Le groupe parlementaire issu du mouvement de contestation du 17 octobre 2019 a déclaré, samedi, qu'il se réunira avec toutes les forces politiques libanaises afin de parvenir à un accord sur un nouveau président pour le Liban, ayant un profil établi sur la base d'une liste de "critères", en prévision de l'élection présidentielle, dont le délai a débuté mercredi. Les députés ont également menacé de recourir à des "méthodes de pression populaire" si un nouveau président n'est pas élu avant le 20 octobre 2022, soit une dizaine de jours avant la fin du mandat de Michel Aoun.
Lors d'une conférence de presse, les députés Melhem Khalaf et Michel Douaihy ont lu, au nom de leurs collègues, la déclaration énumérant les critères auxquels devrait se conformer le nouveau président, qui comprennent "le maintien de l'indépendance du Liban et de sa souveraineté à l'intérieur et à l'extérieur du pays, son unité et la sécurité de son territoire, ainsi que son indépendance par rapport aux axes régionaux et polarisations internationales d'une part, tout en assurant qu'il est capable d'aider le Liban à retrouver son rôle sur la scène internationale, d'autre part".
Le candidat doit également "croire en un État non confessionnel, basé sur la citoyenneté" et "prendre le parti de la majorité du peuple libanais." Selon les députés, le prochain président devrait être prêt à changer l'équilibre des forces à travers le calcul précis des pertes financières de l'État, la protection de ses actifs et une distribution équitable des responsabilités concernant ses pertes entre les banques commerciales du pays, leurs propriétaires et actionnaires et les bénéficiaires des ingénieries financières, tout en protégeant les dépôts des gens."
Les députés de la contestation ont affirmé que le nouveau président devrait également imposer la reprise de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 et la protéger de toute intervention politique. L'instruction sur ce drame est suspendue depuis des mois en raison des nombreuses demandes de révocation du juge en charge, Tarek Bitar, par de hauts responsables politiques convoqués pour interrogatoire ou faisant l'objet de poursuites.
Réunions consultatives
Dans leur déclaration, les députés des Forces du changement ont indiqué que leur initiative resterait valable jusqu'au 20 octobre, soit une dizaine de jours avant la fin du mandat du président Aoun, "et au cas où cette échéance arrive sans qu'un nouveau président, conforme à ce projet, ne soit élu, nous chercherons des méthodes de pression populaire, sous toutes leurs formes, à partir du 21 octobre dans le but de forcer l'élection" avant le 31 octobre.
Avant cette échéance, le groupe organisera une série de "réunions consultatives" avec des citoyens et des responsables politiques, au Liban et avec la diaspora, afin de présenter son initiative. Ils commenceront par " les groupes et les personnalités " qui croient aux valeurs issues du mouvement de protestation du 17 octobre 2019 avant de rencontrer "toutes les autres forces politiques, pour parvenir à un accord sur le nom d'une personne qui pourra sauver le pays et bénéficier du plus large soutien possible au Parlement ".
Dans le cadre de leur coopération potentielle avec d'autres groupes politiques, les députés des Forces du changement ont rencontré vendredi trois de leurs collègues indépendants de Saïda-Jezzine, Oussama Saad, Abdel Rahman Bizri et Charbel Massaad, afin de discuter d'un éventuel travail collectif, notamment en ce qui concerne le règlement interne du Parlement. Ils ont également rencontré à plusieurs reprises d'autres groupes et personnalités de l'opposition, notamment les députés du parti Kataëb, Michel Moawad et Achraf Rifi.
Ça n’est pas en posant pour la photo qu’ils vont arriver à déloger les mafieux de leur sièges loués qu’ils se sont appropriés. Il nous faut un front large et solide avec un message unique et des actes rapides pour arriver à nous faire croire qu’ils sont de l’opposition. Jusqu’à cet instant ils nous rappellent ceux qu’ils dénoncent. Incapables, dispersés avec des voix dissonantes et en nombre insuffisant.
18 h 21, le 04 septembre 2022