Tracy Chamoun, ancienne ambassadrice du Liban en Jordanie et petite-fille de l'ex-président Camille Chamoun, a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle, emboîtant le pas à l'économiste Ziad Hayek, à deux mois de la fin du sexennat du chef de l'État Michel Aoun.
Cette annonce intervient alors que plusieurs poids lourds maronites sont considérés comme candidats officieux à la présidence, notamment le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et celui du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Rares sont les femmes qui ont tenté de briguer la présidence au Liban. En 2014, l'avocate et militante Nadine Moussa était devenue la première Libanaise à avoir déposé sa candidature pour le scrutin présidentiel.
"Le manque d'entente entre le chef de l'État et les deux chefs du Législatif et de l'Exécutif mènent au blocage et pavent la voie à des malices dont nous avons payé le prix, ce qui nous a empêchés de mettre en œuvre plusieurs projets", a déclaré Mme Chamoun lors d'une conférence de presse, pointant du doigt des "agendas politiques étriqués".
"Le rôle du président est de préserver le vivre-ensemble entre les différentes composantes dans le pays. L'entente ne veut pas dire abandonner ses prérogatives et ses droits mais plutôt trouver des terrains d'entente", a-t-elle ajouté, alors que le président actuel s'est lancé, à maintes reprises au cours de son mandat, dans des guerres de prérogatives avec les Premiers ministres désignés successifs, Saad Hariri et Nagib Mikati. La diplomate a estimé, par ailleurs, que la "formation d'un nouveau gouvernement constitue une priorité pour restaurer la confiance des Libanais et des pays étrangers dans le pays".
La question des prérogatives a refait surface dernièrement après que les tractations gouvernementales avec le Premier ministre désigné Nagib Mikati semblent stagner, à deux jours du début du délai constitutionnel pour l'élection d'un nouveau président. Plusieurs observateurs redoutent le maintien de M. Aoun à la tête de l'État, sous prétexte de l’impossibilité pour un cabinet sortant d’exercer les prérogatives du président en cas de vacance.
"Après l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, j'ai présenté ma démission de l'ambassade du Liban en Jordanie, refusant d'être un faux témoin", a rappelé Tracy Chamoun, assurant vouloir "demander une reddition des comptes" et "la fin de l'intervention de la classe politique dans le pouvoir judiciaire" de manière générale. "Je suis rentrée au Liban après ce drame et aujourd'hui, je me consacre à votre service et au service du pays, tout en vous annonçant ma candidature à la présidentielle", a-t-elle poursuivi.
Mme Chamoun a également assuré vouloir mener à bout cette mission avec toutes les forces politiques "malgré leur division", insistant sur l'importance de veiller à trouver "des points communs pour mettre le Liban à l'abri des conflits extérieurs" et vouloir "améliorer les relations avec les pays étrangers, notamment ceux du Golfe".
Stratégie de défense nationale
Tracy Chamoun a souligné, par ailleurs, que "le Liban ne peut aller de l'avant sans que sa souveraineté ne soit préservée à travers une stratégie de défense nationale claire", mettant en relief la nécessité de soutenir l'armée et les Forces de sécurité intérieure. "La décision de guerre et de paix ne peut être dans les mains d'une partie", a-t-elle stigmatisé, dans une allusion au Hezbollah, qu'elle n'a pas nommé, seule faction à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990.
Elle a également noté qu'elle suivra le dossier du tracé de la frontière maritime avec Israël, et assuré vouloir également suivre de près le rapatriement des réfugiés syriens qui "pèsent lourd sur le Liban", tout en trouvant des "solutions humanitaires" pour les réfugiés palestiniens. Mme Chamoun a plaidé, par ailleurs, en faveur d'un "pouvoir judiciaire indépendant, à l'abri des ingérences et des pressions politiques et confessionnelles", d'une "économie productive", de "la lutte contre la corruption avant la mise en place de nouvelles taxes", des "réformes requises", notamment par la communauté internationale, et d'une "réévaluation des salaires".
Les objectifs ambitieux de l'ancienne ambassadrice du Liban, fille de Dany Camille Chamoun, chef du Parti national libéral assassiné en 1990 lors d'une offensive de l'armée syrienne dans les régions chrétiennes, sont définis alors que le pays reste paralysé, depuis plus de trois ans, par une crise socio-économique et financière inédite sous le regard impassible d'une classe dirigeante apathique.
commentaires (20)
Quoi qu’en disent les pessimistes, sa candidature reste une opportunité énorme à notre pays. Ceci ouvre la voie à des candidats légitimes et patriotiques pour donner un choix autre que la peste ou le choléra aux députés qui veulent sauver notre pays. Nous sommes pour une multitude de candidats patriotes avec des programmes solides pour les confronter et affronter cette bande de chacals et que le meilleur gagne. WHO’S NEXT?
Sissi zayyat
12 h 10, le 30 août 2022