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Nos Lecteurs ont la Parole

Élection présidentielle : pourquoi ne pas former un gouvernement en exil ?

Tous les regards et toutes les attentes portent ces jours-ci sur l’élection présidentielle, comme cela l’était le 15 mai passé pour les législatives. La crainte, cette fois-ci, est de nous retrouver devant le chaos ou le vide. Toutefois, les Libanais ont élu le 15 mai en majorité ceux-là mêmes qui avaient transformé leur pays en purgatoire.

Raymond Eddé, le regretté Amid, toujours présent dans nos cœurs et nos consciences, disait : « Le peuple libanais est politiquement nul… nul… nul… quant à son choix des dirigeants qui le gouvernent. » Il le répétait trois fois et ajoutait qu’il en ressentait de la peine et qu’il regrettait qu’un tel peuple, connu pour son courage, sa générosité, sa chaleur, son intelligence et son esprit entreprenant, soit demeuré politiquement nul… nul… nul dans le choix de ses dirigeants !

Portons dès lors notre regard dans une autre direction au sujet de cette élection présidentielle.

Que dire d’un gouvernement en exil ? Raymond Eddé disait, lorsqu’il était à Paris, que son seul souci était la libération du Liban, « formons un gouvernement en exil avec Kamal Joumblat et Saëb Salam ». L’idée d’un gouvernement en exil reconnu par les grandes puissances lui était venue au rappel de l’expérience réussie du général de Gaulle qui avait formé un tel gouvernement à Londres lorsque la France était sous occupation. Ce gouvernement avait dirigé la résistance et de Gaulle était revenu en triomphe à Paris après la victoire des Alliés et le retour de la paix.

Le Amid avait dit à Kamal Joumblatt lorsqu’il se préparait à voyager en Égypte au temps où Anouar Sadate l’avait invité à venir d’urgence : « Nous sommes, moi et toi, contre la Syrie. Allons ensemble en Égypte et assurons la création d’un gouvernement en exil. » Mais le leader druze avait refusé et il avait été assassiné quelques semaines après cet entretien.

Si l’expérience des élections du 15 mai a confirmé ce qu’avait dit Raymond Eddé sur le peuple libanais, les émigrés ont prouvé qu’ils étaient la seule vraie force du Liban et que le peuple libanais peut être courageux, conscient et capable de bien choisir ses dirigeants. Mais ils n’ont pas pu seuls renverser la situation et jouer le rôle d’un « général de Gaulle » sans l’appui d’un gouvernement en exil.

Pourquoi Samir Geagea ne choisirait-il pas de résider à Paris et d’y former un gouvernement en exil ? Pourquoi Walid Joumblat ne rejoindrait-il pas ce gouvernement ?

Pourquoi ce gouvernement ne serait-il pas présidé par Fouad Siniora ou Achraf Rifi ? Les grandes puissances ne pourraient que reconnaître ce gouvernement en exil parce que les peuples des États démocratiques sont pour un Liban libre. Pourquoi alors l’élection présidentielle ne se résoudra-t-elle pas à la formation d’un gouvernement en exil auquel sera transféré le pouvoir légitime ?

Le Liban a besoin de héros. Il s’agit d’une étape décisive. Le gouvernement en exil est la seule solution. Faisons en sorte que le Liban jouisse d’un pouvoir légitime et libre assuré par un tel gouvernement ayant son siège provisoire à Paris et regroupant des hommes et des leaders qui ont fait preuve de patriotisme et de courage. Beaucoup d’émigrés ont travaillé sincèrement et en silence. Faisons qu’ils ne travaillent pas dans le vide et se joignent tous à un gouvernement en exil.

L’histoire est riche en leçons et l’une d’elles nous dit que les gouvernements en exil peuvent devenir des gouvernements légitimes. Le Liban ne sera sauvé que par cette voie. Le récent bulletin de la Banque mondiale condamnant la classe gouvernante et l’accusant de corruption aurait pu émaner de ce gouvernement en exil qui se serait joint à cette institution internationale.

L’intérieur du pays est occupé. Il a perdu connaissance et n’a plus de volonté. Il ne nous reste que l’extérieur, les pays des hommes libres et de la liberté, pays dans lesquels sera bâtie une légalité libanaise authentique reconnue par tous les pays et les Nations unies. Raymond Eddé avait demandé à Nabih Berry avant son élection à la présidence du Parlement (c’était à Paris, le jour où il avait visité le Amid) : « Quand le prophète Mohammad a-t-il remporté la victoire ? » Nabih Berry n’avait pas répondu et le Amid avait ajouté : « Lorsqu’il avait émigré à Médine. » L’émigration est la clef de la victoire.

Avocat

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Tous les regards et toutes les attentes portent ces jours-ci sur l’élection présidentielle, comme cela l’était le 15 mai passé pour les législatives. La crainte, cette fois-ci, est de nous retrouver devant le chaos ou le vide. Toutefois, les Libanais ont élu le 15 mai en majorité ceux-là mêmes qui avaient transformé leur pays en purgatoire.Raymond Eddé, le regretté Amid, toujours...

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