Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé lundi soir que son parti "n'a rien à voir" avec la brève arrestation de l'archevêque maronite de Haïfa et de Jérusalem, Moussa el-Hage, sur ordre du commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Fadi Akiki, réputé proche du chef du Parlement, Nabih Berry, allié du parti chiite. Il s'agit de la première réaction du chef du Hezbollah à cette affaire qui fait polémique sur la scène locale.
Revenant en outre sur le tracé de la frontière maritime entre le Liban et Israël, le leader chiite, qui avait dernièrement brandi des menaces de guerre, a tempéré une nouvelle fois ses propos, mettant toutefois en garde contre "un problème si le forage dans le champ de Karish débute en septembre avant que le Liban n'ait obtenu ses droits". Ce champ, au large duquel est arrivé une plateforme d'extraction gazière il y a plus d'un mois, pourrait se trouver dans une zone contestée par le Liban s'il officialise ses revendications maximalistes, à savoir la ligne 29. Sauf que les autorités officielles se contentent jusque-là de réclamer la ligne 23, en exigeant une déviation de cette courbe pour inclure la totalité du champ de Cana, alors que le tracé originel prévoit une partie de cette zone à Israël. Il n'est toujours pas clair si le champ de Cana renferme du gaz offshore. Quant au Hezbollah, il évite de se prononcer sur les tracés de ligne.
Affaire Mousa el-Hage
"Je dis au peuple libanais, notamment les chrétiens, que le Hezbollah n'a rien à voir avec l'affaire de l'archevêque Moussa el-Hage dans laquelle nous n'interviendrons pas", a assuré le leader chiite dans une première réaction à cette affaire, lors d'une entrevue accordée à la chaîne al-Mayadeen et diffusée lundi soir. "Les présomptions de certains qui pensent que les organes de sécurité libanais travaillent au profit du Hezbollah sont mensongères, calomnieuses et injustes à l'égard de ces services et du Hezbollah", a-t-il ajouté, prenant implicitement la défense du juge Akiki. Lundi, le chef des Forces libanaises Samir Geagea avait qualifié le magistrat de "traître" qui a enfreint la loi.
"Ce qui s'est passé au cours des deux derniers jours à la suite de cette affaire met en danger l'existence de l'État, des institutions et du pouvoir judiciaire", a-t-il prévenu, pointant du doigt une "voie dangereuse". Le leader chiite a également souligné que "transférer de l'argent depuis la Palestine occupée vers le Liban enfreint la loi, quelles qu'en soient les causes".
Mgr Hage avait été interrogé pendant 13 heures par les autorités libanaises lors de son passage il y a huit jours au point de Ras Naqoura, alors qu'il rentrait au Liban en provenance d'Israël en possession d'aides en espèces de quelque 460.000 dollars et en médicaments fournis par des personnes privées de diverses confessions à leurs proches dans un pays en plein effondrement. Dans une interview accordée à L'Orient-Le Jour, l'archevêque a estimé que sa détention visait à envoyer "un message musclé au patriarche" maronite, Béchara Raï, qui entretient des relations houleuses avec le Hezbollah.
Lundi, le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim a affirmé avoir appliqué la loi en ordonnant l'arrestation de Moussa el-Hage.
Frontière maritime et "missiles de précision"
Hassan Nasrallah est par ailleurs revenu sur le tracé de la frontière maritime avec Israël. "Si le forage de gaz et de pétrole dans le champ de Karish débute en septembre avant que le Liban n'ait obtenu ses droits, nous nous dirigeons vers un problème", a-t-il mis en garde. "Nous avons fixé un objectif et œuvrons pour y parvenir sans hésitation", a-t-il poursuivi, assurant "avoir recours à tout ce qui permettra de le réaliser". Selon lui, "l'État est incapable de prendre la décision convenable qui protège le Liban et ses richesses". "La résistance se retrouve alors obligée à prendre cette décision", a-t-il estimé. "Nous sommes à même de dissuader l'ennemi et frapper des cibles dans n'importe quel endroit au large d'Israël", a-t-il assuré. Il a également affirmé qu'il "n'existe aucune cible israélienne en mer ou sur terre que les missiles de précision de la résistance ne peuvent atteindre".
"Si nous nous dirigeons vers une guerre, les Libanais doivent avoir confiance dans la résistance qui pourra imposer la volonté du Liban sur l'ennemi", a ajouté le chef chiite. Et de poursuivre : "Si la guerre éclate entre le Liban et Israël, on ne sait pas si le conflit restera bilatéral. Il est possible et très probable que d'autres forces interviennent", a prévenu Hassan Nasrallah.
Mardi, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a estimé que le chef du Hezbollah "entrave l'obtention d'une solution" dans ce litige, assurant toutefois espérer que "la situation ne dégénérera pas en guerre". Plusieurs responsables libanais ont, dans ce contexte, annoncé que l'émissaire américain chargé des négociations indirectes entre le Liban et Israël au sujet du tracé de leur frontière maritime, Amos Hochstein, est attendu à Beyrouth dans les prochains jours, même si Washington n'a toujours pas confirmé ce déplacement.
Présidentielle et fuel iranien
S'exprimant au sujet de la présidentielle à deux mois de la fin du mandat de son allié chrétien, le président Michel Aoun, le chef du Hezbollah a assuré que son parti "n'a pas encore commencé à discuter des noms des candidats". "Nous sommes concernés par un dialogue avec le Courant patriotique libre (CPL) et le Courant des Marada, puis avec nos amis, avant d'effectuer un dialogue interne", a-t-il indiqué. Commentant le mandat de M. Aoun, le leader chiite a estimé que ce dernier était "un homme fort qui n'a pas faibli", alors que le mandat de ce dernier est qualifié de catastrophique par ses détracteurs.
Le chef du Hezbollah a par ailleurs assuré être prêt à acheminer du "fuel iranien vers les centrales électriques au Liban gratuitement, si le gouvernement donne son feu vert", déplorant toutefois "l'absence d'audace politique" pour approuver une telle mesure, par crainte de sanctions américaines. Le parti pro-iranien avait déjà importé du fuel iranien fin 2021, alors que la crise et les pénuries de carburants avaient atteint leur summum dans un pays en plein effondrement depuis 2019.
Ya haram! Il n'a rien à voir avec l'arrestation de l'archevêque! Nous le croyons aveuglément. Quelle couleuvre.
00 h 03, le 28 juillet 2022