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Politique - Partis

Geagea à l’opposition : un président de sauvetage, sinon...

Le chef des FL réitère son appel à une position commune des groupes parlementaires hostiles au Hezbollah, laissant entendre qu’il n’est lui-même pas candidat à la magistrature suprême.

Geagea à l’opposition : un président de sauvetage, sinon...

Un parterre de personnalités, dont des députés de l’opposition, assistant à la messe des FL hier à Meerab. Photo fournie par les FL

Samir Geagea n’en démord pas. Le chef des Forces libanaises veut unifier les opposants dans la perspective de la présidentielle face au camp soudé derrière le Hezbollah. Mais avec le début du délai constitutionnel pour élire un nouveau chef de l’État et à quelques semaines de la fin du mandat du président Michel Aoun (le 31 octobre), le leader de Meerab est passé à la vitesse supérieure. Désormais, il ne se contente plus de simples appels et incitations. Il met les protagonistes hostiles au Hezbollah face à leurs « responsabilités » : élire un président de sauvetage, sinon le Liban poursuivra sa descente aux enfers.

Cette équation qui résume sa vision de la présidentielle, le leader des FL l’a clairement dressée dans une allocution prononcée à l’issue de la messe annuelle pour le repos de l’âme des martyrs des FL, célébrée dimanche à Meerab. Étaient naturellement présents les ministres et députés du parti, plusieurs responsables au sein de la formation, ainsi qu’une foule de partisans et adhérents. Mais cette année, ce rendez-vous politico-spirituel a été surtout marqué par la présence de plusieurs figures de proue de l’opposition, dont le bloc parlementaire du Renouveau (regroupant les députés Michel Moawad, Achraf Rifi, Adib Abdel Massih et Fouad Makhzoumi) et une délégation du parti Kataëb, comprenant Salim Sayegh et Nadim Gemayel, respectivement députés du Kesrouan et de Beyrouth. La participation des deux parlementaires à la messe semble couronner des pourparlers engagés entre les deux partis pour ramener à la normale les rapports gelés entre les deux anciens alliés depuis la mise en place de l’accord de Meerab entre les FL et le Courant patriotique libre, en janvier 2016. Une entente qui avait pavé la voie de Baabda devant Michel Aoun.

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Samir Geagea a tenu à « rompre avec les habitudes » pour se féliciter au début de son discours de la présence de MM. Gemayel et Sayegh, ainsi que du reste des opposants. Comme pour envoyer un message clair : les protagonistes anti-Hezbollah et ses alliés doivent s’unir aux grands moments historiques. Et c’est à la faveur de cette logique que le chef des FL s’est adressé à tous les députés de l’opposition : « Nous sommes devant une présidentielle cruciale qui soit nous sortira de la crise actuelle, soit nous y enfoncera », a-t-il tonné, avant de poursuivre : « Je m’adresse à tous les députés de l’opposition pour leur dire qu’il est de notre responsabilité de nous coordonner pour faire élire un président, mais pas n’importe lequel. Il faut élire un président de sauvetage. » « Nous sommes le plus large groupe parlementaire. Nous sommes prêts à tout sacrifier, à condition que tous les partis d’opposition se mettent d’accord sur un candidat de sauvetage. Si nous ne prenons pas cette voie, nous trahirons la confiance de la population à notre égard », a-t-il averti, laissant ainsi entendre qu’il ne sera pas lui-même candidat effectif. Dans un premier temps, il y a quelques semaines, il s’était présenté comme un candidat naturel, du fait de son nouveau poids à la nouvelle Chambre issue des législatives de mai dernier.

« La présidentielle dépend des choix que feront les 128 députés à la Chambre. Point à la ligne », a encore dit le leader de Meerab, dans une tentative de circonscrire l’élection d’un nouveau chef de l’État à sa stricte dimension locale, loin des développements régionaux et internationaux. Encore une façon de responsabiliser ses alliés traditionnels, mais aussi les treize députés de la contestation face à cette échéance.

