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Politique - Présidentielle au Liban

Aoun : "Je quitterai Baabda si"...

Dans un entretien à al-Akhbar, le chef de l'État dit redouter "un complot" dont "les manœuvres ont déjà débuté" contre lui, à moins de cinquante jours de la fin de son mandat.

Le chef de l'État libanais, Michel Aoun, au palais présidentiel de Baabda, le 21 novembre 2021. Photo d'archives Dalati et Nohra

"Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire" : cette phrase du président de la République, Michel Aoun, suffit à de nouveau instiller le doute sur son prochain départ de Baabda, à un peu plus d'un mois de la fin de son mandat, dans un Liban en lambeaux.

Dans une interview accordée au journaliste Nicolas Nassif, du quotidien al-Akhbar, publiée mardi, le chef de l'État affirme redouter "un complot" dont "les manœuvres ont déjà débuté" contre lui, alors que le pays a entamé le 1er septembre la période électorale afin que les députés lui élisent un successeur. Sauf que le président de la Chambre n'a toujours pas convoqué les élus, faisant redouter une vacance à la présidence, alors que le gouvernement sortant de Nagib Mikati gère depuis le 22 mai les affaires courantes.

Le président est aussi revenu sur la tension qui l'oppose au Premier ministre désigné autour de la formation d'un nouveau cabinet. Michel Aoun a affirmé qu'un gouvernement démissionnaire "ne peut assumer les prérogatives du président de la République" et a accusé M. Mikati de "manque de transparence" lors de leurs différents entretiens sur cette question.

"Je ne resterai pas les bras croisés"

Depuis quelques temps, le président souffle le chaud et le froid sur son intention de quitter son siège à Baabda à la fin de son mandat, le 31 octobre. Répétant sans cesse qu'il quittera le palais présidentiel en temps et en heure, il tempère souvent ses propos en y ajoutant certaines conditions. Et c'est ce qu'il a de nouveau confié à al-Akhbar : "J'espère qu'au 31 octobre tout sera normal, pour que je rentre chez moi rassuré. - Avez-vous des doutes  ? - Bien sûr que j'en ai", a-t-il affirmé en réponse à une question du journaliste.

"Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire. Si je ressens qu'un complot advient, je ne resterai pas les bras croisés", a également affirmé le chef de l'État, qui assure déployer "tous ses efforts" pour qu'un nouveau président soit élu dans les délais constitutionnels. "J'espère la céder (la présidence) à mon successeur, qu'ils sont actuellement en train de choisir", a-t-il affirmé en parlant des députés, alors que les discussions entre les différents groupes parlementaires battent leur plein pour tenter de se mettre d'accord sur des candidats présidentiables.

Complot déjà débuté

"S'il y a une vacance, ça ne sera évidemment pas moi le responsable. C'est le Parlement qui l'est. La responsabilité effective revient à celui qui est derrière l'obstruction de la séance" parlementaire lors de laquelle les députés doivent élire le prochain président, a également lancé Michel Aoun dans une pique claire à Nabih Berry, chef du Législatif qui doit convoquer ladite séance.

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La dernière bataille de Michel Aoun

"Ma décision est connue : celle de quitter la présidence à la fin de mon mandat. Mais attention. Les manœuvres du complot ont déjà débuté, et seront encore plus graves après la fin du délai constitutionnel et de la vacance" présidentielle, a affirmé le chef de l'État. Si aucun successeur n'est trouvé, le Liban pourrait se retrouver pour la première fois de son histoire dans une vacance totale au niveau de l'Exécutif, sans président et avec un gouvernement démissionnaire. Dimanche soir, le chef de l'Église maronite Béchara Raï a appelé Michel Aoun à quitter Baabda à la fin de son mandat.

Mikati ? "Ça ne me dérange pas de ne plus le voir"

Le chef de l'État est également revenu sur l'autre sujet politique épineux du moment : la formation d'un nouveau gouvernement. "Je préfère que six ministres d'Etat politiques soient ajoutés" au cabinet sortant, a affirmé Michel Aoun. "On ne sait pas jusqu'à quand peut durer le vide politique, et sans accord sur un nouveau gouvernement, nous n'arriverons à rien. Mais la base d'un accord, c'est l'équilibre, et nous n'y sommes pas pour l'instant", a-t-il affirmé.

Alors que l'ambiance est à couteaux tirés avec Nagib Mikati, Baabda et le Sérail s'accusant mutuellement d'empêcher la formation d'un gouvernement, Michel Aoun a réitéré ses critiques envers le PM désigné : "Malheureusement, nos réunions manquent de transparence [...] Je suis toujours prêt à un accord avec lui - s'il le veut - selon des critères partagés entre lui et moi pour la formation d'un gouvernement", a déclaré le chef de l'État. "Ce n'est pas à lui seul de le former, il sait bien ce que la Constitution dit de ses prérogatives et des miennes. Comme je ne peux pas lui imposer mes conditions", a-t-il également tempéré, avant de lancer cette phrase : "Tant qu'il n'y a pas d'accord avec le Premier ministre désigné, ça ne me dérange pas de ne plus le voir".

