnes, sur la base de listes nominatives soumises au régime syrien à l'avance. Mais des ONG estiment que le chiffre serait moins élevé et dénoncent des "retours forcés".
Le directeur général de la Sûreté générale au Liban, Abbas Ibrahim, qui a organisé ces retours, a indiqué jeudi qu'une opération de rapatriement prévue la semaine prochaine concernerait 1.600 personnes. Il a ajouté que les autorités libanaises attendaient toujours le feu vert de Damas.
"Le Liban devrait respecter ses obligations en vertu du droit international et mettre fin à ses plans de retour en masse des réfugiés syriens", souligne le communiqué d'Amnesty.
Amnesty et d'autres ONG, dont Human Rights Watch, ont déjà mis en garde par le passé contre l'expulsion des réfugiés vers la Syrie, où les autorités ont selon elles arrêté, torturé ou fait disparaître des Syriens rentrés au pays.
Ça suffit.
23 h 27, le 15 octobre 2022