Des manifestants s'en sont pris, dimanche soir, au ministre de l'Énergie Walid Fayad et l'ont violemment bousculé à sa sortie d'un bar à Achrafieh, l'accusant d'être ivre alors qu'un drame était survenu, quelques heures plus tôt, à Tripoli (Liban-Nord). M. Fayad a dénoncé cette agression et appelé à ce que les personnes impliquées soient "sanctionnées".
Dans la nuit de samedi à dimanche, une embarcation chargée de migrants clandestins a fait naufrage au large de Qalamoun. Le dernier bilan, diffusé par l'armée, fait état de six morts. Cette affaire a suscité la colère de la population, ainsi que des tensions dans la région et à travers le pays.
Des vidéos qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux montrent des protestataires, se revendiquant du soulèvement populaire, crier leur colère contre M. Fayad, qui quittait le bar Pacifico, dans la rue de Monnot à Beyrouth. "Nous vous adressons un message de la part du peuple libanais, pour que vous vous réveilliez", dit, d'abord calmement, un homme à M. Fayad, dans une vidéo relayée dimanche soir sur les réseaux sociaux, notamment par des collectifs se prévalant du soulèvement du 17 octobre, comme "thawramap". Le ministre attend et écoute, sans se douter que cette personne va finalement le pousser violemment, le projetant contre un mur. Selon plusieurs médias, il s'agit du militant Elie Haykal, qui aurait été arrêté dans la nuit.
الاعتداء بهذا الشكل المقرف على #وزير_الطاقة #وليد_فياض مرفوض ومدان.الوزير يعمل بكل جدّية،والعراقيل الموجودة لا يتحمل مسؤوليتها،والمرجلة على وزير آدمي بهذا الشكل لأنه لا يمتلك زعرانًا يدافعون عنه،هو غاية الجبن،وليست بطولة
— TAREK ABBOUD ✍️طارق عبود (@Tarek_Abboud70) April 24, 2022
يا عيب الشوم pic.twitter.com/lPNy7QXj7l
"Les gens meurent de faim et tu oses faire la fête !"
Dans d'autres vidéos, on peut voir le ministre bloqué près du même mur, entouré de plusieurs personnes le filmant avec leur téléphone portable. "Ne sois pas ivre !" lui lance une femme. "Les gens meurent de faim et tu oses faire la fête !" tempête une autre, sans recevoir de réponse du ministre.
"Tous les corps n'ont pas encore été retrouvés et notre ministre est là. Il boit, il sort", lance une autre femme en filmant le ministre avec son smartphone.
This is a sick country filled with disturbed people with no shame. Hitting a recently appointed minister because of electricity problems attributed to the ruling parties over decades is nothing but disgraceful. Intellectual people have no place in this country! #وليد_فياض
— Raymond Khoury (@Dr_Ray_Khoury) April 25, 2022
Sur les réseaux sociaux, l'agression du ministre n'a pas fait l'unanimité. Si certains estiment qu'elle reflète la colère du peuple face à un "ministre de l'alcool", d'autres ont condamné une agression "honteuse" et "pathétique".
Sanctionner les agresseurs
Réagissant à cette affaire, le ministre Fayad a appelé les hauts responsables libanais et les services de sécurité à prendre les mesures nécessaires, assurant qu'il "déposera plainte à titre personnel" à l'encontre de toute personne impliquée dans cet incident. "Arrêter le(s) agresseur(s) n'est pas suffisant, il faut qu'il(s) soi(en)t sanctionnés au nom du peuple", a-t-il renchéri.
Dans un Liban enlisé dans la pire crise économique de son histoire moderne, les interpellations de ministres et les actes violents sont de plus en plus fréquents. Walid Fayad a déjà été pris à parti par des manifestants lors de ses déplacements. Ces derniers jours, des photos du ministre posant devant les pyramides lors d'un voyage en Egypte ont fait le tollé sur les réseaux sociaux, alors qu'une grande partie de la population l'accuse de plonger le pays dans le noir.
commentaires (34)
Walid Fayad devrait moins profiter de son exposition médiatique et faire profil bas surtout après la tragédie des pauvres migrants libanais. Néanmoins l'agression physique dont il a été victime est inadmissible.
DJACK
09 h 54, le 27 avril 2022