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Politique - Décryptage

La nouvelle tactique du Hezb : dissocier les frontières maritime et terrestre

Il y a eu d’abord les propos, la semaine dernière, du président de la République sur une probable entente au sujet du tracé de la frontière maritime à la suite des négociations indirectes avec les Israéliens. Ce climat positif a été relayé par une déclaration du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, samedi, sur « l’imminence de la conclusion d’un accord au sujet des ressources gazières et pétrolières au large des côtes libanaises et palestiniennes ». Il faut d’ailleurs rappeler que le général Ibrahim avait été informé, lors de sa dernière visite à Washington, de la volonté des Américains de parvenir à un accord entre Libanais et Israéliens au sujet de ces ressources. De même, les milieux proches du président du Conseil et ceux du président de la Chambre se sont eux aussi fait l’écho d’un climat globalement positif dans ce dossier, alors que l’émissaire américain Amos Hochstein est attendu prochainement au Liban. C’est dans ce contexte globalement optimiste que le ministre des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé, proche du Hezbollah, a effectué au cours du week-end une visite à Naqoura pour rappeler l’existence d’un tunnel de près de 700 mètres à la frontière du Liban que les Israéliens avaient bloqué avec du béton en se retirant du Sud en 2000. Aussitôt des questions ont commencé à être posées sur une volonté cachée du Hezbollah d’entraver les négociations maritimes au moment où elles semblent proches d’aboutir à un résultat positif. Qu’en est-il au juste ?

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Il faut d’abord rappeler que ce tunnel date des années 1941 et 1942. Il avait été construit en pleine Seconde Guerre mondiale et il faisait partie du chemin de fer qui était utilisé par les Forces alliées pour transporter les soldats et les armes de la Palestine vers le Liban. Ce tunnel et la zone qui l’entoure avaient été réclamés par le Liban à partir de 2000, dans le cadre des 13 points qui sont restés en suspens et qui constituent, avec les fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et la partie libanaise de la localité de Ghajar, un des principaux contentieux terrestres entre Libanais et Israéliens. Le Liban a réitéré sa revendication en 2006 après la guerre de juillet-août, mais les Israéliens ont refusé de céder cette zone de Ras Naqoura, considérée comme une position stratégique qui surplombe des régions israéliennes. Pourquoi le ministre Hamiyé a-t-il donc jugé bon de rappeler l’existence de ce tunnel à ce moment précis ? Selon des sources proches du ministre, ce dernier a fixé comme un de ses objectifs de relancer le chemin de fer au Liban, dans le cadre d’un plan global de relance des transports publics. Il était donc normal qu’il se rende à Naqoura et évoque le tunnel par lequel passait le chemin de fer.

Mais les milieux politiques ne se contentent pas de cette explication et voient un message derrière cette initiative de M. Hamiyé. Pour les parties hostiles au Hezbollah, celui-ci chercherait ainsi à entraver les négociations maritimes qui seraient sur le point d’aboutir. Mais pour des sources proches du parti chiite, ce serait exactement le contraire. Selon elles, le Hezbollah, par la voix de son secrétaire général Hassan Nasrallah, a exposé sa position dans son dernier discours qui a été qualifié de très violent. Il a ainsi affirmé que son parti était prêt à défendre les droits du Liban, si ceux-ci ne sont pas respectés. Il faut donc, selon lui, que le Liban puisse extraire son gaz et son pétrole si Israël veut le faire, sinon le Hezbollah serait prêt à déclencher une guerre. Au-delà des termes menaçants, l’esprit de cette équation, selon les mêmes sources, reste positif puisqu’il s’agit de permettre aux Libanais et aux Israéliens de profiter des ressources gazières et pétrolières maritimes. Mais, toujours selon les sources proches du Hezbollah, cela ne signifie pas pour autant que le contentieux avec les Israéliens est réglé et que l’on se dirige vers une forme de normalisation des relations entre les deux parties.

