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Économie - Crise

Le FMI assure qu’il ne demandera pas de garantie financière au Liban

La guerre en Ukraine compromet la reprise au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie centrale, selon le dernier rapport publié par l’organisation internationale.

Le FMI assure qu’il ne demandera pas de garantie financière au Liban

Le directeur de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie centrale, Jihad Azour, a présenté hier les principaux points du rapport régional préparé par le Fonds monétaire international. Karim Sahib/Archives AFP

Dans le cadre des réunions printanières qu’il organise chaque année avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a tenu hier une conférence en ligne pour présenter son dernier rapport axé sur la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), en y ajoutant l’Asie centrale. L’occasion pour le directeur de cette région, Jihad Azour, de revenir brièvement sur le cas du Liban, qui sollicite depuis 2020 une assistance financière à l’organisation. Après deux ans de discussions intermittentes, le FMI a annoncé le 7 avril qu’un accord préliminaire avait été trouvé pour un prêt de 3 milliards de dollars que le pays pourrait recevoir si ses dirigeants mettaient en œuvre plusieurs réformes, dont certaines avant même la conclusion d’un accord définitif.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Jihad Azour, qui a également été ministre des Finances entre 2005 et 2008, a assuré que le FMI ne demandera cependant pas de garantie financière en contrepartie du prêt, si celui-ci devait être octroyé. Un engagement qui signifie que le Liban n’aura pas à craindre en principe pour ses réserves d’or, estimées à 18,15 milliards de dollars selon le dernier rapport de la Banque du Liban daté de mi-avril et qui dépassent largement le montant des réserves de devises utilisables par celle-ci dans le cadre de sa politique monétaire.

Inciter les donateurs

L’accord du 7 avril a été conclu à l’issue de plusieurs mois de discussions menées côté libanais par l’équipe désignée par le gouvernement de Nagib Mikati, et dirigée par le vice-Premier ministre Saadé Chami, lui-même ancien du FMI. Il s’agit d’un accord préliminaire (staff level agreement) concernant une facilité d’extension des fonds pour un plan d’aide de trois milliards de dollars sur quatre ans, afin d’aider le pays à sortir de la crise économique et financière. Selon Jihad Azour, le but de ce financement est « d’accélérer la mise en place des réformes », tout « en incitant d’autres donateurs » à mettre la main à la poche, à travers des accords bilatéraux ou multilatéraux, un point déjà mis en exergue au moment de l’annonce de l’accord, tout comme la liste des réformes demandées.

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Les coulisses de l’accord préliminaire entre le Liban et le FMI

Le FMI demande notamment de modifier la loi concernant le secret bancaire pour en réduire les effets, restructurer la dette (le Liban a fait défaut sur sa dette en devises en mars 2020), mettre en place un régime de change unifié, adopter une loi régulant le contrôle des capitaux, réaliser un audit des comptes de la Banque du Liban ainsi que des 14 plus grandes banques du pays ou enfin approuver et mettre en œuvre un plan de restructuration du secteur bancaire. Jihad Azour ne s’est pas prononcé sur la taille optimale que devrait avoir le secteur bancaire libanais après avoir été restructuré. Il a néanmoins précisé que l’audit des banques devant être réalisé en amont serait décisif, le but étant de doter le pays d’enseignes au bilan assez solide pour pouvoir recommencer à « financer l’économie », en accordant notamment des prêts aux entreprises.

Un rôle que les banques ont abandonné depuis longtemps, et plus précisément la fin de l’été 2019, avec l’instauration de restrictions illégales sur les comptes en devises pour faire face à leurs problèmes de liquidités liés à la faillite systémique libanaise : les banques et la BDL ont investi dans des obligations d’État aux rendements élevés au détriment de l’économie productive. Les dirigeants libanais ont d’ailleurs leur part de responsabilité dans la détérioration de la situation, y compris depuis 2019, comme le martèle sans détour la Banque mondiale depuis 2020.

La restructuration du secteur public fait aussi partie des chantiers majeurs qui devront être entrepris, a rappelé Jihad Azour, sans fournir non plus d’objectifs chiffrés. Le responsable a également abordé, sans nouveautés, des sujets maintes fois mis en avant, comme la réforme des entreprises publiques, la lutte contre la corruption et l’élargissement du filet de sécurité sociale aux personnes vulnérables et à faible revenu. Selon l’Escwa, plus de 74 % des résidents vivent sous le seuil de pauvreté.

Tout comme depuis 2021, l’institution monétaire n’a pas fourni d’estimation de croissance pour le Liban, en raison d’« un degré d’incertitude inhabituellement élevé ». La Syrie, en guerre depuis 2011, et l’Afghanistan, contrôlé depuis l’été par les talibans, sont les deux seuls autres pays au monde à ne pas avoir d’estimation de croissance dans le rapport mondial publié courant avril. La BM, qui avait auparavant jusqu’en 2021 fourni des prévisions de croissance pour le Liban, s’est pour la première fois abstenue cette année de fournir de telles estimations.

