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Nos Lecteurs ont la Parole

24 heures à Beyrouth !

Nous l’avons tous fait, un jour, pour le meilleur et pour le pire. Nous avons tous impulsivement décidé d’y aller pour ce qui reste, pour ceux qui restent, pour ce rassemblement familial, parce qu’au cœur de tout et malgré tout, c’est ce qui compte.

Tes 24 heures à Beyrouth commencent déjà dans l’avion, une audience bien tamponnée, un public libanais que tu reconnais avec tous ses stéréotypes.

Tes 24 heures à Beyrouth s’inaugurent avec une vue sur cette mer bleue immaculée, à quelques minutes de l’atterrissage. Ce paysage est toujours le même, tu aspires le « home » en le regardant. 16 ans de vie d’expat et cette mer n’a pas changé, elle n’a pas bougé, elle est intacte, tout comme le houmous de « mam » et ces larmes à chaque atterrissage, depuis 16 ans.

24 heures à Beyrouth et toute la scène se dresse devant toi, comme si rien n’a changé depuis la dernière fois. Une infrastructure qui ne ressemble à rien mais qui semble bien fonctionner pour tout le monde ; des autoroutes qui sombrent dans l’obscurité mais que les routiers tracent à la vitesse du son.

24 heures à Beyrouth et t’en as déjà assez des campagnes médiatiques de cette classe politique corrompue qui se permet, encore, d’afficher la tête de ses candidats devant un peuple dégoûté, fatigué, désespéré ! Quel culot !

24 heures à Beyrouth et tu t’organises déjà au rythme des coupures électriques, parce que tes parents ont intégré le « schedule » par cœur, tu cours pour charger le laptop, le téléphone, la montre, pour charger ta vie quoi ! Celle qui baigne dans le numérique et l’électrique.

24 heures à Beyrouth et tu prends au moins 1 kilo, parce que tu as le luxe du temps pour un premier dîner avec les parents où ta maman a déjà préparé tes plats préférés, un deuxième avec tes potes que tu retrouves dans ce resto branché des quartiers branchés de la ville branchée, une manouché zaatar le lendemain matin, celle qui reste fidèle à elle-même, les « maamoul », les « kaak el-eid » et tous les autres délices entre les repas.

24 heures à Beyrouth suffisent pour se retrouver précieusement avec ces amis qui sont encore là, qui tiennent bon, qui vivent au rythme de l’échange de la monnaie en râlant sur l’inflation, l’insécurité, la corruption mais qui trouvent toujours le moyen de partir cinq jours à Amsterdam, un week-end à Londres ou en escapade à Faraya, au même prix.

24 heures à Beyrouth et tu trouves le temps pour faire un aller-retour à la montagne et respirer un air frais en te rappelant qu’effectivement, il te faut juste 20 minutes pour y arriver et que ce n’est pas un mythe.

24 heures à Beyrouth et tu as déjà dix potes qui veulent que tu leur ramènes du maamoul, car celui de leur mam est toujours mille fois mieux que toutes les pâtisseries de Dubaï, des clopes, des bzourat, du vin, et il y a toujours un « gharad zghir » que la tante, l’oncle, le grand-père vont te donner et tu vas les retrouver quelque part sur l’« autostrade » pour le récupérer.

24 heures à Beyrouth et tu n’as pas besoin de plus pour te ressourcer malgré la tristesse et l’amertume, la crise et l’inégalité de la société, malgré tout, il reste une lueur d’espoir et de vie, dans les yeux de mes parents et dans leur amour qui, lui, ne connaît pas la crise et reste intact 24/7.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espaces comprises.

Nous l’avons tous fait, un jour, pour le meilleur et pour le pire. Nous avons tous impulsivement décidé d’y aller pour ce qui reste, pour ceux qui restent, pour ce rassemblement familial, parce qu’au cœur de tout et malgré tout, c’est ce qui compte.Tes 24 heures à Beyrouth commencent déjà dans l’avion, une audience bien tamponnée, un public libanais que tu reconnais...

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