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Politique - Liban

Mikati : Nous formerons un gouvernement qui assumera ses responsabilités

Le CPL n'a "aucune envie" de participer au gouvernement mais laisse la porte ouverte ; Achraf Rifi et Jamil Sayyed boycottent les consultations non contraignantes. 

Mikati : Nous formerons un gouvernement qui assumera ses responsabilités

Le Premier ministre désigné, Nagib Mikati (c), à sa sortie du Parlement, le 28 juin 2022 après les consultations non contraignantes. Photo Ali Fawaz/Parlement libanais

Après deux jours de consultations non contraignantes à l'issue desquelles le Premier ministre désigné a sondé tous les députés, Nagib Mikati, qui dirige le cabinet sortant, a affirmé mardi que son prochain gouvernement "assumera ses responsabilités", alors que le Liban subit une grave crise économique depuis 2019 et risque de sombrer dans une impasse politique à l'approche de la présidentielle d'octobre.

Toutefois, sa tâche risque d'être compliquée, plusieurs formations politiques ayant fait savoir, par la voix de leurs députés, qu'elles boycotteraient le nouveau gouvernement.

"L'intérêt national va prévaloir"

"J'ai entendu les députés et recueilli leurs opinions. Le plus important c'est que nous sommes tous conscients de la situation dans le pays. L'intérêt national va prévaloir, et nous formerons un gouvernement qui assumera ses responsabilités et poursuivra l'action du gouvernement sortant, notamment sur le plan des négociations avec le Fonds monétaire international (...) et le tracé de la frontière maritime" avec Israël, a déclaré M. Mikati, lors d'une brève allocution à la presse à la fin des consultations, peu avant 14h.

Le milliardaire sunnite de Tripoli a été nommé le 23 juin pour former un nouveau gouvernement qui succèdera à son équipe actuelle, chargée d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai à la suite des élections législatives. Lundi, à l'issue d'une journée marathon durant laquelle il s'est entretenu avec bon nombre de groupes parlementaires et députés indépendants, plusieurs formations, notamment les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste, les Kataëb, les députés de la contestation populaire, ainsi que le bloc de Michel Moawad, ont indiqué qu'ils comptaient boycotter le gouvernement. D'autres, comme le Hezbollah, ont appelé à la coopération de tous les partis.

Rifi et Sayyed absents

Le second jour des consultations, qui se tenaient Place de l'Étoile, a débuté à 10h30. Le député de Tripoli Achraf Rifi, qui avait déjà refusé de se rendre au palais présidentiel de Baabda le 23 juin pour les consultations contraignantes, a boycotté ces concertations. "Je boycotte les consultations non contraignantes car la formation du gouvernement restera dans la continuité de la politique du partage du gâteau et la tutelle sur le Liban", a-t-il dénoncé sur Twitter. "Il est absurde de continuer ce processus destructeur", a-t-il poursuivi. Le député indépendant Jamil Sayyed, pro-régime syrien, a lui aussi boycotté les consultations, les qualifiant de "mascarade".

Le CPL n'a "aucune envie" de participer au gouvernement

Poids lourd de la scène chrétienne, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) de Gebran Bassil, qui n'a pas nommé Nagib Mikati lors des consultations du 23 juin, a semblé laisser la porte ouverte concernant sa participation ou non au prochain gouvernement. "Nous n'avons aucune envie de participer au gouvernement, mais nous n'avons pas encore tranché cette question en tant que groupe parlementaire", a affirmé M. Bassil, à l'issue de l'entretien avec M. Mikati. "Nous n'avons demandé ni des postes, ni des portefeuilles. Nous n'avons pas de demandes, nous avons des espoirs : qu'il y ait une rotation des portefeuilles et qu'aucun bord politique n'accapare tel ou tel ministère", a-t-il lancé, contredisant ainsi les informations de plusieurs observateurs selon lesquels le CPL exigerait l'Énergie et les Affaires étrangères. "Des mensonges", a dit M. Bassil.

