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Nos Lecteurs ont la Parole

Rétrospective historique sur la guerre civile libanaise

Dans la foulée de l’indépendance du Liban de la France, le fossé culturel et religieux qui divise la population libanaise est profond. De surcroît, les tensions intercommunautaires sont amplifiées par un conflit israélo-palestinien particulièrement bouillant. Les incidents de 1958 symbolisent ce clivage malsain au sein de la société libanaise. Une mini-guerre civile oppose les partisans panarabes de Nasser aux pro-occidentaux de Chamoun. Le débarquement à Beyrouth des marines de la 6e flotte américaine, le 15 juillet 1958, met un terme à cette mini-guerre civile. Cependant, ce n’est que partie remise. Le pays est pareil à une cocotte-minute prête à exploser à tout moment, surtout que les accords du Caire en 1969 légitiment la présence armée palestinienne et sa résistance contre Israël à partir du territoire libanais.

L’étincelle se produit le 13 avril 1975 lorsqu’un bus transportant des Palestiniens s’aventure à l’intérieur d’un quartier chrétien de la ville. Cette date fatidique marque l’entame d’une guerre civile libanaise qui perdure durant 15 longues et douloureuses années et qui engendre entre 150 000 et 250 000 morts. Le conflit débute d’abord par des affrontements entre les forces chrétiennes d’un côté et les partisans de l’arabisme et de la cause palestinienne de l’autre. Le régime syrien envahit le Liban en 1976 pour accentuer la division, semer la confusion et mieux asseoir son hégémonie sur le pays du Cèdre à travers le diktat des services de renseignements syriens. En 1978, l’armée israélienne envahit le Sud-Liban jusqu’au fleuve Litani afin de mettre un terme aux attaques palestiniennes contre son territoire. Le conflit s’embrouille dans un imbroglio complexe. Les alliances alternent au gré des circonstances et des stratégies.

Une lueur d’espoir apparaît en 1982 lors de l’élection du charismatique et énergétique Bachir Gemayel à la présidence de la République. Cependant, le rêve de toute une nation s’évapore cruellement suite à son assassinat quelques jours seulement après son élection. Cet événement fort bouleversant plonge le pays dans l’effroi le plus total. Les esprits s’échauffent de manière irrationnelle. Un vent de fureur et de folie se répand brutalement dans le pays. Le sinistre massacre de Sabra et Chatila, perpétué froidement en plein cœur de Beyrouth, symbolise le sentiment de démence qui envahit subitement le pays.

Dans les années 1990, une guerre interchrétienne oppose les partisans du général Michel Aoun aux Forces libanaises de Samir Geagea. L’enjeu de cette bataille est le contrôle des sous-réduits chrétiens. Ces affrontements génèrent plusieurs milliers de morts. Finalement, les deux principaux leaders chrétiens vivent une cuisante défaite. Michel Aoun se réfugie in extremis à l’ambassade de France pour ensuite s’envoler vers son exil en France. Samir Geagea est condamné à moisir dans sa prison souterraine.

Ce n’est qu’avec l’accord de Taëf de 1989-1990 que le Liban retrouve enfin la paix. Les diverses milices libanaises sont obligées de restituer une grande partie de leur armement à l’État libanais. Seul le Parti de Dieu est autorisé à garder ses armes sous le prétexte de combattre Israël. Il en profite donc pour renforcer considérablement sa puissance militaire. Sur le plan politique, l’accord affaiblit significativement les chrétiens en extirpant à la présidence de la République plusieurs de ses pouvoirs exécutifs.

Aujourd’hui, le Liban affronte une hydre bicéphale, en l’occurrence un pays profondément divisé idéologiquement avec, en prime, une caste politique obnubilée par la soif du pouvoir et corrompue jusqu’à la moelle. Incontestablement, le salut du pays nécessite du sang nouveau. Cependant, le changement prendra du temps car le chef politique libanais (le « zaïm ») utilise des rapports de séduction, de suggestion, de persuasion et de soumission pour aiguiser la flamme intérieure de ses adeptes. Il exploite de façon judicieuse la propagande de masse qui camoufle la vérité et diabolise l’opposant. En agissant ainsi, le « zaïm » fausse la perception du réel par le biais d’analyses biaisées et de jugements erronés. Ainsi hypnotisés, les partisans ne songent jamais à remettre en question les décisions du zaïm ni à lui imputer la responsabilité de ses flagrants échecs et délits. En effet, la manipulation mentale est une arme ultrapuissante qui permet au zaïm fourbe de perpétuer son emprise malveillante sur le pays.


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Dans la foulée de l’indépendance du Liban de la France, le fossé culturel et religieux qui divise la population libanaise est profond. De surcroît, les tensions intercommunautaires sont amplifiées par un conflit israélo-palestinien particulièrement bouillant. Les incidents de 1958 symbolisent ce clivage malsain au sein de la société libanaise. Une mini-guerre civile oppose...

commentaires (1)

Un bon résumé , synthétique et objectif

Serge Séroff

06 h 36, le 19 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Un bon résumé , synthétique et objectif

    Serge Séroff

    06 h 36, le 19 avril 2022

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