Michel Aoun l'a également répété : un gouvernement démissionnaire "ne peut assumer les prérogatives du président de la République. C'est non seulement une violation de la Constitution, mais cela nous expose aussi à une vraie crise nationale qui peut s'embraser", a-t-il estimé. "Si le gouvernement reste dans son état actuel, ce que beaucoup souhaitent, cela signifie que nous faisons face à un complot. J'ai bien peur que celui-ci soit préparé pour le dernier jour de mon mandat, le 31 octobre, un complot comparable à un renversement de l'État, de la présidence et de la Constitution", a-t-il poursuivi, employant de nouveau le terme de "complot" dans cette perspective. Des déclarations qui ne manqueront pas de faire réagir les détracteurs du président, qui l'accusent régulièrement de vouloir s'accrocher à son siège.

En 1988, sous le mandat du président Amine Gemayel, Michel Aoun, à l'époque commandant en chef de l'armée, avait été nommé à la tête d’un gouvernement militaire de transition chargé d’élire le prochain chef de l’État. Il s'était toutefois abstenu d’organiser le scrutin, et avait dû quitter le palais de Baabda par la force après l’offensive menée par l’armée syrienne le 13 octobre 1990.

Mikati réagit

La réponse du Premier ministre désigné à l'interview du président Aoun ne s'est pas fait attendre. "Nous poursuivons tous nos efforts pour former un nouveau gouvernement, et en face il faut que ces efforts soient suivis par tous les responsables", a affirmé Nagib Mikati dans la matinée de mardi. Lors d'une réunion au Sérail consacrée à la jeunesse libanaise, le chef du cabinet sortant a appelé à "cesser de poser des conditions et des obstacles, dans une claire tentative de retirer des bénéfices politiques inacceptables", une attaque à peine voilée à Michel Aoun et son camp politique. "Nous devons tous nous entraider pour régler le dossier du gouvernement et contribuer à renforcer la stabilité politique, en évitant les polémiques stériles et sans intérêt", a-t-il poursuivi.

"Je quitterai Baabda si la situation est normale et que personne ne cherche à nuire" : cette phrase du président de la République, Michel Aoun, suffit à de nouveau instiller le doute sur son prochain départ de Baabda, à un peu plus d'un mois de la fin de son mandat, dans un Liban en lambeaux. Dans une interview accordée au journaliste Nicolas Nassif, du quotidien al-Akhbar,...

commentaires (20)

Vivement le 1er Novembre

paznavour

22 h 59, le 13 septembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (20)

  • Vivement le 1er Novembre

    paznavour

    22 h 59, le 13 septembre 2022

  • Le 1 Novembre, la fête des revenants et des morts. Évidemment rien de mieux que de nous faire peur à Halloween avec les revenants qui s'accrochent à leurs chaises....

    Aboumatta

    19 h 00, le 13 septembre 2022

  • Espérons que notre cauchemar se terminera le 1er novembre.

    Achkar Carlos

    17 h 51, le 13 septembre 2022

  • Il est persuadé qu'il est en butte à un complot ourdi contre sa petite personne, ses intérêts, sa santé et même son existence ... Qu'il se rassure les Libanais, en majorité, ne pensent qu'à l'aider à prendre ses distances par rapport à la politique et même du monde tout court. Et quand il déclare " Si je ressens qu'un complot advient, je ne resterai pas les bras croisés" Les a t il décroisé une seule fois en six ans de mandature ? Et quand il lui a été possible d'user de ses rares prérogatives, il n' a fait que se lancer dans une démagogie effrénée et despotique.... avec toujours le même refrain qui revenait comme un leitmotiv "j'ai été empêché".

    C…

    17 h 30, le 13 septembre 2022

  • encore faudrait-il trouver une raison de comploter contre lui; je cherche et ne trouve pas... et si tant est que c'est vrai, encore faut-il avoir les moyens. les seuls qui en disposent sont ceux qui le soutiennent. en espérant qu'il ait appris de ses erreurs pour ne pas quitter Baabda comme en 1990, en pyjama, grâce aux français et après avoir mis le pays à feu et à sang.

    N.A.

    17 h 07, le 13 septembre 2022

  • Est-ce que vous avez demandé la bénédiction de Hassouna?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 07, le 13 septembre 2022

  • Si le président redoute d'un complot contre lui vers la fin d'octobre, il n'a qu'à refaire le trajet de 2005,mais, de façon inverse. Et on redira à nouveau, "Aoun raje3".

    Esber

    16 h 56, le 13 septembre 2022

  • Mais c'est vous, Très Cher, qui complotez avec votre successeur-désigné, et personne d'autre ! Vos déclarations le confirment sans équivoque !!! - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 33, le 13 septembre 2022

  • cest un ventriloque...derriere, cest Bassile qui parle

    Jack Gardner

    15 h 01, le 13 septembre 2022

  • Encore et toujours ce fameux RAJEH!!!

    saliba rima

    14 h 47, le 13 septembre 2022

  • Le 31 octobre tu rentres chez toi et tu t'occupes comme tu peux. Il n'y a pas de Si. La constitution ne prévoit aucune exception. Les Libanais attendent ce jour avec impatience. Vivement qu'on en finisse de cette présidence et de sa clique.

