Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a déclaré mercredi soir que "la résistance est la seule force dont dispose le Liban pour obtenir son droit au pétrole et au gaz". Le leader chiite s'exprimait pour la première fois depuis l'envoi de drones de son parti dans la zone du champ de Karish, au large d'Israël, où une plateforme gazière est arrivée début juin.
"Les capacités de la résistance aujourd'hui sont sans précédent, l'esprit combatif est plus élevé que jamais (...). Et la résistance est la seule force dont dispose le Liban pour obtenir son droit au pétrole et au gaz", a déclaré Hassan Nasrallah dans une allocution à l'occasion de la célébration du déclenchement de la guerre de 2006, entre le Hezbollah et Israël. Selon lui, "la seule façon de sauver les Libanais est d'extraire du pétrole et du gaz, et il y a une occasion en or ces deux mois".
C'est la première fois depuis l'envoi de drones du Hezbollah dans la zone du champ de Karish, que le chef du Hezbollah s'est exprimé à ce sujet. Pour justifier l'action de son parti il a affirmé : "Nous nous tenons derrière l’État en ce qui concerne la démarcation (...) mais nous ne sommes pas derrière lui quand il s'agit de faire pression sur l'ennemi".
"Nous avons lancé des drones non armés de différentes tailles (...) nous voulons que ceux qui travaillent dans cette zone sachent qu'elle n'est pas sécurisée, a-t-il encore expliqué. Nous avons diverses capacités sur terre, mer et air, et toutes ces options sont ouvertes".
Le 2 juillet dernier, le Hezbollah avait envoyé des drones au large de l'État hébreu. L'armée israélienne a intercepté les trois engins et depuis, les tensions entre les deux pays ont gagné en intensité autour de leur frontière maritime. Mardi soir, Israël a déposé une plainte au Conseil de sécurité de l'ONU contre l'envoi de ces drones du Hezbollah. L'ambassadeur d'Israël aux Nations unies Gilad Erdan, qui a soumis la plainte, a estimé sur son compte Twitter que "le gouvernement libanais porte la responsabilité" de ces actions. Et ce mercredi, le président libanais Michel Aoun a annoncé que le Liban portera également plainte contre Israël.
Selon le secrétaire général du Hezbollah, "le Liban a une force de dissuasion et il doit en profiter". "Nous ne sommes pas engagés dans une guerre psychologique, a-t-il assuré. Il s'agit pour nous du seul moyen de sauver notre pays". "Nous disons à l'ennemi de ne pas se tromper, et à (Amos) Hochstein ainsi qu'aux Américains de ne pas tromper les Libanais", a lancé Hassan Nasrallah. "Si le but est d'empêcher le Liban d'extraire du pétrole et du gaz, personne ne pourra extraire du gaz et du pétrole, ni vendre du gaz et du pétrole, quelles qu'en soient les conséquences. Si les choses se terminent mal, nous ne ferons pas uniquement face à Karish", a-t-il menacé.
Au sujet d'Amos Hochstein, l'émissaire américain en charge des négociations indirectes entre le Liban et Israël, Hassan Nasrallah a affirmé ne pas le considérer comme un médiateur, "mais plutôt comme une partie qui travaille dans l'intérêt d'Israël et fait pression sur la partie libanaise".
Amos Hochstein qui accompagne actuellement le président américain dans sa tournée dans la région devrait faire état de nouveaux développements au niveau israélien au sujet de la frontière maritime avec son voisin libanais.
La tournée de Biden au Moyen-Orient
Concernant la tournée au Moyen-Orient du président américain Joe Biden, Hassan Nasrallah a affirmé : "Biden est d'abord venu pour persuader les pays du Golfe de produire et d'exporter davantage du pétrole et du gaz". "Les États-Unis mènent une grande guerre contre la Russie (en Ukraine) et ont entraîné avec eux tous les pays d'Europe qui commencent à en souffrir. Les États-Unis ne peuvent pas permettre à la Russie d'être victorieuse, a-t-il encore expliqué. Aujourd'hui, leur premier objectif est d'assurer une alternative au pétrole et au gaz russes à l'Europe".
Pour le secrétaire général du Hezbollah, le chef de la Maison Blanche se trouve également dans la région pour assurer que les États-Unis se tiennent aux côtés des Israéliens et de leur projet de normalisation avec les pays du Golfe. "Il n'a rien à offrir au peuple palestinien", a-t-il dénoncé. Hassan Nasrallah a aussi saisi l'occasion pour affirmer que Biden devrait exiger la fin de la guerre au Yémen et non uniquement une trêve.
"Beaucoup d'espoir et d'illusions sont construits autour de cette visite (...) Les États-Unis d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que ce qu'ils étaient en 2003 et 2006. Le vieux président Biden, de par son âge et ses gestes, est une image d'une Amérique vieillissante", a également lancé Nasrallah.
Joe Biden est arrivé mercredi en Israël et doit se rendre dans deux jours en Arabie saoudite. L'Iran, parrain du Hezbollah et désigné comme ennemi numéro un par Washington, sera au cœur des discussions du président américain avec ses différents interlocuteurs.
commentaires (11)
Que dire d’un Nassrallah fidèle à lui-même, fidèle à son image figé depuis 2006. Il nous bassine avec sa résistance qui est au service du Liban et de sa capacité destructrice…mais « chien qui abois ne mord pas ». Par contre il pourra amener la destruction au Liban comme en 2006 où il se targuait de victoire mais au prix de plus de 1500 morts civils et une destruction quasi complète des infrastructures routières du pays…c’est cela la victoire ?
Karam Georges
10 h 39, le 14 juillet 2022