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Pour sa part, le député de Beyrouth II Fouad Makhzoumi, qui a répondu présent à l'invitation du Premier ministre désigné, a assuré qu'il ne participera pas au gouvernement. Il a également affirmé avoir abordé "divers sujets essentiels" avec M. Mikati, notamment la question du triptyque "Armée, peuple, Résistance", un slogan défendu par le Hezbollah auquel s'oppose l'élu sunnite. M. Makhzoumi a aussi évoqué la situation économique, l'indépendance des juges, l'argent des déposants en banque et l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. "Si tous ces sujets n'ont pas de réponse transparente, ce gouvernement sera une continuation de la politique de partage du fromage, et nous ne lui donnerons pas la confiance", a-t-il déclaré après son entretien avec le Premier ministre désigné. Il a également espéré que les 54 députés qui ont nommé M. Mikati la semaine dernière lui accorderont leur vote de confiance.

"Gouvernement de sauvetage"

Les députés indépendants Hassan Mrad et Jean Talouzian se sont également exprimés, le second estimant que "s'il faut attendre les conditions des uns et des autres, on n'arrivera pas à former un gouvernement avant la fin du mandat" du président Michel Aoun, en octobre. "M. Mikati devrait s'exprimer franchement devant les Libanais, si son cabinet n'est pas formé d'ici la fin de la semaine", a insisté M. Talouzian. M. Mrad a pour sa part plaidé pour une "participation de tous à un gouvernement de sauvetage".

Le député du Liban-Sud I Abderrahmane Bizri, a affirmé sa volonté de "travailler de manière positive sur tous les dossiers pour aider les gens à traverser cette période difficile". "Nous espérons que cette période ne sera pas seulement transitoire, mais qu'elle permettra de trouver des solutions réelles", a-t-il déclaré.

Plus pessimiste, le député indépendant Oussama Saad a estimé que le résultat escompté des consultations d'aujourd'hui sera "un gouvernement d'expédition des affaires courantes ou un gouvernement de partage du gâteau". L'élu de Saïda a également dénoncé la situation économique actuelle. Quant au député Jihad al-Samad, il a assuré qu'il "n'a pas discuté de la formation du gouvernement" avec M. Mikati "car cela est impossible en raison des divergences entre les partis", mais plutôt des réformes nécessaires pour régler la crise. Il a également demandé "la réactivation du gouvernement des affaires courantes ou l'élargissement de ses prérogatives, car le peuple ne peut plus supporter" la situation actuelle.

Son collègue Charbel Massaad (indépendant, Jezzine), a plaidé pour que des "prérogatives exceptionnelles soient accordées au prochain gouvernement".

"Nous demandons la représentation des alaouites via un poste au gouvernement", a annoncé, de son côté, le député alaouite de Tripoli Firas Salloum. Quant au député sunnite de Tripoli Ihab Matar, il a appelé à la nomination de "ministres spécialistes et compétents" à même de pouvoir œuvrer au redressement économique.

Pour mémoire

Mikati s'entretient avec les groupes parlementaires, plusieurs formations boycottent le cabinet

Le député de la Békaa Bilal Houchaymi a, quant à lui, critiqué les parlementaires qui boycottent le gouvernement, qualifiant cela d'"erreur".

Nabil Badr, député de Beyrouth II, a, lui, souhaité que la priorité du gouvernement soit de "sortir les administrations de l'anarchie", afin que "les Arabes et les Occidentaux regagnent confiance en l'État".

Le député Hagop Pakradounian a assuré que son parti, le Tachnag, souhaitait être représenté au gouvernement. "Nous accorderons notre confiance sur la base de la forme et du programme du gouvernement", a-t-il poursuivi. Le député sunnite Mohammad Yahya a, pour sa part, souhaité la poursuite des négociations avec le Fonds monétaire international et exprimé son soutien à M. Mikati.

Le CES et le regain de confiance

Enfin, le président du Conseil Économique et Social (CES) Charles Arbid, dont l'instance était conviée aux consultations, a appelé à "la formation rapide d'un gouvernement pour restaurer la confiance". Rattaché au Conseil des ministres, le CES est une instance consultative dont la mission consiste à servir de canal de discussion entre le secteur privé et le gouvernement.

