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Politique - Décryptage

Lorsque le conflit entre Hariri, Siniora et les Saoudiens éclate au grand jour

Lorsque le conflit entre Hariri, Siniora et les Saoudiens éclate au grand jour

Les anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Saad Hariri. Photo d’archives Dalati et Nohra

Ce qui se murmurait dans les salons privés est désormais de notoriété publique. Le conflit entre le chef du courant du Futur Saad Hariri et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a éclaté au grand jour, et la rue sunnite en est toute secouée. Mais plus encore, le conflit oppose désormais clairement Saad Hariri aux autorités saoudiennes.

C’est une première dans les relations entre les Libanais sunnites et le royaume saoudien, sachant que même lors de l’épisode de la séquestration à Riyad de Saad Hariri en novembre 2017, le conflit était resté feutré. Aujourd’hui, la presse saoudienne a attaqué directement et nommément l’ancien Premier ministre Saad Hariri en l’accusant de favoriser, pour des raisons purement personnelles, le camp proche du Hezbollah au détriment de personnalités sunnites comme Fouad Siniora. Le grand quotidien saoudien Okaz a publié ainsi un long éditorial qui critique ouvertement Saad Hariri, et la chaîne saoudienne d’information al-Arabiya a ouvert ces derniers jours son antenne à des personnalités libanaises qui attaquaient sans ménagement le chef du courant du Futur, et en particulier sa décision de suspendre sa participation et celle de son camp au processus électoral.

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Certes, cela fait longtemps que les relations entre Saad Hariri et les dirigeants saoudiens se sont détériorées, et nul n’ignorait que Riyad était derrière la décision du leader sunnite de suspendre ses activités politiques. Mais lorsqu’il a annoncé que sa formation ne participerait pas aux législatives, ni sur le plan des candidatures ni sur celui des électeurs, la nouvelle n’avait pas provoqué un choc dans le paysage électoral, car beaucoup pensaient que la rue sunnite ne suivrait pas nécessairement les injonctions de Saad Hariri. Rapidement, les informations ont commencé à circuler sur le fait que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora prendrait la relève et comblerait le vide laissé par Hariri sur la scène sunnite. De même, plusieurs personnalités du bloc parlementaire du Futur ont présenté leur candidature aux élections en tant qu’indépendants, en dépit de la décision de Hariri. En même temps, l’ambassadeur Walid Boukhari est revenu à Beyrouth, et il a déclaré à ceux qui le sollicitaient que le royaume saoudien souhaite la tenue des élections législatives à la date prévue et encourage la participation, notamment des électeurs sunnites, pour couper court à l’influence grandissante du Hezbollah et de ses alliés sur le Liban. Même s’il ne l’a pas clairement déclaré, par souci de ne pas intervenir directement dans le cours des élections, l’ambassadeur a laissé entendre que le royaume appuie la démarche de Fouad Siniora, tout en le poussant à s’allier aux Forces libanaises là où c’est possible, car le parti chrétien de Samir Geagea est considéré comme le principal allié de Riyad au Liban.

Au cours des dernières semaines, Siniora et son équipe se sont activés sur la scène sunnite pour former les listes et nouer les alliances qui devraient leur permettre de s’imposer aux élections. De leur côté, les FL ont multiplié les activités électorales dans les régions à majorité sunnite, dans une tentative d’y gagner l’électorat déstabilisé après le retrait de Saad Hariri. Mais cette entreprise s’est avérée plus difficile que prévu. Ni Fouad Siniora ni Samir Geagea n’ont réussi jusqu’à présent, et malgré l’appui saoudien, à convaincre l’électorat sunnite de voter pour eux, selon des sources qui suivent la campagne de près. Tout le projet d’hériter de la popularité de Saad Hariri s’est heurté à une opposition passive de la part de la base populaire du courant du Futur. D’autant qu’en douce, les responsables et ce qu’on appelle les « clés électorales » du parti bleu appelaient leurs partisans à boycotter le scrutin. Dans les quartiers sunnites de Beyrouth, des propos circulaient sur « la trahison » de Siniora et de Geagea, et des incidents ont éclaté dans la rue. Des affiches électorales ont été déchirées et des rixes ont eu lieu pour empêcher la tenue de certains meetings.

