Il y a un an, elle publiait une enquête révélant les obstacles à la candidature des Libanaises aux législatives. Des obstacles qui avaient d’ailleurs retenu cette féministe engagée, professeure en droit et sciences politiques à l’Université libanaise de Saïda, de présenter sa candidature au scrutin de 2018. Portée à l’hémicycle le 15 mai par les adeptes du changement avec 6 684 voix, Halimé Kaakour, 46 ans, est la première femme de l’Iqlim el-Kharroub, et qui plus est, du village sunnite de Baassir, à se frayer une place au Parlement libanais. Pour ce faire, la candidate a brisé des tabous. Comme celui d’oser prétendre à la députation « traditionnellement réservée aux candidats des plus grosses localités de l’Iqlim, Chehim et Barja ». Comme aussi celui « de faire campagne dans le Haut-Chouf, traditionnellement réservé aux candidats de confession druze ». Ou enfin celui « de braver les règles patriarcales qui privilégient les candidats mâles ». « C’est la première fois que le Parlement libanais a une femme de cette trempe, indépendante et transparente, douce et diplomate, excellente négociatrice et à la fois forte de ses convictions », résume Joëlle Abi Farhat, cofondatrice de Fiftyfifty, engagée pour la participation politique de la Libanaise.
Dans la maison familiale qui ne désemplit pas, la « députée de la nation » tente de reprendre son souffle après le tourbillon dans lequel l’a propulsée sa victoire au sein de la liste Unis pour le changement. Un téléphone qui n’arrête pas de sonner. Des messages qui affluent sans arrêt. Une armée de bénévoles toujours mobilisés. « Je n’y crois toujours pas », avoue-t-elle.
Les pressions des religieux sunnites
Mais déjà, l’euphorie de la victoire est rattrapée par les critiques virulentes de la part de clercs de la plus haute instance sunnite, Dar el-Fatwa, contre de nouveaux élus de la communauté, Halimé Kaakour y compris, sous prétexte qu’ils se prononcent pour le mariage civil. « J’ai subi de fortes pressions durant ma campagne pour mes positions en faveur de la laïcité de l’État et du mariage civil facultatif », reconnaît-elle.
Parmi les rumeurs propagées selon elle pour la discréditer, des accusations d’antithéisme. La députée se dit pourtant croyante et « pratique le jeûne du ramadan ». « Dans les mosquées, des prêches ont été prononcés contre moi et d’autres candidats du changement (issus du soulèvement du 17 octobre 2019) », regrette-t-elle. Des accusations qui ont « touché » sa famille, unie pour la soutenir, mais qui n’ont pas démonté cette femme de caractère, sportive, au calme olympien en toutes circonstances. « Je milite pour tous les droits humains, ceux de la femme en tête, martèle-t-elle. Ma priorité, dans ce cadre, réside toutefois dans la transmission par la Libanaise de sa nationalité. » Quant aux appels à une laïcisation du statut personnel (régi par des lois communautaires discriminatoires envers les femmes), elle craint qu’il ne soit « prématuré de les voir aboutir ».
Un solide bagage académique
La politique, Halimé Kaakour l’a dans le sang. « C’est mon identité », précise-t-elle. Une identité qui s’est forgée dans le temps grâce à un solide bagage académique et un travail acharné. Après une licence universitaire en sciences politiques assortie d’un diplôme de relations internationales et diplomatiques, elle poursuit en France un master sur l’universalité des droits de l’homme et les spécificités culturelles. Une spécialisation qu’elle couronne d’un doctorat en droit public. C’est en 2015, lors de la crise des déchets, que Halimé Kaakour fait son entrée dans la vie politique. « Je fais partie de ces contestataires adeptes du Kellon yaané kellon (Tous, cela veut dire tous). Un slogan qui pour moi vise à défaire le système politique confessionnel et lutter contre la politique des axes », explique-t-elle. Au fil du temps et des crises, elle noue des liens solides avec les forces du changement, au point d’en devenir une figure incontournable, écoutée et respectée. « Opiniâtre, farouche défenseuse des droits de l’homme, elle sait convaincre grâce à des idées claires et une pensée structurée. Cela fait d’elle un modèle pour les jeunes », commente Nada Anid, fondatrice de l’ONG Madanyat, qui milite pour la participation politique des femmes.