Président de sauvetage et président de défi

S’il avance aujourd’hui la notion de président de sauvetage, Samir Geagea n’a pas pour autant abandonné le fameux concept de « président de défi », évoqué il y a quelques semaines et qui avait fait couler beaucoup d’encre et suscité les craintes de plus d’un. Conscient de l’ampleur de la polémique, il a tenté hier de justifier l’emploi de ce terme, tout en veillant à l’épurer de toute dimension violente, critiquant par la même occasion le mandat de son rival historique. « Je ne sais pas pourquoi certains ont peur du terme défi ou confrontation. Il ne s’agit pas d’un appel à des affrontements dans la rue (…). Il s’agit d’(élire) un président qui défierait les fabricants de captagon et tous ceux qui se permettent de se substituer à l’État et prendre des décisions régaliennes ou se rapportant à la politique étrangère », a précisé M. Geagea, dans une pique au Hezbollah. Poursuivant sur sa lancée, il a déclaré : « Nous voulons un président qui puisse défier clairement les concepts actuellement pratiqués, ainsi que la corruption et les corrompus. »

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Il est en outre revenu sur le concept de président fort, slogan brandi par la présidence et son camp tout au long du mandat Aoun. « Nous voulons un président fort. Et ce n’est pas vrai que cette notion a échoué », a tonné M. Geagea, critiquant sévèrement Michel Aoun sur ce point. Il a ainsi qualifié ce dernier de « président le plus faible de l’histoire du pays, parce qu’il est soumis et qu’il a accepté de sacrifier son peuple pour assurer ses propres intérêts ». Mais telle n’était pas la seule flèche décochée en direction du tandem Baabda-CPL. Car Samir Geagea a estimé que « cela ne vaut plus la peine de les (le camp aouniste) insulter et de condamner leur arrivée au pouvoir. Car dans quelques semaines, ils quitteront le palais présidentiel et sortiront de l’histoire ». Il s’était pourtant livré, dès le début de son discours, à une longue diatribe contre son adversaire de toujours et son gendre Gebran Bassil. « Depuis leur accession à la présidence de la République en 2016, ils n’ont fait que noyer le Liban dans le chaos total pour préserver leurs intérêts », a déploré le chef des FL, accusant ce camp d’« œuvrer pour faire élire Gebran Bassil à la place de Michel Aoun ».

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Samir Geagea, bête noire du Hezbollah, s’est en outre attardé sur la question de la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, à l’heure où l’enquête sur la tragédie fait du surplace depuis plusieurs mois. Il a dans ce cadre critiqué les affirmations de plusieurs ténors du Hezbollah, dont le secrétaire général Hassan Nasrallah, qui avait déploré « une partialité » du juge Tarek Bitar en charge de l’enquête qui poursuit plusieurs responsables politiques et sécuritaires. « La vérité ne pourra être cachée à jamais. Elle finira par être dévoilée », a-t-il dit, rappelant que son parti a présenté aux Nations unies une demande pour que soit formée une commission internationale d’enquête dans cette affaire.

Samir Geagea n’en démord pas. Le chef des Forces libanaises veut unifier les opposants dans la perspective de la présidentielle face au camp soudé derrière le Hezbollah. Mais avec le début du délai constitutionnel pour élire un nouveau chef de l’État et à quelques semaines de la fin du mandat du président Michel Aoun (le 31 octobre), le leader de Meerab est passé à la vitesse...

commentaires (11)

Ne cherchons pas midi à 14hrs! Yalla baa ! Bikaffi! Il faut élire un Président patriotique !comme Tracy Chamoun ou bien Sami Gemayel etc…qui tiennent de leurs parents ! It’s the only way to bring back our dear Country the the golden years …the 50’s and 60’s! Khalsouna baa! Charles Elmann!

charles elmann

02 h 15, le 06 septembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (11)

  • Ne cherchons pas midi à 14hrs! Yalla baa ! Bikaffi! Il faut élire un Président patriotique !comme Tracy Chamoun ou bien Sami Gemayel etc…qui tiennent de leurs parents ! It’s the only way to bring back our dear Country the the golden years …the 50’s and 60’s! Khalsouna baa! Charles Elmann!

    charles elmann

    02 h 15, le 06 septembre 2022

  • Le discours était bien clair concis et précis Pour l’élection de michel Aoun on était devant deux choix ou frangié ou Aoun comme par ailleurs la gauche en France lors de la Dernière présidentielle française au 2 eme tour était devant le fait accompli ou élire Macron ou lepen . En majorité ils ont votés pour macron . A cet effet Si Macron échouera nous devrions pas considéré que c’était la faute de la gauche qu’il avait élue

    william semaan

    20 h 12, le 05 septembre 2022

  • Un candidat charismatique qui peut neutraliser le duo chiite ainsi que les nombreux parasites autour,,pour remettre le pays sur les rails .

