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Nos Lecteurs ont la Parole

Le syndrome de Stendhal

Ce texte, comme tous ceux qui se penchent sur l’actualité libanaise, est par définition de nature hypothétique, donc sujet à controverses.

À bout de souffle, le Liban pourrait bien exhiber les mêmes syndromes décrits par la psychanalyste italienne Graziella Magherini en 1989, qu’elle nommera la syndrome di Stendhal, en référence à l’écriture descriptive d’un phénomène émotionnel étrange par l’auteur français Marie-Henri Beyle, surnommé Stendhal, qui écrivit en 1826, juste après sa visite à la basilique Santa Croce de Florence : « En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la peur de tomber. »

Selon Magherini, le syndrome de Stendhal est un état psychique qui va de l’hallucination jusqu’à l’impression de tomber à même le sol, lorsque certaines âmes, très sensibles, sont exposées à des œuvres d’art d’une beauté éblouissante.

Paradoxalement, au Liban, le syndrome se manifeste dans le sens contraire. Rien de surprenant. Confrontée à une laideur dévastatrice, la population libanaise ne trouve plus les mots pour décrire l’état émotionnel dans lequel elle se trouve. C’est un cas, sans aucun doute, psychiatrique.

Ce mois d’octobre de l’année 2022, on l’a bien deviné, est déterminant.

Sur le plan social, braquages de banques et fermeture des guichets, une chute interminable de la livre qui se poursuit, un appauvrissement massif et impitoyable, sans précédent pour l’ensemble de la population. Résultat, une situation potentiellement explosive et violente se forme, en crescendo.

En plus, des élections législatives Israéliennes serrées, prévues pour début novembre avec un retour possible de l’extrême droite au pouvoir, rendraient la politique étrangère et de défense israélienne imprévisible vis-à-vis du Liban.

Tout cela coïncidant avec la fin de la tenure présidentielle libanaise le 31 octobre et une élection présidentielle plus qu’incertaine, accompagnée d’un statut gouvernemental démissionnaire, constitutionnellement démuni de compétences. Bref un tableau ciré à la TNT.

En l’absence d’un nouveau gouvernement, combinée à une impasse pour la présidentielle, les scénarios potentiels sont farouchement incertains. Les politologues, à grande raison, se creusent la tête. Les crises sont nouées les unes aux autres, inextricables.

Le président sortant aurait à faire des choix bien difficiles.

Le premier choix serait qu’il mette fin de plein gré à ses fonctions suprêmes et abandonner le pays à son destin. Le deuxième serait qu’il décide de garder ses fonctions afin d’éviter le néant constitutionnel, en attendant soit l’élection d’un nouveau chef d’État, soit la formation d’un nouveau gouvernement.

D’autres choix seraient bien plus durs à faire, et clairement plus radicaux, comme par exemple, (comme il fut suggéré par certains) de demander la vacance gouvernementale à un gouvernement par définition démissionnaire, et faire appel au pouvoir législatif pour l’élection d’un nouveau gouvernement.

Une dernière option, pour un président sortant dans la condition dramatique dans laquelle se trouve le Liban, serait d’évoquer « l’état d’urgence » et de désigner un successeur de facto, le commandant en chef de l’armée par exemple, ou encore une instance militaire comme le conseil de défense supérieur, en attendant l’élection parlementaire d’un chef d’État.

Pour esquisser un coup brutal, d’autres alternatives constitutionnelles pourraient être initiées par le pouvoir législatif cette fois. Avant l’expiration du mandat présidentiel, le maître du Parlement pourrait faire appel aux députés du peuple, dans le but de ressusciter l’actuel gouvernement par un vote de confiance.

Les braquages des banques est un signe précurseur d’un effondrement social total, la fameuse fawda, redoutée par beaucoup pour sa mauvaise réputation, mais porteuse d’espoir pour d’autres, qui ont longtemps cessé de croire à un système politique qui les trahit à tous les coups.

Dans ces méandres tortueuses et monstrueuses du socio-économique et géopolitique, les rêves peuvent renaître, soit en tant que tels, ou alors en cauchemars. Du haut, Stendhal nous regarde. Il faut du beau pour que son vertige vaille la peine. Il fera peut-être beau demain.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Ce texte, comme tous ceux qui se penchent sur l’actualité libanaise, est par définition de nature hypothétique, donc sujet à controverses.À bout de souffle, le Liban pourrait bien exhiber les mêmes syndromes décrits par la psychanalyste italienne Graziella Magherini en 1989, qu’elle nommera la syndrome di Stendhal, en référence à l’écriture descriptive d’un...

commentaires (1)

Je vous conseille de voir le film de Dario Argento le syndrome de Stendhal avec Asia Argento.Filmé à Florenceavec une remarquable séquence à la Galerie des Offices et la musique d ‘Ennio Morricone, bénéficiant des conseils du Dr Magherini, ce film illustre parfaitement le syndrome psychiatrique Fadi labaki

fadi labaki

09 h 06, le 17 novembre 2022

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Commentaires (1)

  • Je vous conseille de voir le film de Dario Argento le syndrome de Stendhal avec Asia Argento.Filmé à Florenceavec une remarquable séquence à la Galerie des Offices et la musique d ‘Ennio Morricone, bénéficiant des conseils du Dr Magherini, ce film illustre parfaitement le syndrome psychiatrique Fadi labaki

    fadi labaki

    09 h 06, le 17 novembre 2022

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