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Politique - Présidentielle

Aoun maintient le suspense : Je quitterai Baabda, sauf si...

Le chef de l’État affirme redouter « un complot » et veut l’affronter sans, encore une fois, définir les modalités d’une telle démarche.

Aoun maintient le suspense : Je quitterai Baabda, sauf si...

Le président de la République, Michel Aoun, au palais de Baabda, le 8 septembre 2022. Photo Dalati et Nohra

Souffler le chaud et le froid. Telle semble être la stratégie du président de la République Michel Aoun pour l’après-31 octobre. Alors qu’il ne cesse d’afficher sa volonté de quitter Baabda à la fin de son mandat, il continue, fidèle à sa tradition, d’entretenir le flou autour de sa prochaine étape. Sauf qu’hier, le président a franchi un nouveau cap : « Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire », a-t-il tonné dans une interview publiée par le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar. Beaucoup d’inconnues dans une simple phrase qui ouvre la voie à plusieurs scénarios possibles que le président justifie par sa crainte d’un « complot dont les manœuvres ont déjà débuté » contre « le système (politique en vigueur), l’État, la présidence et la Constitution ». « Si je sens qu’un complot advient, je ne resterai pas les bras croisés », a-t-il menacé. Comme à son accoutumée, Michel Aoun s’est abstenu de dévoiler ses plans. « Le président quittera le palais à la fin de son mandat. Mais il se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de l’État et la pérennité de l’action gouvernementale », se contente de commenter pour L’Orient-Le Jour un proche de Baabda. « Tout comme (le président de la Chambre) Nabih Berry, M. Aoun pourrait tirer des lapins de son chapeau au bon moment », affirme de son côté un responsable au sein du Courant patriotique libre. S’étalant sur le « complot » qu’il affirme redouter, Michel Aoun l’a lié à l’échec du Premier ministre désigné, Nagib Mikati, à former un nouveau gouvernement. « Si le cabinet reste dans son état actuel, cela signifie que nous faisons face à un complot. J’ai peur que celui-ci soit préparé pour le dernier jour de mon mandat, le 31 octobre. Un complot comparable à un putsch contre l’État, la présidence et la Constitution », a-t-il dit. En cas d’échec à élire un président et former un nouveau gouvernement avant le 31 octobre, le pays fera alors face à un vide total au niveau de l’exécutif pour la première fois de son histoire. Dans son interview, le chef de l’État a cherché à se laver les mains d’une telle dérive. « S’il y a une vacance (au niveau de la présidence), ça ne sera évidemment pas moi le responsable, mais le Parlement. La responsabilité incombe à celui qui est derrière l’obstruction de la séance » consacrée à l’élection. Une pique en direction du chef du législatif Nabih Berry qui, deux semaines après le début du délai constitutionnel pour élire un nouveau président (le 1er septembre), n’a toujours pas fixé de date à la première séance électorale. Avant de passer à l’acte, M. Berry préfère, selon ses milieux, attendre qu’une entente autour du futur chef de l’État soit conclue.

La contestation chez ses adversaires

Cette entente semble être l’objectif derrière la dynamique engagée depuis lundi par les députés de la contestation. Ces derniers ont poursuivi hier leur tournée auprès des protagonistes afin d’exposer leur initiative prônant un président de sauvetage. Leur délégation s’est d’abord rendue à Sin el-Fil pour un entretien avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, l’homme politique le plus conspué de la rue dont ces parlementaires sont issus. À cet égard, Michel Doueihy, député de Zghorta, a déclaré : « Il faut se réunir avec tout le monde, en dépit des mésententes politiques. » « Nous saluons l’initiative des treize députés. Les prochains jours montreront que nous pouvons collaborer avec les bonnes gens », a pour sa part souligné Georges Atallah, député CPL du Koura. Si les discussions n’ont pas porté sur des noms de présidentiables, M. Bassil a pris le soin d’affirmer devant ses hôtes qu’il n’est pas candidat à la succession de son beau-père, apprend-on de source informée. Comme pour rassurer ses détracteurs qui l’accusent de tout faire pour accéder à Baabda.