Avant même la nomination de M. Mikati jeudi dernier, plusieurs acteurs politiques avaient posé leurs conditions quant à la composition de la future équipe, qui devra être ensuite soumise à un vote de confiance du Parlement. Le chef du gouvernement désigné, qui n'a obtenu que 54 voix sur 128 députés, doit composer entre une logique de renouveau souhaitée par nombre de Libanais et les desiderata des uns et des autres. Il envisagerait, pour accélérer le processus de formation, de remanier son équipe actuelle chargée de l'expédition des affaires courantes, en gardant certains ministres et en en remplaçant d'autres, comme celui de l'Economie, Amine Salam, celui des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, un proche du chef de l'État, ou Walid Fayad, ministre de l'Énergie.

Après deux jours de consultations non contraignantes à l'issue desquelles le Premier ministre désigné a sondé tous les députés, Nagib Mikati, qui dirige le cabinet sortant, a affirmé mardi que son prochain gouvernement "assumera ses responsabilités", alors que le Liban subit une grave crise économique depuis 2019 et risque de sombrer dans une impasse politique à l'approche...

commentaires (8)

"Mikati : Nous formerons un gouvernement qui assumera ses responsabilités" Ah! A la bonne heure! Et le gouvernement que vous avez formé il y a un an, il était dispensé d'assumer ses responsabilités??

Georges MELKI

12 h 29, le 29 juin 2022

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Commentaires (8)

  • "Mikati : Nous formerons un gouvernement qui assumera ses responsabilités" Ah! A la bonne heure! Et le gouvernement que vous avez formé il y a un an, il était dispensé d'assumer ses responsabilités??

    Georges MELKI

    12 h 29, le 29 juin 2022

  • Le petit pere Mikou asure que son gouvernement "assumera ses responsabilités" ! Sans doute comme les 3 precedents qu'il a preside.... Inutile et nefaste !

    Michel Trad

    23 h 55, le 28 juin 2022

  • RIRE... C,EST PEU DIRE. DI3AN HAL TOUL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 02, le 28 juin 2022

  • Les boycotts se multiplient ? Excellent ! Ce sera peut-être l'occasion de former - enfin - un gouvernement apolitique efficace.

    Yves Prevost

    15 h 01, le 28 juin 2022

  • Consultation? Consultez en nous prenant pour des bœufs alors que tout le monde sait que le barbu et le nabot avec le consentement du mollasson sont là pour empêcher toute décision démocratique pour sauver le pays. Ils ont déjà les noms des repris de justices et des corrompus pour vous la présenter contre un accord immédiat puisqu’ils sont patriotiques et veulent agir au plus vite pour sortir le pays de la misère dont ils se sont acharnés à la répandre solidement et d’une façon solidaire. Ils ne tarissent pas de déclamations patriotiques depuis qu’ils ont été montrés du doigt comme les seuls fossoyeurs du pays.

    Sissi zayyat

    14 h 56, le 28 juin 2022

  • Le grand revolutionnaire et contestataire Jamil Sayyed - ami et partenaire de Ali Mamlouk et Michel Samaha - boycotte les consultations en les traitant de mascarade. Il a bien raison. C'est une perte de temps et il le sait bien. Lui qui est infeode au Hezb, seul vrai decideur en matiere de gouvernement. Il en connait deja le resultat impose.

    Michel Trad

    12 h 41, le 28 juin 2022

  • DANS L,ETABLE MAL GEREE TOUS LES BAUDETS EXCELLENT EN COUPS DE PIEDS. MASKHARA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 15, le 28 juin 2022

  • CONSULTATION, MON OEIL OUI. COMME S'IL AVAIT LE POUVOIR DE DÉCIDER QUOI QUE SE SOIT. LA BASE EST DÉJÀ LÀ. LA FINANCE POUR BERRY ETC...

    Gebran Eid

    12 h 09, le 28 juin 2022

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