Le président du Parlement, Nabih Berry, a affirmé que "le Liban a besoin d'un président de conciliation" et s'est réservé le droit d'annoncer la date de convocation des députés pour élire un successeur à Michel Aoun, dont le sexennat arrive à terme le 31 octobre, tout en soulignant ne pas vouloir interférer dans la formation d'un gouvernement. Il a également déploré un "retour à la case départ", alors que le bras de fer se corse entre M. Aoun et le Premier ministre désigné Nagib Mikati.
"Le Liban a besoin d'un président de conciliation, dont la force réside dans le fait qu'il regroupe les Libanais et ne prend parti que pour sauver le pays des crises dont il pâtit", a plaidé M. Berry dans un entretien publié lundi par le quotidien al-Shark al-Awsat. Il a ajouté être en faveur d'une "entente qui permettra d'élire un président regroupant les Libanais, et non qui les divise ou établit des distinctions entre eux".
Cet appel de M. Berry fait suite à un discours du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, dans lequel il avait insisté dimanche sur l'importance d'élire un président de "défi", voire de "confrontation". Il avait déjà lancé cet appel en août dernier, ce qui avait suscité des craintes sur la scène locale et l'avait motivé à épurer ce terme de toute connotation violente dans sa dernière intervention. Pour justifier l'emploi de ces termes, le leader chrétien a précisé : "Je ne sais pas pourquoi certains ont peur du terme défi ou confrontation. Il ne s’agit pas d’un appel à des affrontements dans la rue (…). Il s’agit d’(élire) un président qui défierait les fabricants de Captagon et tous ceux qui se permettent de se substituer à l’État et de prendre des décisions régaliennes ou se rapportant à la politique étrangère", avait encore dit M. Geagea, dans une pique au Hezbollah, allié du mouvement Amal de Nabih Berry.
Le chef du Législatif a encore précisé qu'il se réserve le droit d'annoncer la date d'ouverture des séances parlementaires consacrées à l'élection d'un nouveau président. Bien avant ces sessions, il a indiqué qu'il convoquera la Chambre à une réunion pour voter le projet de budget de l'année en cours et plusieurs projets de réformes requis par le Fonds monétaire international (FMI) pour aider l'économie libanaise.
M. Berry a fait part, en outre, de son "soulagement" quant à la position des députés de la contestation, qui souhaitent se réunir avec toutes les forces politiques afin de parvenir à un accord sur un nouveau président, ayant un profil établi sur la base d'une liste de "critères". Ces parlementaires ont également menacé de recourir à des "méthodes de pression populaire" si un nouveau président n'était pas élu avant le 20 octobre 2022, soit une dizaine de jours avant le départ prévu de Michel Aoun du palais de Baabda.
Gouvernement : retour à case départ
Au sujet du dossier gouvernemental, M. Berry a estimé que "la dernière réunion entre MM. Aoun et Mikati était la pire de toutes et a ramené la discussion à la case départ". "L'atmosphère qui y régnait n'était pas du tout encourageante", a-t-il dit, notant que cela l'a "poussé à prendre la décision de ne pas interférer dans la formation d'un cabinet".
Le chef du Législatif a affirmé, une nouvelle fois à ce sujet, qu'il soutenait la mise sur pied d'une nouvelle équipe ministérielle "le plus rapidement possible, afin d'éviter un conflit constitutionnel". De nombreux observateurs craignent, en effet, que le chef de l’État ne s'accroche à son poste après la fin de son mandat, sous prétexte qu'il est impossible pour un cabinet intérimaire d'exercer les prérogatives du président en cas de vacance.
M. Berry a de nouveau affiché son soutien au Premier ministre désigné et son opposition à l'incorporation de six nouveaux ministres à l'équipe sortante, de crainte de réitérer l’expérience de l'ancien Premier ministre Tammam Salam, lorsque "chaque ministre est devenu président" dans les années 2014-2016. Le cabinet dirigé par M. Salam avait alors exercé les prérogatives du chef de l’État de la fin du mandat de Michel Sleiman jusqu'à l’élection de Aoun. Le cabinet Mikati est en charge des affaires courantes depuis le 22 mai, date à laquelle il a pris le statut d'intérimaire à la suite des élections législatives, mais cette situation pourrait s'éterniser si un accord n'est pas trouvé entre toutes les parties politiques.
Au sujet du litige maritime frontalier entre avec Israël, le chef du Parlement a enfin assuré qu'il accordait une grande importance à ce que le pays retrouve ses richesses pétrolières et gazières. L'émissaire américain Amos Hochstein, en charge des négociations indirectes entre le Liban et son voisin du sud, est attendu à Beyrouth en fin de semaine, selon le vice-président du Parlement Élias Bou Saab.
commentaires (6)
Le problème c'est qu'avec tout ce que nous entendons et voyons venant de ces "responsables" depuis des mois et même des années, nous ne croyons plus aucune de leurs paroles, car ils sont tous des champions du bla-bla-mensonger, kellon yani kellon !!! - Irène Saïd
Irene Said
11 h 23, le 06 septembre 2022