Les Libanais aux urnes dans 48 pays; plus de 50% de taux de participation en Europe

Europe, Canada, Etats-Unis, Australie, Afrique, Amérique latine, Asie... 194.348 électeurs libanais votaient dimanche dans 48 pays, dans le cadre du deuxième jour des élections législatives organisées à l'étranger, après celui de vendredi à l'issue duquel plus de 59% de votants se sont rendus aux urnes afin de prendre part à un scrutin crucial pour un Liban en crise.

Les taux de participation dépassaient les 50% dans plusieurs pays européens et africains, à 21H heure de Beyrouth, selon les derniers chiffres communiqués par les autorités. En Europe, le taux de participation global était ainsi de 51,89%, alors qu'en Afrique, il s'élève à 48,95%.

En France, où de longues files d'attente ont été signalées à Paris devant les centres de vote, 13.722 personnes ont glissé leur bulletin dans les urnes, soit 48,77% des électeurs. 48,67% des électeurs Libanais résidant en Allemagne, soit 7.872 personnes, avaient pour leur part voté selon ces derniers chiffres fournis, alors que 64,27% ont participé au scrutin au Royaume-Uni. En Turquie, 574 électeurs parmi les 1.000 inscrits ont jusque-là voté, soit 57,46% des inscrits.

A Dubaï, le taux final est de 71,2%. Il s'élevait à 77% à Abou Dhabi, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Sur le continent africain, 46,14% des électeurs ont voté en Côte d'Ivoire, soit 2.801 personnes. Au Nigeria, 1.300 électeurs ont voté, soit 50,39% du total des inscrits. En République démocratique du Congo, le taux est de 59,53%, avec 509 électeurs.

Témoignages

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A 15H30 heure de Beyrouth, le ministre des Affaires étrangères avait indiqué que 11.328 électeurs ont voté en Australie (55% des inscrits à Sydney, 40% à Canberra et 55% à Melbourne), à la fermeture des bureaux de vote.

Le taux de participation le plus élevé, à 18h, était enregistré au Luxembourg, avec 70%, suivi par Chypre avec 69,40%, et la Suisse avec 67,47%. En bas du tableau, on trouve le Togo, avec 23,36% de participation.

Forte affluence à Dubaï

A Dubaï, des centaines d’électeurs se sont rassemblés devant le bureau de vote établi dans le consulat dès son ouverture. La file d’attente s’étendait sur des centaines de mètres. Et malgré la chaleur, les électeurs attendaient patiemment. Quelques représentants des Forces libanaises et des Kataëb étaient présents, mais aussi plusieurs représentants et candidats de mouvements de l’opposition. On notait, notamment, la présence des candidats Mark Daou, Najat Saliba, Halimé Kaakour, Michel Hélou, ainsi que Melhem Khalaf.

Dans une tente installée près d'un centre de vote aux Emirats, le 8 mai 2022. Photo D.R.

"Je suis venu aider les équipes à Dubaï. Il y a une énergie incroyable. Aujourd’hui, je crois au changement plus que jamais. Ce qui se passe à Dubaï aujourd’hui, est un indice de ce qui pourrait se passer le 15 mai. J’espère que nous aurons la même énergie au Liban", explique Pascal Abchi. Lui ne vote pas à Dubaï, mais il est venu aider les mouvements de l’opposition aux partis traditionnels.

Berlin-Chiyah

A Berlin, où vit une grande communauté libanaise chiite, plusieurs partisans du mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, se sont rassemblés devant un bureau de vote. T-shirt et casquettes verts, aux couleurs du parti, ils ont scandé devant les caméras libanaises : "Rassure toi Berry, Berlin est devenue un deuxième Chiyah", en référence au quartier situé en banlieue de Beyrouth et où vit une forte communauté chiite, souvent proche d'Amal et du Hezbollah.

Guide

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Vendredi, ce sont plus de 18.000 Libanais sur un total de 30.930 qui ont glissé leur bulletin dans les urnes en Iran et dans neuf pays arabes. Dimanche, le chef de la diplomatie a indiqué que le taux de participation final à l'issue de la journée de vote de vendredi s'élève à 59,49%. Un chiffre respectable selon plusieurs commentateurs. "En Iran, à Bahreïn et en Syrie, le taux de participation a dépassé les 70%. En Irak, ce taux était de 48%, en Égypte, moins de 50%, et dans le reste des pays où le vote a eu lieu vendredi, ce chiffre dépasse les 60%", a indiqué M. Bou Habib, sans donner de chiffres précis.

