La réunion du Parlement, programmée à 14h pour examiner une demande déposée par le groupe parlementaire des Forces libanaises (FL) pour retirer la confiance au ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, qu'ils accusent de manquements concernant les législatives de mai, n'a finalement pas pu se tenir, faute de quorum.
Selon le journaliste de L'Orient Today sur place, Kabalan Farah, seuls 53 députés, sur un total de 128 sièges, se sont rendus au palais de l'Unesco à Beyrouth, où la séance était programmée à 14h.
Les députés FL avaient formulé cette demande à la suite d'accusations contre la diplomatie libanaise selon lesquelles elle aurait intentionnellement "compliqué" le vote des émigrés libanais en amont des législatives prévues à l'étranger les 6 et 8 mai. Mardi, M. Bou Habib avait précisé que "la partie lésée peut recourir au pouvoir judiciaire ou à la Commission de supervision des élections".
Bou Habib se défend
S'exprimant à la sortie de la réunion, Abdallah Bou Habib a expliqué que "la diplomatie libanaise a suivi un mécanisme clair concernant le vote des Libanais à l'étranger conformément au code postal ou l'adresse des électeurs". "L'inscription d'informations correctes relève de la responsabilité de l'électeur. Le ministère ne peut pas modifier les bureaux de vote et ne peut répondre à la volonté de toutes les parties", s'est-il défendu, en allusion aux FL. Concernant le retard de la publication des listes électorales, point également contesté par les députés du parti de Samir Geagea, M. Bou Habib a rappelé que cela relève de la responsabilité du ministère de l'Intérieur.
La problématique de la répartition des électeurs de l'étranger avait été soulevée récemment par des Libanais installés en Australie. Ceux-ci avaient dénoncé le fait que des bureaux de vote distants parfois de plusieurs heures de route avaient été assignés aux différents membres de certaines familles, ce qui pourrait rendre leur accès difficile, voire impossible.
Des critiques avaient été adressées à ce sujet au consul général du Liban à Sydney, Charbel Macaron, qui a été accusé d'avoir modifié les listes électorales. M. Macaron est, comme le chef de la diplomatie, considéré comme proche du président Michel Aoun et du parti qu'il a fondé, le Courant patriotique libre (CPL), grand rival des FL sur la scène politique chrétienne. La diplomatie libanaise avait toutefois rejeté ces critiques, affirmant que les électeurs avaient été répartis géographiquement selon les codes postaux australiens, tels qu'ils apparaissent sur les formulaires d'inscription.
Bassil et les FL se renvoient la balle
Réagissant à la polémique à sa sortie du palais de l'Unesco, jeudi, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a implicitement critiqué les FL et estimé que le recours présenté à l'encontre de M. Habib est "politisé". "En 2022, la loi électorale a été modifiée de sorte que ce soit le ministère de l'Intérieur qui établit la liste des centres de vote, en coordination avec les Affaires étrangères. Pourquoi vouloir retirer la confiance au ministre des Affaires étrangères alors qu'il s'agit de prérogatives du ministère de l'Intérieur ?", s'est-il interrogé. "Ils veulent tenir le CPL responsable de ce qui s'est passé alors qu'une machine partisane en Australie a mal inscrit les électeurs", a-t-il ajouté, dans une pique aux FL.
La réaction des FL ne s'est pas fait attendre. "Gebran Bassil est le véritable ministre des AE. C'est un membre actif du système au pouvoir qui a fait parvenir le Liban à ce stade", a fustigé le député Georges Adwan. "Nous ne sommes pas les seuls à avoir contesté cela (...)", a-t-il rappelé. Répondant aux critiques du député Adwan, le chef de la diplomatie a affirmé qu'il était à la hauteur des responsabilités de sa fonction. "Personne ne me dit quoi faire", a-t-il répliqué.
Peu avant l'arrivée des députés au palais de l'Unesco, Abdallah Bou Habib s'est réuni avec le président de la commission de supervision des élections, Nadim Abdel Malak. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les deux responsables ont discuté de "la coopération nécessaire pour la réussite du vote des Libanais de l'étranger".
Le vote des Libanais résidant au Liban doit, lui, se tenir le 15 mai.
En suisse on a été attribué d’après l’adresse du domicile. Et l.inscription était facile et sans problème.
23 h 14, le 28 avril 2022