    Wow

    13 h 23, le 05 septembre 2022

  • On a hésité d’aller voir un film comique le samedi passé ; on avait eu peur d’en rire pendant le discours de ce «médecin « PERFIDE ..

    aliosha

    12 h 56, le 05 septembre 2022

  • JOUMBLATT EST LÀ POUR CASSER CET OPPOSITION SI FRAGILE. Il VA ROULER AVEC BERRY ET TOUT FAIRE POUR ÉLIRE SLEIMAN 2. LES INTÉRÊTS DE TAYMOUR ET TONY QUI COMPTENT.

    Gebran Eid

    12 h 53, le 05 septembre 2022

  • C’est un beau discours comme en entend depuis des années. Maintenant on passe à la vitesse supérieure et on fourni des actes concrets pour sauver ce qui peut encore l’être avant l’échéance tant attendue. C’était hier qu’il fallait le faire, vous êtes en retard par rapport aux fossoyeurs et il serait temps de leur montrer que la résistance ne se fait pas en distribuant des points à chacun mais à les anéantir un à un pour récupérer notre dignité et notre honneur. Seule une union sacrée peut faire que ce rêve devienne une réalité. A t-il réussi à convaincre les hésitants et les récalcitrants? Peut il obtenir une promesse ferme de leur engagement, eux qui au premier accroc se débinent et retournent leurs vestes. Une question enfin, y avait il un représentant deJumblatt,? Vu que ce dernier n’a pas jugé bon de faire le déplacement pour rassurer les opposants de son appui et ainsi montrer sa solidarité avec les patriotes qui veulent sauver notre pays? Voilà un exemple de couardise et d’égocentrisme qui distinguent ces leaders à deux balles qui, aussitôt que leurs intérêts personnels sont en jeux préfèrent retourner leur veste et faire le dos rond en attendant que leur part du gâteau soit préservé au prix de la survie de leur pays en s’alliant avec celui qui semble apte à rafler la mise grace à leurs comportements on ne peut plus ahurissants.

    Sissi zayyat

    12 h 12, le 05 septembre 2022

  • VOILA UN PATRIOTE LIBANAIS, AVEC SAMI GEMAYEL, LES SEULS BEL SAHA. ILS NE DEMANDE RIEN POUR LUI. IL DEMANDE UN PRESIDENT SAUVEUR CAD APTE, COMPETENT, PATRIOTE DONT LA SEULE DEVISE EST L,INTERET PRIMORDIAL DU LIBAN. LE LIBAN AVANT TOUT. J,AURAIS BIEN VOULU LE VOIR PRESIDENT LE HAKIM.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 11, le 05 septembre 2022

  • Tout ce qu’a dit Samir Geagea c’est ce que nous voulons tous. Mais une partie de la population Libanaise vit de l’argent de ces gens là alors comment finir avec cette mafia au moment où il y a encore plus de besoins. Si ,il y a vingt-cinq ans on m’avait dit que c’est des Chrétiens qui amèneraient les Iraniens diriger le Liban je ne l’aurais jamais cru!

    PROFIL BAS

    10 h 32, le 05 septembre 2022

  • Des dizaines de rangées de membres du Parti, des responsables de tous bords, des admirateurs etc., tous assis dans la même posture...écoutent un fleuve de paroles durant plus d'une heure...bon...et après ? Quelque chose va-t-il changer dans notre enfer quotidien ? Notre vie sera-t-elle plus honorable et "normale" ? Et l'orateur lui-même, qu'a-t-il fait de concret pour le peuple libanais, depuis qu'il est le chef de son Parti, mis à part de donner des conseils et des leçons...et accuser "les autres" ? -Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 27, le 05 septembre 2022

  • "… l’accord de Meerab entre les FL et le CPL qui avait pavé la voie de Baabda devant Michel Aoun …" - Tout est dit dans cette phrase, tu es coupable aussi!

    Gros Gnon

    07 h 41, le 05 septembre 2022

  • Le discours est intelligent et il a su utiliser toutes les fibres émotives. Il est cependant regrettable qu’il n’ait pas fait son MEA culpa d’avoir contribué à l’élection de Michel Aoun et donc d’assumer une partie de la responsabilité du bilan catastrophique de ce mandat.

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 00, le 05 septembre 2022

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