L'inclinaison d'une partie des silos du port de Beyrouth s'accélère

L'inclinaison de la partie nord des silos du port de Beyrouth, en proie à un incendie qui dure depuis des jours et qui sont déjà gravement endommagés par la double explosion du 4 août 2020, s'accélère. C'est ce qu'ont reconnu les autorités libanaises, alors qu'un effondrement partiel de cette structure est à craindre. Des craintes qui ont poussé le gouvernement à donner des instructions aux riverains en cas d'affaissement des silos.

Le ministère de l'Environnement a annoncé mercredi, dans un communiqué, que "les outils de surveillance installés dans les silos ont enregistré une augmentation du risque d'un effondrement de certaines parties de la façade nord de la structure". Selon les autorités, "la vitesse d'inclinaison du bâtiment est passée de 2 millimètres par jour à 2,5 millimètres par heure, dans toute la partie nord, qui menace désormais de s'effondrer". Le ministère note toutefois que la partie sud "est stable, sans qu'aucune inclinaison ne soit enregistrée".

"Etat d'alerte"

A la suite de ces nouvelles données, le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, a demandé aux autorités concernées de "surveiller de près les silos et d'interdire à toute personne de s'en approcher, qu'il s'agisse d'employés ou de membres de la Défense civile et des pompiers, par souci de sécurité. Il a également demandé à l'armée et la Direction de la gestion des catastrophes d'être "en état d'alerte en cas d'effondrement partiel de la structure".

Les silos du port de Beyrouth avaient été gravement endommagés par la double explosion meurtrière du 4 août 2020, qui a tué plus de 220 personnes, blessé 6.500 autres et ravagé des quartiers entiers de la capitale libanaise. Selon une mission d'expertise menée par un ingénieur français basé à Genève, Emmanuel Durand, la partie nord a été lourdement endommagée à sa base et risque de s’effondrer. Les résultats ont révélé une inclinaison quotidienne de cette partie de la structure. Pour ne rien arranger, le bâtiment est en proie à des incendies répétés depuis début juillet, en raison de la présence de grains fermentés qui s'enflamment sous l'effet de la chaleur estivale. Les pompiers ont mené plusieurs interventions, mais des départs de feu restent à craindre et de la fumée se dégage toujours des lieux.

Pour mémoire

Les silos du port de Beyrouth pourraient s’effondrer

Il y a quelques jours, trois ONG spécialisées dans le patrimoine et l’Université arabe de Beyrouth avaient adressé une lettre à la présidence du Conseil et au ministère de la Culture, demandant de réactiver la décision de classer les silos sur la liste du patrimoine national, afin de les préserver et d'éviter leur destruction. Une destruction à laquelle s'opposent des familles des victimes, qui accusent les autorités de vouloir gommer toute trace du drame et d'altérer les preuves de la catastrophe, alors que des responsables politiques et sécuritaires de tous bords sont poursuivis dans cette enquête qui piétine face aux ingérences du pouvoir en place.

Face au risque d'effondrement, les ministères de l'Environnement et de la Santé ont donné lundi des instructions et des avertissements aux personnes vivant aux alentours du port de Beyrouth.  Ils ont expliqué que "dans le cas d'un effondrement ou d'une chute partielle (des silos), la poussière résultant des restes de construction et certains champignons provenant de grains de blé pourris se répandront dans l'air". "Il est très probable que la zone entourant le port (dans un rayon de 500 mètres) et la zone à l'intérieur du périmètre du port soient probablement affectées par une énorme quantité de poussière dans l'air et devraient être évacuées immédiatement dans le cas où cela se produirait", ajoutent-ils.

Message de l'ambassade de France

Les deux ministères ont également indiqué que la zone située entre 500 et 1500 mètres du port, qui comprend le centre-ville de Beyrouth, Geitaoui, la Quarantaine et Mar Mitr, sera affectée par une quantité de poussière durant 24 heures. Les personnes travaillant et vivant dans cette zone doivent fermer leurs fenêtres, indique le communiqué, ajoutant que le ministère de la Santé va fournir des masques aux personnes vivant à proximité du port. Dans le cas d'un effondrement, les personnes présentes à l'extérieur des bâtiments doivent porter un masque KN95 pendant les deux premières heures suivant l'effondrement et ce, jusqu'à ce qu'elles atteignent un espace fermé, ont également précisé les deux ministères.

Ces directives ont été reprises par l'ambassade de France au Liban, qui a envoyé un message à ses ressortissants afin de les informer des risques et des mesures de précaution à prendre en cas d'effondrement.