Membre en 2018 du bureau politique du regroupement Tahalof Watani, la nouvelle élue participe activement en 2019 au soulèvement populaire qui hurle sa colère contre un pouvoir accusé d’être responsable de la crise économico-financière. Elle est alors membre de l’alliance politique baptisée Li Haqqi qui ne se résout pas à devenir un parti politique. Parce que « aucun travail politique ne peut se faire en dehors des partis politiques », elle fonde en 2021 avec une dizaine de militants le parti politique social-démocrate Lana (@LNALebanon). « Un parti non communiste, avec pour ambition d’accorder à tous les libertés individuelles et les droits sociopolitiques essentiels pour lutter contre les inégalités structurelles et la pauvreté, enclencher le développement durable et protéger l’environnement. » Assurément, « cela passe par une couverture universelle de santé et par la gratuité de l’éducation », promet Mme Kaakour. C’est alors, estime-t-elle, que « le peuple rassemblé autour de projets de société vitaux n’aura plus besoin de suivre le Hezbollah (et son armement illégal) ou les Forces libanaises (qui se positionnent comme un rempart à cet armement) ».
Niet à la reconduction de Berry
Également au menu de ses engagements, l’indépendance de la justice, la lutte contre les monopoles économiques, l’instauration d’un système d’imposition progressif... « C’est un tout indivisible auquel il faut ajouter l’amendement des lois électorales, législative et municipale », souligne-t-elle.
Le discours de la militante séduit. « Grâce à elle, le parti Lana attire un nombre important de jeunes remontés contre le confessionnalisme politique. Non seulement cette professeure universitaire est particulièrement appréciée de ses étudiants, mais elle a tissé d’excellentes relations avec la jeunesse », raconte d’elle Zeina Hélou, amie de longue date et cofondatrice du parti Lana.
À quelques jours de la première séance parlementaire, Halimé Kaakour prépare sa copie avec les nouvelles forces du changement. Une chose est sûre, elle entend « s’affranchir de toute politique du compromis et du partage du gâteau ». « Je ne voterai pas pour Nabih Berry à la présidence du Parlement », soutient-elle. Pas plus qu’elle ne se porte candidate à la fonction de Premier ministre. « Je suis députée et contre le cumul des fonctions législative et exécutive. »
On vous supplie de ne pas décevoir ce peuple tellement tourmenté, appauvri, exploité depuis des années. Ne nous décevez pas, vous ainsi que tous ces nouveaux venus, nos héros. Réunissez vos voix au moins pour les 3 épreuves à venir. Vous êtes notre seul espoir pour au moins déstabiliser cette entreprise qui va dans sa grande majorité réunir leurs voix malgré toutes les apparences. Car ils vous craignent. Ne vous laissez pas tenter par les spécimens comme Kaa le python de la jungle qui va essayer d’étouffer ou de séduire les nouveaux venus. J’ai bien apprécié le refus de l’offre un peu déplacée de la chaîne MTV que je privilège normalement pour ses bons interviewers et le choix bien varié des invités contrairement à quelques autres stations qui se limitent à des porte-paroles du même clan et des interviewers plus cancaniers qu’informatifs niveau Kindergarten. N’acceptez de personne des aides, des bureaux. Oui on devient bien méfiant même quand les intentions sont bonnes. Ne dépendez de personne. Un peuple tout entier vous sera reconnaissant pour votre action innovatrice. David contre Goliath oui, mais le chemin de mille miles commence par un pas et une grande majorité soutient David si minuscule soit-il alors que Goliath est entrain de se disséquer lui-même avec des incertitudes des révélations, des trahisons. Courage, on compte sur vous ainsi que tous vos pareils nos nouveaux élus, nos héros.
23 h 25, le 28 mai 2022