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Le message délivré à travers la remise du contentieux terrestre sur le tapis consisterait donc à dire que le dossier de la frontière maritime est lié à l’énergie, et il peut être réglé dans le cadre d’un accord parrainé par les Nations unies et les États-Unis, parce que le Liban a besoin de profiter de ses ressources énergétiques, surtout au moment où il se débat dans une crise sociale, économique et financière sans précédent et sans perspective réelle de solution. Mais ce dossier n’a rien à voir avec le litige sur le tracé des frontières terrestres qui reste lié au conflit arabo-israélien. En rappelant le conflit au sujet de l’un des 13 points frontaliers qui avaient été laissés en suspens dans le cadre de la ligne bleue tracée en 2000 par la Finul, le Hezbollah a donc voulu préciser que les attentes ne devraient pas être trop élevées en cas de conclusion d’un accord sur la frontière maritime. Il s’agirait donc d’un dossier limité à l’exploitation des ressources gazières et pétrolières, mais il ne peut pas s’étendre à une normalisation des relations entre le Liban et Israël, sachant qu’il restera encore un lourd contentieux à régler. Celui-ci va du dossier de l’implantation des Palestiniens à celui des points terrestres controversés et il finit avec le contentieux arabo-israélien en général qui englobe à son tour le Golan et la Palestine. Selon des milieux politiques qui suivent de près ce dossier, le fait que le Hezbollah accepte la dissociation des ressources maritimes de la question des frontières terrestres montre qu’il ne cherche pas à entraver la conclusion d’un accord sur le premier dossier. Si les droits du Liban sont respectés et si les compagnies étrangères commencent à prospecter et à forer dans les blocs libanais définis par l’État, le Hezbollah ne prendra donc aucune initiative qui risquerait d’empêcher l’exécution de cette mission. Mais cela ne signifiera pas pour autant que le contentieux avec les Israéliens sera réglé.

Il y a eu d’abord les propos, la semaine dernière, du président de la République sur une probable entente au sujet du tracé de la frontière maritime à la suite des négociations indirectes avec les Israéliens. Ce climat positif a été relayé par une déclaration du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, samedi, sur « l’imminence de la conclusion d’un...

commentaires (5)

Madame vous faites rire !! Vous avez le droit de dire et d’écrire ce que vous voulez mais à nous de prendre ou d été pas prendre lol

Bery tus

16 h 38, le 20 juillet 2022

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Commentaires (5)

  • Madame vous faites rire !! Vous avez le droit de dire et d’écrire ce que vous voulez mais à nous de prendre ou d été pas prendre lol

    Bery tus

    16 h 38, le 20 juillet 2022

  • Au lieu de dire le gouvernement libanais on dit Hezbollah, on voit bien que le Liban est fini . Les plus grands traîtres sont les chrétiens.???

    Eleni Caridopoulou

    12 h 41, le 20 juillet 2022

  • Baratin inutile car le Hezbollah n'a qu'un seul but: Transformer le Liban en une république islamique soumise au Fakih. Point barre! A partir de ce fait, il fera tout pour y arriver que cela soit par des guerres limitées provoquant des pertes économiques énormes a l’état et aux particuliers et des exodes de gens fatigués d’être toujours entrain de repartir a zéro, se débarrasser de ses opposants en les assassinant, s'attaquant a des régions ou il n;a pas pied (Beyrouth, la montagne Druze et Ain Remaneh), confiscation de biens et terrains appartenant aux autres communautés (Banlieue, Lhassa etc...), menaces et violences a l’encontre de tous ceux qui se présentent aux élections contre lui, isolation du Liban des pays qui lui permettaient d'avoir une économie prospère, etc... etc... etc... la liste est longue mais l'action soutenue dans le temps avec beaucoup de consistance. Le tout soutenu avec une propagande qui jette de la poudre aux yeux au peuple lui faisant croire de manière pernicieuse qu'il se bat pour leurs intérêts. La perte de popularité qu'il a subit ces derniers temps lui ont fait comprendre qu;il commence a perdre le jeu, alors rebelote nous repartons a zéro avec un nouveau 2006! Sauf que cette fois la situation est différente et le Liban en général, les Chiites en particulier, payeront le prix fort d'une aventure qu'une boutique comme le Hezbollah ne peut gérer, ni avec ses drones, ni avec ses fusées.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 39, le 20 juillet 2022

  • Revoilà la porte-paroles officieuse du parti de Dieu. De quel décryptage s’agit-il ?

    Citoyen Lambda

    09 h 32, le 20 juillet 2022

  • Madame Haddad persiste à sentir les effluves de gaz en Méditerranée orientale ?. Nous, valeureux lecteurs de L’Orient Le Jour, nous ressentons des odeurs âcres à la lecture de ce genre d’article.

    Tony Nakhle

    01 h 37, le 20 juillet 2022

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