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Économie - Cherté

Près de 60 millions de livres de fruits et légumes perdus faute de bras au Royaume-Uni

Près de 60 millions de livres de fruits et légumes perdus faute de bras au Royaume-Uni

Si les fermes britanniques peinent à ce point à recruter, c’est notamment parce que l’embauche de travailleurs européens, autrefois libres d’aller et venir, a été fortement compliquée par le Brexit. Justin Tallis/AFP

Plus de 60 millions de livres (72 millions de dollars) de fruits et légumes ont été perdus au Royaume-Uni sur la première moitié de l’année faute de travailleurs pour les ramasser, selon une estimation du syndicat agricole britannique NFU (National Farmers’ Union). Ces pertes « d’aliments nutritifs et de qualité » sont d’autant plus dures à encaisser « à un moment où les familles du pays ont déjà du mal à joindre les deux bouts en raison de la flambée du coût de la vie », a déploré Tom Bradshaw, vice-

président du NFU dans un communiqué lundi. Selon l’enquête réalisée par le syndicat, 40 % des agriculteurs interrogés ont subi des pertes de récoltes en raison d’une pénurie de main-d’œuvre chiffrée à 14 % des besoins. 17 % des travailleurs recrutés ne se sont jamais présentés, tandis que 9 % sont partis avant la fin de leur contrat.

Si les fermes britanniques peinent à ce point à recruter, c’est notamment parce que l’embauche de travailleurs européens, autrefois libres d’aller et venir, a été fortement compliquée par le Brexit. Et les travailleurs ukrainiens, qui représentaient ces dernières années la grande majorité des travailleurs saisonniers dans le pays, sont pour beaucoup bloqués chez eux par la guerre. Conséquence : les exploitants britanniques font appel à des travailleurs venus de plus en plus loin, Ouzbékistan, Philippines, Indonésie, Afrique du Sud, etc., pour occuper des emplois difficiles qui ne trouvent pas preneur localement.

« Dans le même temps, la sécheresse qui dure et les températures record ont créé un environnement vraiment difficile pour la croissance de nos fruits et légumes », ajoute Tom Bradshaw, ce qui rend d’autant plus crucial le fait de pouvoir ramasser la nourriture produite. Pour faire face à cette situation, le NFU appelle notamment le gouvernement à augmenter le nombre de visas disponibles pour répondre aux besoins du secteur pour éviter « ce niveau désastreux de gaspillage alimentaire l’année prochaine ». Selon le syndicat, près des deux tiers des recrues sur la première moitié de l’année ont été embauchées via le régime de visa des travailleurs saisonniers, dont un tiers étaient déjà venues auparavant. Quelque 38 000 visas de travailleurs saisonniers ont été autorisés pour cette année et le secteur en demande presque le double, à savoir 70 000.

L’inflation s’accélère

En parallèle, l’inflation qui s’accélère fait fondre à une vitesse record le pouvoir d’achat des Britanniques, avec des salaires réels, c’est-à-dire ajustés après les hausses de prix, qui ont perdu 3 % pour les trois mois terminés fin juin. Ces rémunérations réelles, hors bonus, ont « chuté à la vitesse la plus rapide jamais enregistrée depuis le début de statistiques comparables en 2001 », a précisé mardi Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l’Office national des statistiques (ONS), sur Twitter. Les salaires ont pourtant augmenté de 4,7 % pour la période, et même de 5,1 % si l’on inclut les bonus, indique l’ONS dans son rapport mensuel, mais l’inflation a atteint en juin 9,4 % sur un an dans le pays et pourrait dépasser 13 % en octobre selon les prévisions de la Banque d’Angleterre.

« Les employeurs font leur possible pour aider leur personnel à traverser cette période, mais une large majorité ne peut se permettre d’augmenter les salaires suffisamment pour suivre l’inflation », a réagi le syndicat patronal CBI dans un communiqué.

Le taux de chômage est resté stable à 3,8 %, un plus bas en près de 50 ans, « ce qui montre que le marché du travail est solide » et souligne « la résilience de l’économie britannique », a salué le ministre des Finances Nadhim Zahawi. Mais le taux d’inactivité reste au-dessus de son niveau d’avant le Covid-19, rappelle l’ONS. De nombreux Britanniques sont en effet sortis du marché du travail depuis la pandémie, entre Covid longs, pathologies chroniques dont les traitements ont été retardés et retraites anticipées. Le phénomène ne s’est pas résorbé outre-Manche, contrairement à l’UE ou aux États-Unis.

Le problème s’est même aggravé entre avril et juin, selon l’ONS, qui relève que « le nombre de personnes économiquement inactives pour cause de maladie de longue durée » a augmenté. Il y a au total plus de 500 000 personnes de moins sur le marché du travail depuis le début de la pandémie. Un des facteurs régulièrement pointé du doigt : les listes d’attente à rallonge dans le système de santé publique, le NHS, sous-financé depuis des années. Plus de six millions et demi de personnes sont en attente de soins considérés comme non urgents, un chiffre gonflé de plus de 50 % depuis le début de la pandémie.

Si ce phénomène renforce le manque de main-d’œuvre, le nombre d’offres d’emploi entre mai et juillet a cependant légèrement diminué par rapport aux trois mois précédents, à un peu moins de 1,3 million, mais reste très au-

dessus de ses niveaux prépandémie. Il s’agit d’un « signe que le marché du travail se détend », estime Danni Hewson, analyste chez AJ Bell. « Là où le mois dernier il y avait davantage d’offres d’emplois que de chômeurs, le nombre s’est maintenant égalisé », a-t-il constaté. Si « la faiblesse de l’économie » aide au relâchement du marché du travail, alors que le PIB britannique s’est contracté de 0,1 % au deuxième trimestre, « il reste exceptionnellement tendu », nuance Ruth Gregory, analyste de Capital Economics.

Source : AFP

Plus de 60 millions de livres (72 millions de dollars) de fruits et légumes ont été perdus au Royaume-Uni sur la première moitié de l’année faute de travailleurs pour les ramasser, selon une estimation du syndicat agricole britannique NFU (National Farmers’ Union). Ces pertes « d’aliments nutritifs et de qualité » sont d’autant plus dures à encaisser « à un...

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