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Nos Lecteurs ont la Parole

Femmes d’hier et d’aujourd’hui

Les femmes ont-elles un jour dominé le monde ? Sexe fort, sexe faible, qui n’a jamais douté que le premier soit masculin et le second féminin ? Pourtant, vers 1870, une idée bizarre germa dans l’esprit de quelques érudits : et si dans la préhistoire, la femme avait dominé l’homme ? Depuis, le matriarcat – tel fut le nom attribué à cette théorie – trouve régulièrement des apôtres, et désormais certains féministes ont pris le relais des respectables savants de la fin du dix-neuvième siècle dans la recherche d’une hypothétique et toute-puissante ancêtre…

Au commencement était la promiscuité. Hommes et femmes se mêlaient et procréaient au gré des désirs et des hasards ; puis les femmes, fatiguées de la lubricité masculine, instaurèrent l’ordre matriarcal, se réservant tout pouvoir sur leur progéniture et le privilège d’organiser la communauté humaine. Plus tard, l’homme ayant enfin pris conscience de sa puissance renversa les lois primitives et s’instaura alors le règne du père.

Ainsi pensait le juriste suisse Johann Jakob Bachofen, auteur d’un livre paru en 1861, Das Mutterrecht (Le droit de la mère). En pleine Europe victorienne, dans une société pénétrée des principes familiaux du patriarcat, de l’autorité du père sur ses enfants, de la tutelle de l’époux sur l’épouse et de la nécessité de réserver au « sexe fort » toute la responsabilité publique, un juriste avait donc recherché dans l’histoire les traces d’un ordre sexuel radicalement opposé à celui en vigueur et lui donna le nom de « matriarcat », antonyme de patriarcat.

Cette thèse audacieuse fit naître, dans les années 1870-1880, un curieux débat entre anthropologues juristes et historiens cherchant dans les limbes de l’humanité lequel, de l’homme ou de la femme, avait dominé le monde.

Après quelques années d’active controverse, la mère souveraine tomba dans l’oubli, rangée parmi les gaies élucubrations de savants un peu fous. Un siècle plus tard, cette ancêtre toute-puissante réapparaît en force, sous la plume des féministes et de quelques historiens ayant le goût de l’aventure intellectuelle.

Les années 70 ont été marquées, en France, par l’explosion des revendications féministes, conséquence logique du brassage des idées de mai 68. Le législateur a dû entériner des phénomènes de société devenus irréversibles, tels que l’accès des femmes au travail, la contraception, la revendication d’égalité au niveau des responsabilités professionnelles, mais les comportements évoluant moins vite que les structures économiques et juridiques, les féministes continuent à dénoncer les ravages exercés par le machisme et attribuent la persistance de certaines attitudes, héritées d’un passé révolu, aux méfaits de la société bourgeoise ou aux tabous engendrés par la tradition judéo-chrétienne.

Il est toutefois intéressant de noter que l’audience des revendications féministes apparaît inversement proportionnelle au degré de domination que subissent les femmes. Que pèse le féminisme dans les pays d’islam, quand des ayatollahs fanatiques rétablissent d’autorité le port du tchador et font lapider ou fusiller les femmes adultères, quand une princesse arabe est exécutée pour avoir aimé un étudiant de son âge ? Que dire de la situation des femmes dans certains pays d’Afrique noire où subsistent des pratiques de mutilation sexuelle littéralement monstrueuses !

Les critères qui président à la définition de l’émancipation féminine varient donc considérablement d’un pays à un autre ou d’une civilisation à une autre.

Les biologistes affirment aujourd’hui que la femme est avant tout « différente » de l’homme et que le combat de demain résidera peut-être davantage dans la mise en œuvre de toutes les potentialités qu’implique cette différence plutôt que dans la revendication d’une « égalité » aussi vaine que purement formelle.


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Les femmes ont-elles un jour dominé le monde ? Sexe fort, sexe faible, qui n’a jamais douté que le premier soit masculin et le second féminin ? Pourtant, vers 1870, une idée bizarre germa dans l’esprit de quelques érudits : et si dans la préhistoire, la femme avait dominé l’homme ? Depuis, le matriarcat – tel fut le nom attribué à cette théorie – trouve régulièrement...

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