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Deuxième étape : Aïn el-Tiné. Les parlementaires de la contestation se sont réunis avec une délégation du bloc parlementaire de Nabih Berry, lui aussi largement décrié par la rue depuis la révolte de 2019. Cette fois-ci, c’est Paula Yacoubian qui a expliqué la démarche : « Nous avons été élus pour collaborer avec tout le monde pour le bien du pays. » De son côté, le député d’Amal Ali Hassan Khalil a rappelé que M. Berry a défini les critères du présidentiable idéal, à savoir quelqu’un qui bénéficie d’une « acceptabilité musulmane et nationale » en plus de son appartenance chrétienne. Après un entretien avec d’autres députés de l’opposition, Michel Moawad et Achraf Rifi, la délégation a été reçue par le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, et deux de ses collègues. Selon Halimé Kaakour (Chouf), le dialogue a été « franc » et a abordé le concept de la souveraineté et la question des armes.

« Ça ne me dérange pas »

En attendant, Michel Aoun et Nagib Mikati continuent de s’écharper autour de la formation du gouvernement. Dans son interview, le président a réaffirmé qu’un gouvernement démissionnaire ne peut pas assumer les prérogatives du chef de l’État, estimant qu’il s’agirait d’une « violation de la Constitution », alors que celle-ci ne dit rien à ce sujet. Il s’est une fois de plus prononcé pour un élargissement du cabinet sortant en y incorporant six figures politiques, une option rejetée par M. Mikati. Justifiant son intransigeance, il a déclaré : « On ne sait pas jusqu’à quand peut durer le vide politique, et sans accord sur un nouveau gouvernement, nous n’arriverons à rien. Mais la base d’un accord, c’est l’équilibre, et nous n’y sommes pas pour l’instant. » Et d’insister sur le partenariat dans ce processus : Ce n’est pas à lui seul de former le cabinet, tout comme je ne peux moi-même lui imposer mes conditions, a-t-il dit en substance. « Tant qu’il n’y a pas d’accord avec le Premier ministre, ça ne me dérange pas de ne plus le voir », a-t-il toutefois lancé. Lors d’une cérémonie au Sérail, M. Mikati a répliqué en appelant à « cesser de poser des conditions dans une claire tentative de retirer des bénéfices politiques inacceptables », dans une allusion à Gebran Bassil, accusé de vouloir contrôler l’action d’un cabinet qui pourrait gérer le pays après le 31 octobre.

Souffler le chaud et le froid. Telle semble être la stratégie du président de la République Michel Aoun pour l’après-31 octobre. Alors qu’il ne cesse d’afficher sa volonté de quitter Baabda à la fin de son mandat, il continue, fidèle à sa tradition, d’entretenir le flou autour de sa prochaine étape. Sauf qu’hier, le président a franchi un nouveau cap : « Je...

commentaires (18)

Je quitterai Baabda a t-il dit. A bon parce qu’il y était déjà? Si oui à faire quoi sans indiscrétion?

Sissi zayyat

18 h 53, le 15 septembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • Je quitterai Baabda a t-il dit. A bon parce qu’il y était déjà? Si oui à faire quoi sans indiscrétion?

    Sissi zayyat

    18 h 53, le 15 septembre 2022

  • En pijama ou en costume, tu sortiras. Pieds debout ou pieds devant tu sortiras. Il y aura toujours des ahuris pour t'applaudir à ta sortie et à Rabieh tu seras bien entouré.

    Naji KM

    09 h 41, le 15 septembre 2022

  • Taisez-vous; son altesse parle! Évidemment pour fabuler comme toujours!

    Samir Tabet

    23 h 52, le 14 septembre 2022

  • Il s'est déjà acheté un nouveau pyjama? On ne sait jamais...

    Politiquement incorrect(e)

    20 h 17, le 14 septembre 2022

  • Il s’amuse avec ces déclarations. Il quittera la palais de Baabda de gré ou de force. Il a déjà expérimenté la désobéissance et ça lui a coûté une humiliation mémorable et aux autres un flot de morts et de destructions mais ça il s’en fout puisqu’il avait déjà sauvé sa propre peau.

