Nul besoin d’être un grand politologue pour le constater : le modèle démocratique est en crise. Partout, ou presque, les courants populistes qui flirtent avec l’extrême droite ou s’en revendiquent ouvertement sont en progression, aux portes du pouvoir, quand ils n’ont pas tout simplement réussi à s’en emparer, à l’instar de Giorgia Meloni, dimanche, en Italie. Même la Suède, que l’on présentait comme un élève modèle, est confrontée au même phénomène. Les démocraties sont minées de l’intérieur et donnent parfois le sentiment, en partie vrai, d’être inefficaces face aux grands enjeux de notre époque.
Ce que l’on dit moins, en revanche, c’est que les régimes autoritaires ne se portent pas mieux. Bien au contraire. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis a nu les nombreuses failles du régime poutinien. Le contre-modèle russe est en train de s’effondrer sous nos yeux. Recep Tayyip Erdogan n’a pour sa part jamais été aussi impopulaire depuis son arrivée au pouvoir en 2003, et pourrait perdre les élections au printemps prochain. Seule la Chine peut se targuer de présenter une alternative « efficace » aux démocraties occidentales, mais sa dépendance accrue à la volonté d’un seul homme, Xi Jinping, constitue, à moyen terme, sa plus grande faiblesse.
Même dans un régime autoritaire, il existe un contrat a minima entre le(s) gouvernant(s) et les gouvernés. Quand celui-ci est complètement rompu, quand une grande partie de la population est en faveur de la chute du régime, ce dernier se retrouve nu. Il ne dépend plus que de la fidélité de son appareil sécuritaire, de sa capacité à mater la rébellion dans le sang et de l’implication – en sa faveur ou non – des puissances étrangères.
Voilà où en est l’Iran, quarante-trois ans après la proclamation de la République islamique. De tous les régimes autoritaires, celui des mollahs est, peut-être avec la Corée du Nord, le plus failli.
Certes, l’Iran a réussi à construire une stratégie d’influence régionale, à faible coût, qui repose essentiellement sur ses milices et ses missiles. Mais on est loin de l’empire stable et prospère.
L’influence iranienne, pour tous les pays qui la subissent, est plutôt synonyme de crises politiques, économiques et identitaires. Et le bilan intérieur est encore moins glorieux. Le régime n’a rien à offrir, à part propagande et répression. La République islamique a déjà perdu la bataille idéologique. Elle a survécu contre la classe moyenne en 2009, puis contre une large partie des classes populaires dix ans plus tard. Elle affronte maintenant, pour la première fois de son histoire, un mouvement qui unit ces deux segments de la société et qui se diffuse à travers les 31 provinces que compte le pays. Malgré la répression (au moins 75 morts), malgré les coupures d’internet qui visent à isoler l’Iran du reste du monde, la « révolte du voile » ne faiblit pas, dix jours après la mort de Mahsa Amini, à la suite de son arrestation par la police des mœurs pour « port inapproprié » du hijab. En Iran, même le religieux, surtout le religieux, est profondément politique. En s’attaquant au port du hijab, qui cristallise aussi toutes les autres colères, les Iraniennes s’en prennent à l’un des piliers de la République islamique. Le régime est frappé en son cœur : renoncer au voile, même faire un compromis sur son port, c’est renier sa propre essence. C’est acter le fait que les jours de la République islamique pourraient être comptés.
Le régime iranien ne peut se réinventer sans se condamner à disparaître. Il peut faire des compromis tactiques, mais ne peut céder le moindre pouce sur l’essentiel. La solidité de son appareil sécuritaire, lié par des convictions idéologiques et par des intérêts économiques, peut encore une fois lui permettre de survivre. Mais il ne peut y parvenir que contre sa propre société. Désormais, ce sera nécessairement lui ou elle. Entre les deux, le lien étant définitivement rompu.
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Espérons que les libanais aveuglés par les slogans pernicieux des fossoyeurs ont enfin compris les tactiques de ces hypocrites qui consistent à les caresser dans le sens du poil jusqu’à les hypnotiser pour les mener à l’abattoir. Le peuple iranien est le meilleur exemple de cette manipulation dont ils ont exercé lors de la révolution des années 70 avec de fausses propagandes de distribution des richesses du pays avec son peuple alors qu’une fois au pouvoir grâce au peuple, ils se sont succédés pour piller le pays et affamer le peuple en l’asservissant le privant de son droit le plus élémentaire qui est de se nourrir, se soigner, de s’habiller et de s’exprimer comme bon lui semble sous peine d’être tué pour une mèche de cheveux qui dépasse ou une opinion contradictoire. Comment faire confiance à un régime qui tue ses propres enfants? Dites le moi pour l’amour du ciel comment peut on adhérer à un régime qui se donne le droit de supprimer des vies au nom d’une loi composée et inventée par des archaïques pour mater tout une nation peuplée de plusieurs millions de citoyens? Quel idiot fini peut trouver cela normal et logique ou même acceptable?
Sissi zayyat
21 h 41, le 27 septembre 2022