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Politique - Décryptage

La formation d’un gouvernement tributaire de l’accord sur la frontière maritime

Alors que les Libanais attendaient des développements dans le dossier de la formation d’un nouveau gouvernement, d’autres événements se sont imposés. Entre la question du tracé de la frontière maritime et l’affaire de l’évêque Moussa el-Hage, plus personne n’a évoqué le processus de formation d’un nouveau gouvernement. C’est à peine si quelques médias ont rappelé que le président du Conseil désigné avait prévu de se rendre à Baabda dans le courant de la semaine, après la pause de la fête de l’Adha, mais qu’il attendait un signe du chef de l’État, lequel attendait à son tour une initiative de sa part... À en croire ces médias, chacun des deux responsables attendait donc l’autre au moment où le pays se débat dans des crises sans précédent. Mais selon des sources qui suivent le dossier, le problème serait plus profond. D’après elles, le dossier gouvernemental reste étroitement lié à l’échéance présidentielle. Lorsque Nagib Mikati a été nommé par les députés, avec un nombre de voix réduit, pour former le nouveau gouvernement, la plupart des parties concernées estimaient qu’il valait mieux que le président du Conseil démissionnaire soit lui aussi le président du Conseil désigné afin d’éviter des frictions et des conflits sur les prérogatives de l’un et de l’autre, alors qu’en principe, le gouvernement en gestation ne devait pas survivre au-delà du 31 octobre, date de la fin du mandat présidentiel.

Il y avait donc une sorte d’entente tacite entre les différents protagonistes, ou au moins entre les principaux partis et chefs de file, pour estimer que le Premier ministre désigné n’aurait pas le temps de mener de longues et épuisantes négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement dont la durée de vie ne dépasserait pas les trois mois. Les options étaient donc limitées : soit le gouvernement démissionnaire actuel reste en place jusqu’à la fin du mandat et gère les affaires courantes au mieux, soit quelques changements y sont apportés pour l’adapter autant que possible aux nouveaux équilibres issus des législatives de mai.

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Toujours selon les sources précitées, c’est dans cet esprit que Mikati s’est rendu à Baabda avec une mouture précise. Sous couvert de changements minimes, cette formule avait donné le ministère de l’Énergie à une personnalité sunnite et fait sortir deux ministres actuels : Walid Fayad et Amine Salam. Les sources proches du CPL affirment à ce sujet que Mikati savait parfaitement que le chef de l’État ne pouvait pas accepter une telle formule. Il l’a donc présentée parce qu’il ne souhaite pas former un gouvernement pour l’instant, mais voudrait rejeter la responsabilité du blocage sur le chef de l’État et son camp pour gagner de la popularité sur la scène interne et sunnite en particulier.

Lors des consultations parlementaires avec les différents blocs, effectuées après sa désignation, Mikati avait laissé entendre à ses interlocuteurs qu’il n’avait pas le temps d’entrer dans de longues négociations si l’élection présidentielle devait avoir lieu à la date prévue. Dans cette optique, il s’agissait donc de consultations pour la forme. Mais cette attitude suppose que l’élection présidentielle ait lieu avant le 31 octobre. Or, jusqu’à présent, aucune partie interne ne peut assurer que le Liban aura un nouveau président avant la fin du mandat de Michel Aoun. Or, si cette échéance n’est pas respectée et si un nouveau gouvernement n’est pas formé d’ici là, le pays se retrouvera face à un scénario inédit, celui d’une vacance quasi totale dans l’exécutif. L’unique instance légitime sera alors le Parlement élu le 15 mai. Non seulement il y aura dans ce cas un désordre au niveau des pouvoirs, mais il y aura aussi de facto une hégémonie du législatif sur l’État et ses institutions. De plus, en raison des prérogatives du président de la Chambre, Nabih Berry tiendra les rênes du pays en attendant l’élection d’un nouveau président. Il est clair que ce cas de figure risque de déplaire à de nombreuses parties, à la fois internes et externes. C’est pourquoi, dans les coulisses politiques, beaucoup estiment que si le scénario d’une vacance présidentielle se précise, le président du Conseil désigné reprendra ses contacts pour former un nouveau gouvernement sans plus attendre un signe de Baabda. Le gouvernement risque de ressembler à l’actuel avec quelques changements correspondant au nouveau Parlement. Comme il n’y a aucune certitude jusqu’à présent, Mikati préfère donc laisser passer le temps en essayant de marquer des points. Les milieux politiques sont convaincus que les développements dans le dossier du tracé de la frontière maritime devraient permettre de préciser les contours de la prochaine étape. Si, comme le laissent entendre des sources locales et externes, un accord est conclu rapidement, cela indiquerait que l’échéance présidentielle devrait avoir lieu dans les délais légaux et que les institutions étatiques devraient se remettre à fonctionner. Mais si l’accord est reporté ou entravé, il faudra rapidement former un nouveau gouvernement, sinon le désordre sera plus difficile à contrôler. Le mois d’août s’annonce donc déterminant pour l’étape à venir.

Alors que les Libanais attendaient des développements dans le dossier de la formation d’un nouveau gouvernement, d’autres événements se sont imposés. Entre la question du tracé de la frontière maritime et l’affaire de l’évêque Moussa el-Hage, plus personne n’a évoqué le processus de formation d’un nouveau gouvernement. C’est à peine si quelques médias ont rappelé que le...

commentaires (2)

Pourquoi vous perdez votre temps à lire de pareilles inepties

Lecteur excédé par la censure

16 h 38, le 22 juillet 2022

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Commentaires (2)

  • Pourquoi vous perdez votre temps à lire de pareilles inepties

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 38, le 22 juillet 2022

  • indubitablement nous nous devons de remercier les observateurs, libanais, les decrypteurs(ses),analystes et autres experts de la politique locale, regionale et meme internationale. LES LUMIERES du metier quoi.

    Gaby SIOUFI

    09 h 37, le 22 juillet 2022

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