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Les FL demandent officiellement au Parlement de retirer la confiance au ministre des AE

Les FL demandent officiellement au Parlement de retirer la confiance au ministre des AE

De gauche à droite: les députés Forces libanaises: Eddy Abi Lamaa, Georges Okais, Pierre Bou Assi et Imad Wakim, au Parlement le 21 avril 2022. Photo al-Markaziya

Le groupe parlementaire des Forces libanaises, parti chrétien mené par Samir Geagea, a présenté jeudi une demande officielle au Parlement pour tenir une séance plénière afin de retirer la confiance au ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, à la suite d'accusations contre la diplomatie libanaise selon lesquelles elle aurait intentionnellement "compliqué" le vote d'émigrés libanais en amont des législatives prévues à l'étranger les 6 et 8 mai.

La problématique de la répartition des électeurs à l'étranger avait notamment été soulevée ces derniers jours par des Libanais installés en Australie. Ceux-ci avaient dénoncé que des bureaux de vote distants parfois de plusieurs heures de route avaient été assignés aux différents membres de certaines familles, ce qui pourrait rendre leur accès difficile, voire impossible. Des critiques avaient été adressées à ce sujet à l'encontre du consul général du Liban à Sydney, Charbel Macaron, qui a été accusé d'avoir modifié les listes électorales. M. Macaron est, comme le chef de la diplomatie, considéré comme proche du président Michel Aoun et du parti qu'il a fondé, le Courant patriotique libre (CPL). Le CPL est le grand rival des FL de Samir Geagea sur la scène politique chrétienne. Les Affaires étrangères avaient toutefois balayé ces critiques, affirmant que les électeurs avaient été répartis géographiquement selon les codes postaux australiens, tels qu'ils apparaissent sur les formulaires d'inscription.

Réagissant à cette polémique, Samir Geagea avait accusé mercredi le ministère des Affaires étrangères de "compliquer" la procédure de vote pour les électeurs libanais à l'étranger, annonçant qu'il proposera un vote de confiance concernant le chef de la diplomatie. Chose faite donc jeudi, les députés FL Pierre Bou Assi (Baabda), Eddy Abi Lamaa (Metn), Georges Okaïs (Zahlé) et Imad Wakim (Beyrouth) ayant cosigné une demande adressée au président de la Chambre de soumettre Abdallah Bou Habib à un vote de confiance à quelques semaines des législatives. Dans le texte de la demande, le parti de M. Geagea accuse le ministère des Affaires étrangères, "à travers les missions diplomatiques libanaises" de "tenter de limiter le droit des Libanais à voter, ce qui est à même de menacer le bon déroulement des élections".

Le texte dénonce "une série de mesures illégales et injustes visant à priver les émigrés de leur droit à voter", à l'instar de la répartition des électeurs d'une même famille sur des bureaux de vote très loin les uns des autres". Les FL reprochent en outre à la diplomatie libanaise d'imposer de nouvelles règles pour le choix des représentants des candidats dans les bureaux de vote, ce qui risque de leur compliquer cette tâche". "Tout cela pousse à croire que le ministère des AE s'emploie sciemment à compliquer le vote des émigrés au lieu de le faciliter. Nous demandons donc la tenue d'une séance plénière pour soumettre le ministre des AE à un vote de confiance", conclut le texte.

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, lui-même ministre des Affaires étrangères entre 2014 et 2020, n'a pas tardé à réagir à la démarche des FL, dénonçant jeudi "une logique milicienne", en allusion au passé militaire du parti de M. Geagea. "Tout le monde sait et reconnaît l'effort déployé par le ministère des AE pour faciliter le vote des émigrés, en faisant passer le nombre de bureaux de vote de 116 à 205 et celui des urnes de 232 à 598 (...)", a écrit M. Bassil sur Twitter. "Tout le monde... sauf les FL qui veulent imposer leurs conditions au ministère, surtout à Sydney. Il veulent que chaque point de vote soit consacré à une seule circonscription, à défaut de quoi ils ont recours aux menaces", a-t-il fustigé. "C'est une logique de milice axée sur le mensonge. Les FL (veulent) soumettre le ministre à un vote de confiance. Et nous présenterons un recours en invalidation contre tout changement des critères qui profiterait à la milice", a conclu le leader du courant aouniste.

Quelques heures plus tard, le département média des FL a réagi au tweet de M. Bassil. Dans un communiqué, le parti a jugé "à la fois triste et drôle" de "voir Gebran Bassil accuser le parti d'adopter une logique milicienne, alors que celle-ci a mené à l'effondrement de l’État et de ses institutions à cause des agissement de M. Bassil".

"Le chef du CPL pense pouvoir continuer à accuser (ses adversaires) d'agissements miliciens, alors que les Libanais ont constaté l’effondrement de l’État, mais aussi de leurs conditions de vie, à cause de son alliance avec une milice qui confisque la décision officielle, isole le Liban et assure les intérêts et aspirations (pour le pouvoir) du camp de M. Bassil", ajoute le texte. Une allusion à peine voilée au Hezbollah, parti armé allié de longue date au CPL, dont le chef est accusé d'ambitionner de succéder à son beau-père Michel Aoun à la présidence de la République.

Cette démarche des FL est intervenue au lendemain d'une réunion consacrée à la question du vote des Libanais de la diaspora, tenue mercredi au Sérail sous la présidence du Premier ministre Nagib Mikati, le chef de la diplomatie, ainsi que le ministre de l'Intérieur Bassam Maoulaoui (chargé d'organiser le scrutin au Liban le 15 mai). A l'issue de la réunion, Abdallah Bou Habib avait déclaré que "la responsabilité des erreurs (entachant le vote de la diaspora dans certains pays) ne peut pas être imputée à l’État, au consulat ou aux ministères des AE et de l'Intérieur". 

Ce n'est pas la première fois que le vote des émigrés se trouve menacé. Il l'avait déjà été il y a quelques semaines, lorsque des diplomates et directeurs des Affaires étrangères avaient observé une grève ouverte pour réclamer leur droit à des nominations et permutations diplomatiques que le gouvernement n'arrive toujours pas à trancher, faute d'accord politique élargi. Ils ont toutefois renoncé à cette démarche la semaine dernière.

Le groupe parlementaire des Forces libanaises, parti chrétien mené par Samir Geagea, a présenté jeudi une demande officielle au Parlement pour tenir une séance plénière afin de retirer la confiance au ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, à la suite d'accusations contre la diplomatie libanaise selon lesquelles elle aurait intentionnellement "compliqué" le vote...