    Naji KM

    13 h 53, le 13 septembre 2022

  • mais voyons il y a un antecedant: AMINE GEMAYEL VOUS A NOMME PROVISOIREMENT(EN TANT QUE CHEF DE L'ARMEE) A LA FIN DE SON MANDAT CAR LA CHAMBRE N'AVAIT PAS ELU UN NOUVEAU PRESIDENT FAITES DE MEME , NOMMEZ JOSEPH AOUN PROVISOIREMENT EN ESPERANT QU'IL NE FERA PAS L'ERREUR FATALE DE SE LANCER COMME VOUS L'AVEZ FAIT DANS UNE GUERRE CONTRE UN ADVERSDAIRE DIX FOIS PLUS FORT CESSEZ DE TROUVER DES PRETEXTES POUR METTRE UN HOMME A VOUS DANS CE POSTE SURTOUT LE PLUS HONNI DES LIBANAIS CAD VOTRE GENDRE GEBRAN BASSIL LA VERITE: QUAND ON A REGNE AUSSI MAL DURANT SON MANDAT, UN RESPONSABLE DEVRAIT SORTIR LA TETE BASSE ET ESPERER SE FAIRE OUBLIER SANS MEME JAMAIS SORTIR DURANT LA PREMIERE ANNEE DE SA MAISON POUR NE PAS SE FAIRE CONSPUER PAR UN PEUPLE QUI L'A EN HORREUR AUJOURDH'UI

    LA VERITE

    13 h 46, le 13 septembre 2022

  • "... Je quitterai Baabda si personne ne me veut du mal ..." - C'est quoi ce caprice? D'abord, personne ne lui veut du mal. Puisque c'est interdit... Jusqu'au 31 octobre. Mais après? C'est peut-être surtout pour ça qu'il a la trouille de rendre son bouclier judiciaire...

    Gros Gnon

    13 h 39, le 13 septembre 2022

  • Et alors? Prendre un pays en otage pour se protéger d’un complot!! Ces gens ne pensent qu’à eux, jamais au pays. Jamais vu des dirigeants avec si peu de valeurs, principes, culture. Ils sont hais par leurs compatriotes et s’accrochent à leurs “prérogatives” comme si l’état leur appartenait. Toutes les prières des libanais et particulièrement de la majorité écrasante des chrétiens demandent que Aoun et de sa famille quittent définitivement le pouvoir et le Liban

    AFL

    13 h 17, le 13 septembre 2022

  • Vous êtes tellement insignifiant que le monde vous aura oublié dans l'heure qui suivra votre départ.

    Christine KHALIL

    13 h 16, le 13 septembre 2022

  • Le president Aoun : "Je quitterai Baabda si...." Non monsieur. Dans votre cas precis, la constitution (dont, soi dit en passant, vous etes suppose etre le gardien) ne souffre pas de "Si". Vous quitterez Baabda, point.

    Michel Trad

    13 h 02, le 13 septembre 2022

  • "Je quitterai Baabda si la situation est normale". Donc c'est clair : il est encore la pour longtemps!

    Yves Prevost

    12 h 46, le 13 septembre 2022

  • Le"complot" pour Aoun, c'est de ne pas voir Berri inviter les députés pour élire son successeur. Sur ce point, il a tout à fait raison. Si son successeur n'est pas élu d'ici le 31 octobre, il ne laisserai pas vraisemblablement son poste vacant. Le mieux, c'est de hâter l'élection présidentielle, et qu'elle soit terminée avant la fin du mandat. A bon entendeur, salut.

    Esber

    12 h 35, le 13 septembre 2022

  • HAHAHA ! COMPLOT CONTRE LUI. ONT-ILS BLOQUE POUR DEUX ANS ET DEMI LA PRESIDENTIELLE POUR VOUS EN DELOGER ? COMME VOUS L,AVIEZ BLOQUEE POUR Y ACCEDER CONTRE LA VOLONTE DE LA MAJORITE ECRASANTE DES LIBANAIS ? N,AVEZ-VOUS PAS AVEC VOTRE GENDRE ET VOS ALLIES MERCENAIRES IRANIENS CAUSE TROP DE CATASTROPHES AU PAYS ET A SES CITOYENS ? DEGAGEZ EN DOUCE ET LAISSEZ SANS PROBLEMES UN LIBANAIS PATRIOTE Y ACCEDER POUR FEDERER TOUS LES LIBANAIS EXCEPTE CEUX QUI NE SE SENTENT PAS COMME TELS ET SORTIR LE PAYS ET SON PEUPLE DE L,ENFER QUE VOUS LEUR AVIEZ PROMIS ET DANS LEQUEL VOUS LES AVEZ PRECIPITE DANS SES TREFONDS. ALLAH MAAK MALGRE TOUT. MAIS N,OUBLIEZ PAS D,EMPORTER VOTRE GENDRE AVEC VOUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 35, le 13 septembre 2022

  • Comme il est parano ... il ne partira pas

    Zeidan

    12 h 30, le 13 septembre 2022

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