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Politique - Liban

ONU, Hezbollah, Raï : les appels à hâter la formation du gouvernement Mikati se multiplient

"Nous devons tous hâter la formation d'un gouvernement du possible en ces circonstances afin qu'il assume la gestion du pays", plaide le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad.

ONU, Hezbollah, Raï : les appels à hâter la formation du gouvernement Mikati se multiplient

Le Premier ministre libanais désigné, Nagib Mikati, le 26 juillet 2021 au palais présidentiel de Baabda. Photo d'archives REUTERS/Mohamed Azakir

Trois jours après la désignation pour la deuxième fois consécutive de Nagib Mikati en tant que Premier ministre, les appels locaux et internationaux se multipliaient pour hâter la formation d'un gouvernement dans un Liban en plein effondrement économique.

Ainsi, le Groupe international de soutien au Liban (GIS), le Hezbollah, mais aussi le patriarche maronite, Béchara Raï, ont tous plaidé pour accélérer la mise sur pied d'un cabinet qui puisse gérer les affaires du pays, à quatre mois de l'élection présidentielle qui doit se tenir pour choisir un successeur à Michel Aoun.

M. Mikati, Premier ministre libanais sortant et milliardaire de 66 ans, a été désigné jeudi pour former un nouveau gouvernement, plus d'un mois après des élections législatives qui ont débouché sur un Parlement sans majorité. Mais la formation d'un gouvernement pourrait prendre des semaines, voire des mois, en raison des divergences entre les différentes forces politiques, estiment des experts, malgré l'urgence économique et sociale dans un pays qui s'enfonce dans une crise profonde.

M. Mikati doit désormais organiser des concertations parlementaires lundi et mardi avec tous les députés, afin de former son équipe, mais plusieurs observateurs estiment que le Premier ministre désigné ne pourra pas mettre sur pied un cabinet avant la fin du mandat du chef de l’État en octobre. Causée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption d'une classe dirigeante quasi inchangée depuis des dizaines d'années, cette crise a été exacerbée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine.

L'appel du GIS

Dans une déclaration émanant de l'ONU et rapportée par notre journaliste à New York Sylviane Zehil,  le Groupe international de soutien au Liban a pris acte de la désignation de Nagib Mikati et appelé tous les acteurs politiques à former rapidement un gouvernement. "Avec les graves défis économiques et sociaux auxquels il est confronté, le Liban et son peuple ne peuvent se permettre des impasses politiques", a affirmé le GIS. Il a également souligné qu'il est important de respecter le calendrier constitutionnel pour que l'élection présidentielle ait lieu à temps, en octobre prochain.

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Mais que veulent donc les Forces libanaises ?

Le groupe a dans ce contexte "exhorté les parties libanaises, y compris les autorités exécutives et législatives, à travailler rapidement à la formation rapide d'un gouvernement capable de mettre en œuvre d'importantes réformes en suspens afin de soulager les souffrances de la population. En particulier, les autorités doivent respecter les engagements pris dans l'accord avec le Fonds monétaire international (FMI), y compris les lois budgétaires, le contrôle des capitaux, le secret bancaire (...), les décisions du gouvernement et de la Banque centrale (...) pour jeter les bases solides d'un redressement socio-économique et durable du Liban". "Le meilleur moyen d'y parvenir est de conclure un accord avec le FMI, soutenu par la communauté internationale des donateurs", a estimé le GIS. 

Un gouvernement "du possible"

Localement, le Hezbollah multiplie, lui aussi, ces derniers jours les appels à accélérer la formation du cabinet.

"Nous n'avons pas de temps à perdre", a ainsi prévenu dimanche le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, lors d'un événement partisan à Harouf, au Liban-Sud. "Si certains ne voulaient pas nommer de Premier ministre, et que d'autres ne veulent pas participer au gouvernement, et que certains veulent faire de l'opposition pour perdre du temps et ne pas assumer leurs responsabilités, qui dirigera alors le pays ?", a lancé le député pro-iranien. Il s'adressait vraisemblablement au rival chrétien du Hezbollah, le parti chrétien des Forces libanaises de Samir Geagea, mais aussi à son allié chrétien, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, ainsi qu'aux députés de la contestation populaire. Les deux premiers ont refusé jeudi de nommer un Premier ministre désigné en s'opposant à la reconduction de Nagib Mikati, mais n'avaient pas donné d'autre nom au chef de l’État. Quant aux 13 députés de la contestation, la majorité d'entre eux a nommé Nawaf Salam.

"Nous pouvons former un cabinet qui s'avérera encore plus productif, mais si nous voulons perdre du temps, cela sera malheureux", a-t-il prévenu. "Nous devons tous hâter la formation d'un gouvernement du possible en ces circonstances afin qu'il assume la gestion du pays (...)" a encore plaidé Mohammad Raad, qui a appelé à "une coopération entre tous".

Le membre du Conseil central du Hezbollah, Nabil Kaouk, a lui aussi lancé un appel similaire dimanche, demandant de "hâter la formation du gouvernement". Il avait fait le même plaidoyer la veille.

"Président de sauvetage de la République"

Quant au patriarche maronite, Béchara Raï, il a d'abord félicité le Premier ministre pour sa désignation et lui a souhaité du "succès". Il a ensuite appelé à "hâter la formation du gouvernement" et que les efforts se concentrent sur "les préparatifs pour l'élection d'un président de sauvetage de la République. Un appel qui intervient alors que les critiques du patriarche contre le chef de l'Etat actuel se font de plus en plus ouvertes.