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 40, le 14 septembre 2022

  • J'espère que Michel Aoun restera au "pouvoir" afin de garantir la prospérité à tous les Libanais. Je suis tellement honoré d'avoir vécu au cours de son mandat. Pour ce qui est de Berri, comme il est mignon de proposer que les gens honnêtes et transparents se mettent d'accord sur un nom de façon mafieuse avant qu'on lance les procédures officielles et régies par les textes de loi et par la Constitution. J'encourage tous les Libanais à accrocher des photos de ces deux hommes brillants dans toutes les pièces de leur domicile

    Georges Olivier

    18 h 46, le 14 septembre 2022

  • "... Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire ..." - Quelqu'un peut-il lui expliquer que c'est s'il ne quittait pas Baabda que la situation deviendra anormale et que tout le monde cherchera à nuire? Ça fait six ans que les libanais (CPL et tandem exclus) attendent ce moment avec patience et espoirs. Il est grand temps que le Liban redevienne faible, la "force" ne lui va pas du tout...

    Gros Gnon

    15 h 13, le 14 septembre 2022

  • Merci L’OLJ d’avoir publié mon dernier commentaire sur les cinq que j’ai posté. Yes you can.

    Sissi zayyat

    13 h 47, le 14 septembre 2022

  • Un conseil Président, arrêtez d’écouter celui qui vous a déboussolé en vous donnant des conseils qui vous ont mené à l’isolement et vous mèneront pour sûr dans l’enfer où vous vouliez envoyer les citoyens. Ayez le courage de votre âge et écoutez donc votre instinct pour une fois pour sortir par la grande porte au lieu de vous faire humilier pour rien ou juste pour lui sauver la peau, il n’en vaut pas la peine.

    Sissi zayyat

    13 h 26, le 14 septembre 2022

  • "Le chef de l’État affirme redouter « un complot » et veut l’affronter sans, encore une fois, définir les modalités d’une telle démarche." Mégalomanie doublée de paranoìa...

    Georges MELKI

    10 h 43, le 14 septembre 2022

  • Mon commentaire d’hier a été censuré du fait du prince. L’Histoire de 1990 se répète sauf qu’en 2022 il n’y aura aucune ambassade prête à accueillir les fuyards trouillards

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 40, le 14 septembre 2022

  • Dans notre région, la peur du complot c'est comme chez les gaulois la peur que le ciel leur tombât sur la tête.

    M.E

    07 h 54, le 14 septembre 2022

  • "toujours des complots" avec les " rulers d ici"... ms c est EUX Tous ,le complot machiavélique sur nous !!

    Marie Claude

    07 h 42, le 14 septembre 2022

  • si seulement tu arrivais a maintenir quelque chose d'autre dans la vie, c'est emm chantale qui serait contente

    Elementaire

    07 h 17, le 14 septembre 2022

  • Le pauvre, il a perdu la boule...à son âge c'est fréquent ! Mais le problème, vu sa fonction, c'est que tout un pays en subit les conséquences catastrophiques. Vite un bon psychologue spécialiste des papis qui divaguent...pour le convaincre de rentrer tranquillement chez lui ! - Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 02, le 14 septembre 2022

  • Droles de prerogatives que Aoun essaie de sauver, et que sont-elles? Enfoncer davantage les clos dans le cercueil du Liban, insister a nous garder en enfer comme il l’a fait? Temps de partir Aoun, et surtout emmenez avec vous votre gendre! Vous avez assez nui au pays.

    CW

    05 h 29, le 14 septembre 2022

  • Tu as échoué dans chacune de tes missions! Il reste “la gran finale“ ; tu vas sûrement te surpasser!

    Samir Tabet

    00 h 38, le 14 septembre 2022

  • « Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire »,.. WOW.... Comme il continue à penser que la situation abyssale, dérisoire et infernale dans laquelle on a été emportés est normale, on va le lui confirmer, malgré tout nos malheurs, pour s'assurer de son départ certain...

    Wlek Sanferlou

    00 h 35, le 14 septembre 2022

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