Zone MENA et Asie centrale

Jihad Azour a également répondu à plusieurs questions concernant d’autres pays de la région pris en compte dans le rapport du FMI, en particulier la Tunisie et l’Égypte, qui sont également en phase de négociations avec l’organisation en vue d’obtenir des aides (supplémentaires en ce qui concerne l’Égypte).La guerre en Ukraine, commencée fin février, et ses répercussions ont été également abordées. Le responsable a ainsi précisé que la région du Caucase et de l’Asie centrale est celle qui est le plus impactée, en raison des relations que ces pays entretiennent avec la Russie, comme les envois de fonds des expatriés ou encore le taux de change, à cause des échanges avec la Russie. Plus près du Liban, ce sont les pays du Conseil de coopération du Golfe qui sont les plus exposés aux conséquences de cette guerre, selon le rapport régional du FMI, en raison de « liens commerciaux et financiers étroits avec la Russie, de la dépendance aux envois de fonds des expatriés et ceux liés au tourisme ».

En plus des relations financières entre la région et les deux belligérants, l’Ukraine et la Russise sont les principaux producteurs mondiaux de blé et de céréales, faisant alors craindre pour la sécurité alimentaire de nombreux pays, dont le Liban. À cette fin, le FMI a estimé les besoins de financements supplémentaires de la région MENA et de l’Asie centrale à 10 milliards de plus en 2022. Vendredi dernier, le ministre de l’Économie et du Commerce Amine Salam avait signé le rapport final des négociations avec la Banque mondiale pour importer du blé au Liban, un prêt devant s’élever à 150 millions de dollars.

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Ce que l’accord préliminaire annoncé par le FMI implique pour le Liban

Une autre conséquence de cette guerre est la hausse des prix des carburants. Le FMI a ainsi indiqué que les prix moyens du baril de pétrole ont fluctué entre 98 et 130 dollars, et devraient se stabiliser autour de 107 dollars en 2022, contre une moyenne de 61,4 dollars en 2019. Une bonne nouvelle pour les pays exportateurs de pétrole, mais moins pour ceux qui en importent, d’où le titre du rapport de l’institution internationale : « Reprises divergentes durant des temps turbulents ». Les finances publiques des pays de la zone vont voir leurs besoins passer de 537 milliards de dollars durant la période 2020-2021 à 584 milliards en 2022-2023.

De plus, l’inflation dans la zones MENA et Asie centrale est passée de 10,5 % en 2020 à 13,3 % en 2021, selon le FMI qui estime qu’elle devrait se stabiliser en 2022 (13,2 %) et revenir à un niveau pré-2021 (soit 10,2 %). Toutes ces données compilées permettent à l’institution internationale d’estimer que la région MENA et Asie centrale devrait connaître une croissance de 4,6 % en 2022 (1,5 point de pourcentage de moins que l’estimation d’octobre), et de 3,7 % en 2023. La croissance non liée à l’exportation des hydrocarbures devrait tomber elle à respectivement 3,7 % et 3,6 %. Pour les pays de cette région exportateurs de pétrole, la croissance réelle monte à 5 % en 2022 puis à 3,3 % en 2023. Toutes ces estimations font suite à une baisse généralisée en 2020 en raison de la crise sanitaire et sont plus faibles que celles de 2021, année de la reprise (5,7 % pour toute la zone l’année dernière, contre -2,9 % en 2020).

Dans le cadre des réunions printanières qu’il organise chaque année avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a tenu hier une conférence en ligne pour présenter son dernier rapport axé sur la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), en y ajoutant l’Asie centrale. L’occasion pour le directeur de cette région, Jihad Azour, de revenir brièvement sur le cas du...

commentaires (2)

Oh comme elle est belle cette nouvelle ! sauf que le FMI n'etant pas Mere Theresa a surement une facon de garantir ses sous sans que cela ne soit appele garanties financieres. gageons que nos crapules essairont de le cacher.

Gaby SIOUFI

10 h 28, le 01 mai 2022

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Commentaires (2)

  • Oh comme elle est belle cette nouvelle ! sauf que le FMI n'etant pas Mere Theresa a surement une facon de garantir ses sous sans que cela ne soit appele garanties financieres. gageons que nos crapules essairont de le cacher.

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 01 mai 2022

  • Comment faire confiance au FMI alors qu'il avalise le projet de Capital Control concocte par la canaille politichienne pour parachever le pillage des epargnants ????

    Michel Trad

    12 h 18, le 28 avril 2022

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