"Il n'y a aucune explication pour le retard dans la formation du gouvernement, à part une volonté de nous distraire de l'élection présidentielle", a estimé le cardinal. "Nous appelons tous les partis à coopérer avec le Premier ministre désigné, loin de toutes conditions (...)", a encore dit Mgr Raï, dans une allusion probable à Gebran Bassil qui, selon certains observateurs, poserait des conditions à M. Mikati pour participer à son gouvernement. Le patriarche s'est également adressé à Nagib Mikati, soulignant qu'il s'attendait à la formation d'un "gouvernement à la hauteur des événements (...) qui encourage la tendance légale, souverainiste et indépendante dans le pays et à l'égard de l'étranger". Une pique au Hezbollah et à son influence sur le Liban.

Pour mémoire

À Baabda, les consultations de toutes les contradictions

Enfin, le patriarche a dressé une sorte de feuille de route pour les derniers mois du mandat du président Aoun. "Ces quatre derniers mois du mandat doivent être consacrés à limiter les rancoeurs et la vengeance ainsi que les poursuites judiciaires policières auxquelles la société libanaise n'est pas habituée", a souligné Mgr Raï, en référence aux poursuites lancées contre le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, par la juge Ghada Aoun, réputée proche du camp Aoun.

Pour le cardinal, le reste du mandat présidentiel doit également être consacré à "apaiser les maux de la population, à contrôler a situation sécuritaire, à distancier le Liban (des conflits régionaux, NDLR), à réactiver l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth (...) et à élire un nouveau président de la République le plus tôt possible, afin de parer à toute tentative de vacance présidentielle que nous refusons". "Le programme du nouveau gouvernement doit comporter un engagement clair envers toutes ces questions", a conclu Mgr Raï.

Trois jours après la désignation pour la deuxième fois consécutive de Nagib Mikati en tant que Premier ministre, les appels locaux et internationaux se multipliaient pour hâter la formation d'un gouvernement dans un Liban en plein effondrement économique.Ainsi, le Groupe international de soutien au Liban (GIS), le Hezbollah, mais aussi le patriarche maronite, Béchara Raï, ont tous plaidé...

commentaires (6)

Ils veulent un gouvernement qui correspond à leurs projets à venir qui ne seront que l’aboutissement de ceux des dernières décennies, achever le pays et le dominer coûte que coûte. Pour cela les vendus et voleurs feront de tout pour, soit placer leurs pions soit bloquer le pays jusqu’aux présidentielles. Le président décidera selon les résultats obtenus du complot plus ou moins réussi, soit il quitte son fauteuil puisqu’il a assuré la relève voulue par les vendus, soit il reste pour prolongé le calvaire des libanais qui de toute façon n’est pas près de voir naître des raccourcis en ayant des vendus pareils à la tête de leur pays.

Sissi zayyat

09 h 50, le 27 juin 2022

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Commentaires (6)

  • Ils veulent un gouvernement qui correspond à leurs projets à venir qui ne seront que l’aboutissement de ceux des dernières décennies, achever le pays et le dominer coûte que coûte. Pour cela les vendus et voleurs feront de tout pour, soit placer leurs pions soit bloquer le pays jusqu’aux présidentielles. Le président décidera selon les résultats obtenus du complot plus ou moins réussi, soit il quitte son fauteuil puisqu’il a assuré la relève voulue par les vendus, soit il reste pour prolongé le calvaire des libanais qui de toute façon n’est pas près de voir naître des raccourcis en ayant des vendus pareils à la tête de leur pays.

    Sissi zayyat

    09 h 50, le 27 juin 2022

  • Que c'est vrai.. nos polichinelles félins professionnels s'ennuient à bâiller (on aurait penser à mourir, ... mais non), et il leurs faux des mini-souris pour s'en moquer, les taper gentiment puis méchamment... fais vite mikado, sort-les donc de ton haut de forme tes souris pour gagner le sourire du doigt levé !

    Wlek Sanferlou

    22 h 44, le 26 juin 2022

  • S’il vous plaît ne mettez pas l’ONU , le patriarche dans le même concert de voix, avec le Hezbollah… !!

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 31, le 26 juin 2022

  • Quel puzzle …

    Eleni Caridopoulou

    16 h 50, le 26 juin 2022

  • "Il n'y a aucune explication pour le retard dans la formation du gouvernement, à part une volonté de nous distraire de l'élection présidentielle". En effet. Un cabinet formé de personnes compétentes et honnêtes peut etre formé en une semaine. Mais si , au contraire, on veut, comme d'habitude, partager le gâteau en fonction des desidera de chacun, bien sûr, il ne sera pas prêt avant l'élection présidentielle. N'est-ce pas le but des tergiversations à prévoir?

    Yves Prevost

    15 h 06, le 26 juin 2022

  • Former un gouvernement ? Mais pour quoi faire ? De toutes facons, il sera compose de canailles inutiles, incompetentes, paresseuses, corrompues et mafieuses. Sans parler des armes de l'autre "parti". On s'en passerait tres bien !

    Michel Trad

    14 h 59, le 26 juin 2022

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