Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Les gouvernants et les dominants

Par les soins des gouvernants et des dominants, les Libanais poursuivent leur descente vers l’abîme sans pouvoir s’arrêter. Chaque jour qui passe, on se rend compte de notre désarroi. Les gérants de notre goulag continuent leurs méfaits. Avec Soljenitsyne, on dit de nos dirigeants : « Nous savons qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent, et pourtant, ils continuent à nous mentir. » Nous sommes face à une clique qui déforme toutes les règles sociales, manipule les lois et abuse de la passivité de tous. Ils continuent à exploiter les réserves monétaires du pays. Sous prétexte de stabiliser le cours du dollar, jongler avec les ingénieries, soutenir quelques denrées, ils dilapident ces réserves. Ils nous rétorquent : vous avez bien vécu, vous avez dépensé, vous avez voyagé, et maintenant, il faut payer toutes les factures et les dépenses. Mais c’est plutôt un vol organisé. Le pays est en faillite et le peuple aussi. Toutes les promesses de rembourser les épargnants sont mensongères. Pourtant, plusieurs experts, économistes, gestionnaires, financiers (entre autres, M. Hassan Ahmad Khalil et d’autres) n’ont cessé d’intervenir pour prévenir les politiques depuis 30 ans, mais sans résultat. Tous les avis et avertissements étaient malvenus, gouvernants et dominants poursuivaient leurs forfaitures. Les premiers naviguent allégrement dans la corruption qu’ils prétendent combattre. Ce qu’ils veulent en fait, c’est asseoir des profiteurs à leur solde dans les postes de l’État. Les seconds imposent au pays le sort d’un Hanoi au Vietnam du temps de Ho Chi Minh et s’impliquent dans les combats de la région (en Palestine, en Syrie, au Yémen, en Irak, au Soudan et, qui sait, en Ukraine et ailleurs). Le pays est bloqué, l’économie est par terre. Il n’y a aucune confiance dans les responsables par manque de transparence, et personne ne veut investir au Liban. Même le système judiciaire paraît instable, hésitant ou désorganisé. Le Libanais est laissé à sa misère, dans l’attente des aides alimentaires. Il court à la recherche d’un médicament, d’un pain, d’une boîte de lait pour enfant. Si, par hasard, il trouve quelque chose, il n’a pas le prix pour le payer. Les prix d’ailleurs deviennent anarchiques à la merci des profiteurs. La majorité des Libanais vivent une conscience rétrécie, un imaginaire desséché. Leurs rêves émigrent vers l’extérieur du pays, notre jeunesse déserte vers des horizons plus cléments. L’Université libanaise et toutes les autres peinent à survivre et à assurer le bon niveau d’enseignement.

Tous ces conflits intérieurs désorganisent la structure mentale du Libanais. C’est un traumatisme avec ses conséquences et ses refoulements, chacun est renvoyé à sa représentation de la vie, à ses investissements internes et externes au niveau social, familial ou affectif. De signifiants nouveaux vécus par le sujet vont se heurter à l’agencement de son réseau symbolique, de ses visions, ses rêves, ses fantasmes et ses habitudes. Chacun va souffrir de cauchemars, de crises d’angoisse, de troubles caractériels avec irritabilité, nervosité et passage à l’acte violent. Par ailleurs, le sommeil est perturbé et des troubles physiques apparaissent. Le Libanais vit une fracture dans son histoire. La société se déstructure avec une disparition de la loi et le règne de la corruption, la fraude et les trafics en tout genre. Le pays tout entier glisse vers des niveaux de régression, d’un côté, et, de l’autre, vers des pulsions meurtrières. Chacun se révèle être un meurtrier en puissance. Pour sortir le pays de cet abîme, il faut changer les responsables par tous les moyens. Il faut arrêter la mainmise de la force dominante qui fige le pays. C’est un travail à faire par le dialogue car la parole vraie nous rend notre humanité et notre subjectivité. Nos responsables gèrent leurs intérêts, mais ils n’ont pas de vision pour la relève du pays. On se rend compte de leur confusion dans les discussions avec le Fonds monétaire et celles pour le dessin des frontières maritime et terrestres. Au Liban, il n’y a pas une opposition unie avec un programme de relève du pays, un projet face à un autre projet. Il y a en réalité des opposants disparates, c’est une démocratie « illibérale » (Fareed Zakaria - où les dirigeants élus démocratiquement ne respectent pas l’État de droit et des libertés).

Tous les experts nous enseignent qu’il faut des dirigeants de confiance avec un plan économique de relève. Il faut libérer les magistrats de leur soumission aux politiques, et de leur carapace politique et communautaire.

Le Liban doit évoluer d’un narcissisme outrancier des responsables actuels et trouver d’autres responsables plus enclins au dialogue dans le cercle de la raison. Des responsables respectueux de la démocratie libérale, respectueux des valeurs humaines, respectueux des libertés d’expression, respectueux de la liberté de croyance, respectueux des lois, et respectueux d’un Liban souverain et neutre jouant son rôle dans le concert des nations.

Psychiatre psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Par les soins des gouvernants et des dominants, les Libanais poursuivent leur descente vers l’abîme sans pouvoir s’arrêter. Chaque jour qui passe, on se rend compte de notre désarroi. Les gérants de notre goulag continuent leurs méfaits. Avec Soljenitsyne, on dit de nos dirigeants : « Nous savons qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons...

commentaires (1)

Des responsables respectueux de la démocratie libérale, respectueux des valeurs humaines, respectueux des libertés d’expression, respectueux de la liberté de croyance, respectueux des lois, et respectueux d’un Liban souverain et neutre jouant son rôle dans le concert des nations." EXACTEMENT LE CONTRAIRE DE CEUX QUE NOUS AVONS ACTUELLEMENT. Dr Akl a su diagnostiquer/resumer en peu de mots les maladies dont souffrent Kellon

Gaby SIOUFI

11 h 08, le 24 avril 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Des responsables respectueux de la démocratie libérale, respectueux des valeurs humaines, respectueux des libertés d’expression, respectueux de la liberté de croyance, respectueux des lois, et respectueux d’un Liban souverain et neutre jouant son rôle dans le concert des nations." EXACTEMENT LE CONTRAIRE DE CEUX QUE NOUS AVONS ACTUELLEMENT. Dr Akl a su diagnostiquer/resumer en peu de mots les maladies dont souffrent Kellon

    Gaby SIOUFI

    11 h 08, le 24 avril 2022

Retour en haut