Décryptage

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Infractions et altercations

Comme vendredi, le scrutin à l'étranger dimanche est suivi en direct par vidéosurveillance depuis le ministère des Affaires étrangères à Beyrouth. Des observateurs de l'Union européenne ont été déployés dimanche au sein du ministère et en Europe. Le 15 mai, ils seront 170 à travers tout le territoire. "Nous suivons le processus dans 13 pays européennes, (...) mais il est trop tôt de s'exprimer encore sur la qualité de cette journée électorale", affirme à L'OLJ Jarek Domański, numéro deux de la mission européenne d'observation. L’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) a pour sa part relevé plusieurs infractions dimanche matin en Australie, certaines d'ordre logistique, d'autres relevant de la publicité politique électorale. Hussein Mahdi, de la LADE, liste à L'Orient-Le Jour d'autres irrégularités : en France, des problèmes au niveau des isoloirs ont été signalés, certains n'assurant pas la confidentialité du vote, et des drapeaux partisans ont été accrochés devant les centres de vote, contrairement à la loi ; dans d'autres pays, des bus affrétés par certains partis ont transporté des électeurs aux centres de vote ; à Londres, certains bureaux de vote n'étaient pas équipés pour accueillir les personnes à mobilité réduite. A Berlin, l'ambassadeur du Liban en Allemagne, Moustapha Adib, joint par L'Orient-Le Jour, a minimisé des rumeurs relatives à des problèmes dans les bureaux de vote. "Il y a eu quelques cas de non-conformité entre les noms des électeurs sur leur carte d’identité et ceux sur les listes électorales qui nous ont été envoyés de Beyrouth, mais ces problèmes ont été très vite réglés avec la chambre d’opérations au ministère des Affaires étrangères", explique-t-il.

En France, deux altercations ont eu lieu dans deux bureaux de vote, rapporte l'ambassadeur de Liban Rami Adwan, selon des propos rapportés par le site el-Nashra. La police est intervenue dans l'un des centres pour séparer les deux parties. Selon ce média, une des altercations a opposé des partisans des Forces libanaises à d'autres du Courant patriotique libre. Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux montre un accrochage entre un partisan du CPL et un autre électeur, vraisemblablement opposé aux partis traditionnels, et qui a été applaudi par la foule après avoir critiqué le militant aouniste.

Aoun aux journalistes : Taisez-vous !

"Nous voulons organiser des élections transparentes et équitables", a affirmé le chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib, lors d'une tournée dans le centre d'opérations du ministère. Le président de la République, Michel Aoun, s'est également rendu à 10H30 au ministère des Affaires étrangères pour s'assurer du bon déroulement des opérations de surveillance du scrutin. Après avoir demandé aux journalistes de "se taire" afin qu'il prenne la parole, le chef de l’État a félicité les fonctionnaires et volontaires pour leur travail. "Vôtre tâche n'est pas facile", a-t-il reconnu, exprimant l'espoir que l'organisation des prochaines législatives sera "plus facile".

Le président libanais, Michel Aoun (d), regardant les écrans de caméra surveillance au ministère des Affaires étrangères, le 8 mai 2022 en marge des législatives organisées à l'étranger. Photo Dalati Nohra/Handout via REUTERS

Le Premier ministre, Nagib Mikati, qui lui aussi s'est rendu au ministère des Affaires étrangères, a espéré que le nouveau Parlement élira rapidement son président.

Plusieurs observateurs craignaient dernièrement que les contraintes financières dans un Liban en faillite impactent le vote des émigrés. Les autorités avaient toutefois assuré jeudi que toutes les entraves au scrutin, notamment financières, avaient été écartées et appelé à une participation massive.

C'est la deuxième fois dans l'histoire du Liban que les expatriés ont la possibilité de voter pour renouveler les 128 députés de la Chambre. A la fin du scrutin, les urnes seront envoyées à la Banque centrale du Liban et les votes comptabilisés après la tenue des élections dans le pays le 15 mai. Le vote se poursuivra au Liban en deux étapes : une première, le 12 mai, pour les délégués et employés des bureaux de vote, et enfin le dimanche 15 mai pour le reste des électeurs.

Repère

Où sont-ils ? Focus sur les électeurs de la diaspora

Les candidats de l'opposition espèrent que les expatriés voteront pour le changement de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence, alors que le pays fait face à une crise économique inédite, depuis 2019. En 2018, seuls 6% des électeurs à l'étranger avaient choisi des candidats indépendants, selon un récent rapport du groupe de réflexion l'Initiative de réforme arabe, basé à Paris.