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La base populaire du Futur restait donc réticente. Et comme ni Siniora ni Geagea n’ont une assise populaire propre au sein de l’électorat sunnite, ils se sont retrouvés dans l’incapacité de gagner celui de la formation haririenne.

Il a été alors décidé de lancer une vaste campagne pour pousser l’électorat sunnite à se rendre aux urnes. C’est ainsi que le mufti de la République Abdellatif Deriane ainsi que les muftis dans les régions ont été invités à demander fermement aux électeurs d’aller voter. Mais selon des instituts de sondage, jusqu’à présent, ces appels n’ont pas eu un grand effet. C’est à ce moment-là que les médias saoudiens ont commencé à critiquer ouvertement Saad Hariri, l’accusant de laisser la scène libre au Hezbollah et à ses alliés. Le secrétaire général du Futur Ahmad Hariri a aussitôt répondu qu’il vaut mieux boycotter les élections plutôt que de donner (au Hezbollah) une couverture légale et consensuelle à travers un taux de participation acceptable, alors que, selon les sondages, le Hezbollah a des chances de maintenir son poids parlementaire.

Le conflit est actuellement à son apogée, et selon une source sunnite proche du courant du Futur, les pressions visent à pousser Saad Hariri à lancer un appel à la participation massive aux élections après l’échec des précédents appels lancés par les dignitaires religieux et les personnalités politiques. Saad Hariri cédera-t-il ? Réponse d’ici au 15 mai.

Ce qui se murmurait dans les salons privés est désormais de notoriété publique. Le conflit entre le chef du courant du Futur Saad Hariri et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a éclaté au grand jour, et la rue sunnite en est toute secouée. Mais plus encore, le conflit oppose désormais clairement Saad Hariri aux autorités saoudiennes.C’est une première dans les relations entre...

commentaires (4)

Voter contres le Hezbollah et surtout contre ces armes ! L'absentéisme aidera la hezb Votez utile, et surtout votez

Aboumatta

15 h 27, le 06 mai 2022

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Commentaires (4)

  • Voter contres le Hezbollah et surtout contre ces armes ! L'absentéisme aidera la hezb Votez utile, et surtout votez

    Aboumatta

    15 h 27, le 06 mai 2022

  • Il faut que Hariri dise a sa base de voter. Siniora et geagea sont un moins mal que le duo Shiite.

    Tina Zaidan

    10 h 33, le 06 mai 2022

  • L’auteure de l’article doit jouir de voir son ennemi préféré être lâché par l’Arabie Saoudite et de pouvoir tirer à boulets rouges contre lui. Ceci dit, Saad Hariri a prouvé être totalement immature en politique

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 01, le 06 mai 2022

  • Chers partisans de Saad Hariri, vous frères opprimés par l’axe du Hezbollah de Damas à Bagdad n’attendent que vos voix le 15 mai pour voter pour les seuls qui veulent et qui peuvent gouverner le Liban sans les armes illégales du Hezbollah. Ne les décevez pas. L’honneur de votre communauté opprimée est bien plus grand que l’égo de Saad Hariri. Le 15 mai est l’occasion unique pour nous tous non seulement de renverser la tyrannie néo-safavide au Liban mais aussi de faire porter la voix des opprimés jusqu’à Damas, Bagdad et Téhéran. Si on rate ce rendez-nous, plus rien ne pourra libérer le Liban du croissant néo-safavide qui pourtant est bien plus fragile qu’il ne le laisse paraître.

    Citoyen libanais

    06 h 43, le 06 mai 2022

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